Emploi - Apprentissage : le Medef réclame une "task force" pour faire des propositions sous trois mois
En dépit de la réforme de la formation et du retour des aides, l'apprentissage poursuit sa décrue. Après avoir chuté de 8% en 2013 et de 3% en 2014, il est sur un rythme encore moins favorable sur les deux premiers mois de l'année : moins 14% par rapport à la même période l'année derrière. Une situation qui rend Pierre Gattaz, le président du Medef, "extrêmement inquiet". Ce dernier demande au gouvernement de créer une "task force" pour prendre des décisions rapides. Il s'agirait d'un "binôme" composé d'un chef d'entreprise et d'un député qui seraient amenés à faire des propositions dans un délai de trois mois, a suggéré Pierre Gattaz, lors d'une conférence de presse, mardi. Ce binôme serait rattaché au Premier ministre pour éviter la "dilution" de la compétence "apprentissage" entre "14 ministères".
Le gouvernement a maintes fois rappelé l'objectif présidentiel d'aboutir à 500.000 apprentis en 2017. Mais on en est loin : la métropole comptait 400.000 apprentis en 2014 contre 420.000 en 2013.
"Sur les deux dernières années, nous avons perdu pratiquement 60.000 apprentis", s'est alarmée Florence Poivey, chargée de la formation professionnelle pour le Medef. Les perspectives ne sont pas plus réjouissantes : 70% des chefs d'entreprise déclarent ne pas avoir l'intention d'embaucher d'apprentis dans les douze mois à venir, et 58% n'en ont pas accueilli depuis trois ans, d'après un sondage réalisé par Ipsos en mars 2015 pour le compte du Medef.
Le patronat remet en cause la réforme de la taxe d'apprentissage qui empêche les entreprises de financer les CFA avec la part "barème". De plus, cette réforme a fléché "200 millions d'euros supplémentaires vers les conseils régionaux, la plupart des budgets 'apprentissage' sont en baisse, et notamment les dépenses d'investissement", a indiqué Florence Poivey. Selon les décomptes du Medef, 16 régions présenteraient un budget apprentissage en baisse.