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Apprentissage : la crise fragilise le modèle économique des CFA

Les craintes sur l’impact de la crise sanitaire, puis économique sur les centres de formation des apprentis se confirment, révèle l’enquête coréalisée par la Fédération des directeurs des centres de formation d’apprentis et le cabinet Orcom. A une baisse d’environ 15% des effectifs en 2020 et de 10% des recettes s’ajoute une hausse probable des coûts.

Dans le cadre de sa journée d’information et d’échanges du 11 juin, la Fnadir (Fédération des directeurs des centres de formation d’apprentis) a présenté l’enquête coréalisée avec le cabinet d’expertise comptable Orcom sur la situation économique et financière des CFA à fin 2019 et les prévisions 2020 au regard de la crise sanitaire. Les résultats basés sur une cinquantaine de réponses traitées et alors que 123 sont en cours de saisies, confirment les craintes sur l’impact de la crise économique sur les CFA. Ainsi, les trois quarts des répondants, de façon assez homogène sur le territoire et les divers secteurs d’activité, estiment que la crise aura un impact sur leur effectif, qui ne sera que partiellement amorti par la hausse de 4% des effectifs de 2019.

A ce jour, le nombre moyen de ruptures s’élève à 11 contrats par CFA (soit 1,6% de l’effectif moyen), tandis que les pré-inscriptions reculent de – 20% à -30% au 15 mai 2020, à l’exception de l’Ile-de-France où elles progressent de 22%. Au global, les perspectives d’effectifs d’apprentis à fin 2020 seraient en retrait de 15% par rapport à ce qui était prévu dans les budgets prévisionnels de 2020, soit un effectif moyen de 694 apprentis par établissement contre 815 avant crise. 

Dégradation de la trésorerie de 32%

Dans ce contexte, la moitié des CFA redoute des pertes de ressources liées à la crise qui seraient de l’ordre de 10%, amplifiées par une augmentation des coûts de 2% selon les premières estimations. Au final, la perte ramenée à l’effectif moyen pourrait ressortir à 607 euros par apprenti. La trésorerie des CFA à ce jour serait préservée sous l’effet du paiement des contrats en stock par les OPCO - le niveau d’encaissement à fin avril atteignant 90% - , mais une dégradation de 32% est attendue à fin 2020 par rapport à fin 2019. Un constat inquiétant sachant que près du quart des CFA (23%) de l’échantillon étaient déficitaires à fin 2019, et même si un tiers d’entre eux sont à l’équilibre et 43% excédentaires, sachant que l’excédent provient de portage d’autres activités.

Par conséquent, plus de la moitié des CFA seraient contraints d’engager "une dynamique de remise en question" qui pourrait se traduire par des fermetures de sections, des abandons d’ouvertures de formations, voire des restructurations ou des reports de projets d’investissement. "L’inquiétude est palpable", reconnait Estelle Collet, associée au cabinet Orcom. A ce stade, la plus grande incertitude pèse sur l’évolution au cours du second semestre. Le modèle économique des CFA reposant depuis la réforme sur l’évolution des effectifs, tout l’enjeu est donc de continuer à en assurer la croissance. Reste à savoir si le plan de relance de l’apprentissage lancé par le gouvernement la semaine dernière sera bien en phase avec les attentes des entreprises et des autres acteurs dont les régions.  

 

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