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Education - "Ambition réussite" : la formule peine à convaincre

Le ministère de l'Education, qui peaufine sa réforme de l'éducation prioritaire, a établi une première liste de 164 collèges "ambition réussite" correspondant aux établissements les plus en difficulté. Cette liste fait débat, notamment quant au sort des ZEP qui seront à terme exclues du dispositif.

Une première liste de 164 collèges "ambition réussite" a été labellisée par le ministère de l'Education nationale, selon un document provisoire communiqué par le Snes, le principal syndicat des enseignants du second degré. Ce classement "ambition réussite", qui devrait au final concerner 200 à 250 collèges, constitue la tête de gondole de la refonte de l'éducation prioritaire annoncée le 13 décembre dernier par le ministre Gilles de Robien. Une réforme qui, par rapport au paysage actuel des zones d'éducation prioritaire (ZEP), entend renforcer la concentration des moyens au bénéfice des établissements les plus en difficulté, structurés en trois niveaux : EP1, EP2 et EP3. Les collèges "ambition réussite" - les plus en difficulté - correspondent au niveau EP1. Ils formeront, avec environ 1.000 écoles primaires de leur secteur, des "réseaux de réussite".
Selon la liste transmise par le Snes, l'académie de Lille compte le plus grand nombre de collèges concernés, avec 24 "ambition réussite", dont 5 à Roubaix. Marseille est quant à elle la ville qui en concentrera le plus : 18 établissements des quartiers nord devraient être labellisés. L'académie de Créteil en rassemblera 13, Amiens et Versailles 8, contre un seul à Paris, Rennes ou Dijon (voir la liste ci-contre).


Question de critères

Gilles de Robien a récemment rappelé que "1.000 enseignants expérimentés supplémentaires" y seront affectés dès la rentrée 2006, ainsi que 3.000 assistants pédagogiques et 300 infirmières. Les établissements feront l'objet d'une contractualisation avec l'inspecteur d'académie et auront la possibilité de mener des expérimentations. Les redoublements y seront supprimés et les meilleurs élèves pourraient déroger à la carte scolaire lorsqu'ils accèdent au lycée.
"Nous sommes étonnés par le choix, qui ne correspond pas toujours aux établissements les plus difficiles des secteurs selon les critères professionnels", a réagi le Snes, qui rappelle que 1.010 établissements du secondaire sont aujourd'hui classés "éducation prioritaire"... et décrit la réforme comme l'"arrêt de mort confirmé" des ZEP.
La liste a en fait été établie selon trois critères : les établissements doivent accueillir au moins 67% d'élèves de catégories socioprofessionnelles défavorisées, 10% d'élèves en retard de deux ans ou plus à l'entrée en sixième, et doivent afficher des scores aux évaluations à l'entrée en sixième inférieurs à 47%.


Sortie "progressive"

Laissés à la discrétion des recteurs, 56 établissements supplémentaires devraient bientôt venir s'ajouter à cette première liste. Ils devraient pour leur part être sélectionnés selon les taux de Rmistes et de chômeurs, d'élèves boursiers et d'élèves non-francophones. Leur répartition n'a pas été arrêtée et leur nombre pourrait augmenter.
Suite à l'annonce de la première liste de 164 collèges "ambition réussite", l'entourage du ministre de l'Education nationale a tenu à préciser certains chiffres : 876 collèges sont classés en ZEP, auxquels s'ajoutent 224 collèges si l'on tient compte des réseaux d'éducation prioritaire (REP). Et à rappeler qu'en marge des futurs collèges "ambition réussite", d'autres "ont vocation à demeurer dans l'éducation prioritaire et conserveront donc tous les moyens accordés à ce titre". Il s'agit en l'occurrence du niveau EP2. D'autres enfin (le niveau EP3), "ont vocation à sortir progressivement du champ de l'éducation prioritaire, mais en trois ans, et non à la rentrée 2006", selon des critères qui restent à définir.
Le ministère entendait ainsi démentir indirectement les propos du Snes qui affirmait que "près de 800 collèges, aujourd'hui classés ZEP, et qui sont dans leur quasi-totalité des établissements extrêmement difficiles, vont être exclus du dispositif et vont donc se voir privés des 10% de moyens supplémentaires dont ils bénéficiaient à ce titre". Pour l'heure toutefois, aucune indication précise n'a été fournie sur le nombre des établissements EP2 ni sur le calendrier des sorties "progressives".


C.M., avec AEF

 

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