Adaptation au changement climatique : les Hauts-de-France planifient autrement
Si la réduction des émissions de gaz à effet de serre est un objectif partagé, l'adaptation au changement climatique reste encore un enjeu travaillé à la marge, en périphérie des politiques climatiques et difficile à concrétiser dans les territoires. Les plus exposés sont souvent les plus réactifs : c'est le cas des Hauts-de-France où une cinquantaine d'organismes s'y essaient et épaulent les collectivités sous la houlette du CERDD, une structure de coopération unique en son genre.
La Nouvelle-Aquitaine n'est pas la seule à anticiper les conditions climatiques futures et à tenter d'adapter ses politiques locales aux effets du changement climatique (voir notre article en 2016). Lors d'une conférence organisée le 23 janvier dans le cadre des Assises européennes de la transition énergétique, la région Hauts-de-France a montré qu'elle en mesure l'ampleur, prépare le terrain et dépasse le stade des alertes et études pour engager des actions concrètes, évaluées, hiérarchisées et planifiées.
Pour beaucoup le premier plan national d'adaptation au changement climatique en 2011 - le second pour 2018-2022 vient d'être présenté - fut l'élément déclencheur : grâce au CERDD , le centre de ressources qu'elle a conjointement créé avec l'État, cette région n'a pas attendu ce déclic et pris une longueur d'avance. D'abord en acceptant sa vulnérabilité : selon l'observatoire du climat dont elle s'est dotée et qui produit de précieux indicateurs et ressources, "près de la moitié des communes y sont exposées à des risques météo-sensibles (inondations, coulées de boue, sécheresse)". Il a fallu aussi relever le défi de vulgariser et donner à comprendre l'adaptation, en sensibilisant notamment les élus, en l'incarnant localement et en la rattachant à des mesures concrètes. Et martelé chiffres à l'appui que l'adaptation reste le parent pauvre dans l'ensemble des actions mises en œuvre par les plans climat des collectivités (42 actions sur les 825 recensées à l'été 2018). C'est en s'appuyant sur des acteurs-clés et en impliquant plusieurs échelles de gouvernance que des stratégies d’adaptation commencent à émerger. Le CERDD anime ainsi depuis quatre ans un groupe de travail "multi-acteurs, décloisonné et fort de 36 structures publiques" qui diffuse sur son site des expériences, multiplie les formations et muscle la prise en compte de l'adaptation dans les politiques opérationnelles avec l'appui de l'Ademe.
Renforcer le volet adaptation des plans climat reste un enjeu dans l'air du temps. L'exemple du Grand Douaisis a été mis en avant le 23 janvier. L'élaboration de son PCAET a été confiée au syndicat mixte réunissant deux intercos et chargé de réviser son ScoT en faisant le lien entre l'aménagement du territoire et les enjeux liés à l’énergie-climat. Actions sur les eaux pluviales et la végétalisation dans ce territoire exposé au risque inondation, cultures adaptées à la hausse des températures , renforcement des logiques d’économie circulaire : la dynamique de l’adaptation infuse dans l'ensemble des travaux et prend pied dans les pistes d’actions. Des fondements robustes pour une vraie stratégie de planification territoriale de l'adaptation au changement climatique.