Achats de pesticides sur le territoire : Générations futures enrichit son outil cartographique

Avec de nouvelles fonctionnalités, dévoilées ce 25 février, Géophyto, l’outil cartographique développé par l’association Générations futures, qui s’est notamment étoffé de représentations graphiques, permet désormais de visualiser jusqu’à la maille du code postal les volumes de pesticides achetés.

Géophyto, l’outil développé par Générations futures, qui permet de visualiser les achats de pesticides sur le territoire, propose de nouvelles fonctionnalités, avec une recherche au code postal et des courbes d’évolution. Après une toute première version publiée mi-décembre 2024, s’appuyant sur les données extraites de la Banque nationale des ventes des distributeurs (BNV-D), l’ONG avait mis en ligne début janvier (voir notre article du 9 janvier 2025) une cartographie améliorée permettant de visualiser les volumes de substances actives achetées, à l’échelle du département, à partir de 2015 et jusqu’en 2022, ainsi que leur niveau de danger (CMR1 ou CMR2). 

Avec l’intégration de nouvelles fonctionnalités, et notamment une cartographie plus précise à l’échelle du code postal, Géophyto devient un outil "encore plus complet", se félicite Pauline Cerdan, toxicologue à Générations futures. Des graphiques permettent également de visualiser les 30 substances les plus achetées par zone géographique et par année et des courbes retracent l'évolution des quantités achetées par zone géographique et par substance (ou catégorie de substance) depuis 2015. De quoi observer "par extension" les effets des politiques publiques en matière de pesticides et les éventuels changements de pratiques agricoles, relève l’association. 

Pour un code postal sélectionné, il est ainsi désormais possible de voir la quantité achetée de l'ensemble des substances d'une catégorie ou de chaque substance individuelle (en kg ou en kg/ha). On y découvre aussi le rang du code postal dans le classement des acheteurs, avec par exemple, celui dans lequel le glyphosate ou le prosulfocarbe sont les plus achetés, et le top 5 des substances achetées par catégorie sélectionnée. Géophyto permet d’obtenir "une vision très fine de la situation locale". D'autant que "les deux outils sont complémentaires parce que l’on jongle de la carte au code postal, au graphique de tendance, pour avoir une vision à la fois précise au niveau géographique et dynamique dans le temps", note le porte-parole, François Veillerette. 

Des différences significatives au sein d’un même département

L’ONG en tire un premier constat : "Les achats peuvent être très hétérogènes au sein d’un même département." La carte au code postal met ainsi en évidence des différences souvent significatives dans les achats de pesticides entre les diverses zones d'un même département. Dans le Gard (30) - sixième département le plus acheteur de pesticides toutes substances confondues en 2022 -, un seul code postal (30800) concentre 23% des achats du département, illustre l’association. C’est d’ailleurs le premier code postal dans le classement des plus acheteurs (sur 6.141 codes postaux au total). Le top 5 des substances les plus achetées pour le code postal 30.800 montre toutefois que 4 des 5 substances les plus achetées sont des formes de soufre, utilisables en agriculture biologique (AB). Lorsqu’on filtre la recherche pour ne visualiser que les substances interdites en AB dans cette même zone, on s’aperçoit que le code postal 30.800 redescend à la 235e place. D’où l’importance de distinguer les achats de substances autorisées et interdites en AB, dont les effets ne sont en outre pas les mêmes sur la santé et les milieux. 

En Gironde (premier acheteur de pesticides), l'analyse au code postal montre que les achats sont très concentrés sur certaines zones viticoles, au nord et à l’est du département, et sur certaines substances (soufre, cuivre). Car comme dans le Gard, les substances autorisées en bio sont majoritaires et leurs achats augmentent. Et la Marne, deuxième département acheteur de pesticides, ne fait pas exception, avec une répartition là encore inégale des achats selon les codes postaux, marquée par une baisse sensible des achats des pesticides de synthèse entre 2015 et 2022 pour les deux codes postaux qui concentrent les achats du département. "Certains pesticides autorisés en AB (comme le soufre) sont achetés en grandes quantités, ce qui peut influer sur l'interprétation des données globales. Le fait de pouvoir rechercher de manière détaillée avec les données des graphiques et des courbes d’achats, permet d’affiner les interprétations à faire de ces données générales d’achat", relève Générations futures.

Un graphique d’évolution des achats depuis 2015 à nuancer

Pour les pesticides de synthèse, les chiffres au niveau de la France entière indiquent une légère diminution des achats sur la période 2015-2022, particulièrement marquée pour certains départements comme la Gironde. Toutefois, ces chiffres globaux "peuvent masquer des situations plus locales" montrant au contraire une stagnation (comme dans la Somme) voire une hausse des achats, et notamment dans les départements de grandes cultures (comme l’Eure-et-Loir). Avec la nouvelle fonctionnalité montrant les évolutions d’achats depuis 2015, on visualise aussi très bien l’augmentation marquée à l’échelle nationale pour certaines substances comme les pesticides PFAS ou encore le prosulfocarbe, un herbicide très volatile. Tandis que les achats de glyphosate diminuent très légèrement en moyenne triennale.

 

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis