Accueil des étudiants étrangers : un créneau pour les métropoles
Une étude de la Daect, en lien avec Régions de France, l’Avuf, France urbaine et Campus France, met en évidence le rôle croissant des métropoles dans l'accueil des étudiants étrangers. Un accueil qui se concentre sur quelques grands pôles territoriaux.
Les métropoles se saisissent de plus en plus de la question de l'accueil des étudiants étrangers sur leur territoire. C'est ce qui ressort de la deuxième édition de l'étude de l'Observatoire territorial de la mobilité internationale des étudiants et des chercheurs, récemment publiée. Ce document, piloté par la délégation pour l’Action extérieure des collectivités territoriales (Daect) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, a réuni pour la collecte des données et la rédaction Régions de France, l’Association des villes universitaires de France (Avuf), France urbaine et Campus France. Il porte sur des données consolidées de 2019, complétées par des entretiens et une collecte de données auprès des Régions de France en 2021. Eu égard au contexte sanitaire de ces deux dernières années, les auteurs précisent par ailleurs que "grâce à une politique constante d’ouverture des frontières aux étudiants étrangers en 2020 et 2021, et à une situation sanitaire maitrisée suite à une vaccination massive, l’attractivité de la France renoue d’ores et déjà avec l’avant-crise".
La France attire les doctorants
Ceci étant précisé, l'étude dresse d'abord un portrait mondial de l'accueil des étudiants étrangers : 5,6 millions d’étudiants étaient en mobilité diplômante en 2018, soit une hausse de 31% en cinq ans. Et la France occupait le sixième rang mondial, avec près de 230.000 étudiants étrangers, soit 4% du total, mais était seulement le neuvième pays de destination des étudiants européens en mobilité diplômante. En revanche, elle se plaçait troisième pour l’accueil des doctorants en mobilité derrière les États-Unis et le Royaume-Uni. En France, 11% des étudiants internationaux en mobilité diplômante préparent une thèse et 41% des doctorants à l’université française sont étrangers.
Plus globalement, on recense 370.052 étudiants étrangers en France si l'on regroupe les étudiants en mobilité internationale diplômante, une partie des étudiants en mobilité internationale d’échange et les étudiants de nationalité étrangère ayant obtenu un baccalauréat en France. C'est à partir de ce chiffre que l'essentiel des statistiques territoriales de l'étude est réalisé.
Un étudiant sur trois dans le Grand Paris
On note d'abord que plus d’un étudiant étranger sur deux (57%) est inscrit dans seulement trois régions : Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie. La croissance des effectifs diverge également : Provence-Alpes-Côte d'Azur et le Grand Est ont vu leurs effectifs d’étudiants étrangers progresser respectivement de 35% et 28% sur cinq ans, soit plus que la moyenne nationale (+23%). À l’inverse, la Normandie et la Bourgogne-Franche-Comté progressent plus lentement (+14%). On notera le cas atypique de la Normandie, où la forte progression dans l’académie de Caen (+39%) est contrebalancée par la situation de Rouen (+6%).
Si l'on met la focale sur les métropoles, on observe que 100.000 étudiants étrangers sont inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur du Grand Paris, soit 28% des étudiants étrangers en France, ce qui représente aussi 18% du total des étudiants de la métropole. La communauté d’agglomération Paris-Saclay, l’eurométropole de Strasbourg, Grenoble Alpes Métropole et la métropole de Nice Côte d’Azur affichent des taux égaux ou supérieurs. Les étudiants étrangers ne représentent en revanche que 8% des effectifs à Angers Loire Métropole et 10% à Nantes Métropole. Les dynamiques de hausse sont particulièrement marquées pour la communauté d’agglomération Paris-Saclay (+90% d’étudiants étrangers sur cinq ans), la communauté d’agglomération de Cergy- Pontoise (+53%), la métropole du Grand Nancy (+38%) et Bordeaux Métropole (+36%). Le Grand Poitiers, Angers Loire Métropole et Rennes Métropole voient leurs effectifs stagner ou légèrement augmenter sur la même période.
En termes de provenance, l'étude indique que le Maroc est le premier pays d’origine des étudiants en mobilité diplômante en France, avec 43.000 personnes, devant la Chine (30.000) et l’Algérie (29.000). L’Inde connaît la plus forte augmentation sur cinq ans (+139%).
Régions et métropoles complémentaires
Si les conseils régionaux, chefs de file en matière d'enseignement supérieur et de recherche (ESR), se sont beaucoup concentrés sur la mobilité sortante des étudiants, en proposant de nombreux dispositifs de bourses permettant à des étudiants français d’aller étudier dans un pays étranger, l’action des villes et des métropoles s'est portée prioritairement sur l’accueil des étudiants et des chercheurs internationaux, autrement dit, la mobilité entrante. Ce qui permet aux auteurs de l'étude de juger les actions des métropoles "complémentaire des dispositifs mis en place par les régions".
Dans 13 des 17 métropoles interrogées, la stratégie de la collectivité concernant l'ESR comprend cette dimension d'internationalisation. La plus ancienne, mise en place pour ce qui allait devenir la métropole de Rennes, date de 2013. Et dans huit métropoles, un vice-président chargé de l’université ou de l’enseignement supérieur a travaillé à la mise en place de la stratégie, presque toujours en lien avec la direction de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation de la métropole.
Les stratégies sont par ailleurs élaborées en concertation avec les acteurs locaux de l’enseignement supérieur, qu'il s'agisse d'établissements d’enseignement supérieur du territoire ou d’autres collectivités locales.
Renforcer l'attractivité
Parmi les atouts que les métropoles mettent en avant pour évaluer leur attractivité auprès des étudiants étrangers, la palme revient à la variété de l'offre de formation, devant la qualité de vie et la qualité de la recherche et des laboratoires. En revanche, les labels Bienvenue en France et I-site apparaissent en dernière position parmi les facteurs d'attractivité.
Côté freins, les métropoles déplorent les démarches à effectuer à l’arrivée (en particulier l’obtention de titres de séjour), la concurrence avec d’autres villes universitaires de la région ou à proximité, ainsi que la faible notoriété de la ville ou du territoire, l’absence de stratégie partagée par les acteurs locaux ou le manque de structure ou d’équipements pour l’accueil et l’hébergement..
Enfin, en termes de perspective d'action pour accroître leur attractivité à l'international, l'élaboration d'une campagne de communication et le développement d'infrastructures sont les réponses les plus fréquemment données par les métropoles, devant le renforcement de l'offre de formation.