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Accès à la fonction publique, lutte contre les discriminations : Emmanuel Macron veut promouvoir une diversité de "talents"

Pour renforcer l’ascenseur social vers la haute fonction publique, le président de la République a annoncé jeudi 11 février à Nantes la création de 1.000 places en "prépa talents" partout en France et de concours dédiés aux élèves de cette voie pour l’accès à cinq écoles, dont l’Ena et l’Inet. Un appel à manifestation d’intérêt est lancé en vue de désigner les établissements d’accueil de ces prépas. Emmanuel Macron doit par ailleurs lancer ce vendredi la plateforme "anti-discriminations" qui sera portée par le Défenseur des droits, avec l’objectif de faciliter la saisine des autorités, en particulier de la part des jeunes.

A Nantes ce 11 février 2021, le chef de l’État a annoncé des mesures visant à permettre à davantage de jeunes issus de milieux modestes d’accéder aux écoles de service public. Emmanuel Macron lancera par ailleurs ce vendredi 12 février la plateforme "anti-discriminations" évoquée lors de son interview au média Brut de décembre dernier (voir notre article), plateforme visant à renforcer les possibilités de saisine du Défenseur des droits et les réponses apportées aux faits signalés. Il s’agit là de deux étapes de l’agenda "égalité des chances" souhaité par Emmanuel Macron, dans la lignée des annonces de septembre dernier sur les Cordées de la réussite et les internats d’excellence (voir notre article) et du Comité interministériel des villes présidé fin janvier par le Premier ministre (voir notre article).   

Un maillage territorial prévu pour les 1.700 places en "prépa talents"  

"On a besoin de casser l’entre-soi, les corporatismes, on a besoin que cette nouvelle génération de fonctionnaires ressemble à la France", a expliqué Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, ce 11 février sur BFM TV. Pour lutter contre le phénomène d’"auto-censure" et lever les freins matériels que peuvent rencontrer certains jeunes, et suite à ce qu’avait indiqué la ministre en octobre (voir notre article), 1.000 nouvelles places seront créées à la rentrée 2021 pour permettre à de jeunes étudiants boursiers "méritants" – et représentatifs de la "diversité sociale et territoriale" de la France – de préparer les concours d’accès aux postes d’encadrement de la fonction publique. Avec les 700 places de ce type déjà existantes, ce sont donc 1.700 places en "prépa talents" qui fonctionneront "sur tout le territoire, intégrées soit à des écoles de service public, soit à des universités, à des instituts d’études politiques, ou à des CPAG [centres de préparation à l’administration générale] ou Ipag [Instituts de préparation à l’administration générale]", selon le dossier de presse diffusé ce jour. "On va étendre le maillage sur le territoire et la présence sur le territoire de ces prépas talents, avec au moins deux par région", a annoncé le chef de l’Etat, à l’Institut régional d’administration (IRA) de Nantes ce jeudi. Un appel à manifestation d’intérêt est lancé en vue de désigner les établissements d’accueil de ces prépas. Actuellement de 2.000 euros, la bourse dédiée aux étudiants de ce dispositif sera portée à 4.000 euros par an. Le tutorat destiné à soutenir ces élèves sera également renforcé.    

S’il n’est à ce jour plus question pour le président de la République de supprimer l’Ecole nationale d’administration (Ena), des concours spécifiques, les "concours talents", sont créés pour l’accès à cinq écoles d’administration : l’Ena, l’Institut national des études territoriales (l’Inet, formant les administrateurs territoriaux), l’Ecole des hautes études de santé publique (l’EHESP, avec le concours de directeur d’hôpital et celui de directeur d’établissement sanitaire, social et médico-social), l’Ecole nationale supérieure de la police (l’ENSP, concours de commissaire de police) et l’Ecole nationale de l’administration pénitentiaire (Enap). Pour chacune de ces écoles, 10 à 15% de places supplémentaires seront créées, par rapport au nombre de places actuellement ouvertes dans le cadre des concours externes. Cette nouvelle voie sera réservée aux élèves des "prépas talents", qui pourront également se présenter aux concours traditionnels pour maximiser leurs chances. Pour éviter toute forme de stigmatisation, "les listes des candidats admissibles et admis seront publiées sans distinguer la voie d’accès choisie".

Dans un communiqué de ce jour, l’association La Cordée œuvrant à davantage d’égalité des chances dans la fonction publique salue ces annonces, tout en appelant le gouvernement à "aller plus loin". Parmi les idées formulées : garantir aux étudiants de ces prépas talents une solution de logement et mener, en amont et "dans tous les territoires", une "action résolue de sensibilisation". L’Elysée précise que les mesures annoncées ce jour sont une "première étape" de la réforme de la haute fonction publique et que d’autres volets suivront – sorties des écoles, formation initiale et continue, carrières… -, notamment sur la base des recommandations du rapport Thiriez (voir notre article). 

Un guichet unique pour le signalement de tout type de discriminations 

Selon l’Elysée, la plateforme "anti-discriminations" sera par ailleurs lancée ce 12 février par le chef de l’Etat. Rattachée au Défenseur des droits, cette plateforme aura vocation à couvrir tous les critères de discrimination – sexe, âge, handicap, origine, lieu de résidence… – et tous les domaines – logement, emploi, etc. Pour capter un public large, notamment parmi les jeunes, de nouvelles modalités de signalement seront déployées. Parmi elles : un nouveau numéro unique, le 3928, et une application numérique avec un tchat permettant l’échange avec des juristes spécialisés, précise l’Elysée. Une première analyse de la situation permettra un renvoi vers le Défenseur des droits, pour une éventuelle médiation, ou vers des dispositifs du ministère de l’Intérieur tels que la plateforme "Arrêtons les violences" lancée en novembre 2018 pour des faits à caractère pénal. La plateforme aura ainsi vocation à devenir le guichet unique de signalement de tout type de discriminations. 

Pour répondre aux saisines adressées à cette nouvelle plateforme, six "écoutants" ont été recrutés et formés, tandis que dix juristes chargés de traiter les dossiers et cinq référents territoriaux sont en cours de recrutement, détaille encore l’Elysée. Les référents territoriaux devront faire le lien avec le réseau local de lutte contre les discriminations. La plateforme bénéficiera d’un budget de fonctionnement de 3,5 millions d’euros pour son année de lancement, ainsi que d’une campagne de communication.

 

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