12 recommandations pour favoriser l’intégration dans l’emploi des personnes réfugiées

A l’appel de la délégation interministérielle à l’accueil et à l’intégration des réfugiés, la Plateforme RSE (France Stratégie) a rendu le 11 septembre dernier un rapport proposant des pistes pour favoriser l’intégration professionnelle des personnes réfugiées.

Les personnes réfugiées, dont le statut autorise qu’elles exercent un emploi sur le sol français, sont un vivier de compétences qui pourrait, en partie, permettre de répondre à la pénurie de main-d’œuvre observée dans certains métiers en tension. Voilà en substance, la ligne directrice du rapport publié par la Plateforme RSE, rattachée à France Stratégie. Le rapport identifie ainsi les freins à l’entrée dans la vie active des quelque 540.000 réfugiés accueillis en France dont près de 40% restent sans emploi trois ans après leur entrée sur le territoire. Le délégué interministériel chargé de l'accueil et de l'intégration des réfugiés Alain Regnier le reconnaît, le contexte ne favorise pas une bonne appréhension de la situation : "l’immigration est un sujet porteur de nombreuses tensions dans la société française" où la question du droit d’asile se confond trop souvent avec celle de l’immigration. Ces réfugiés, rappelle-t-il, sont deux fois plus nombreux qu’il y a dix ans ; l’effet croisé d’une population mondiale en croissance constante et d’une situation géopolitique qui pousse beaucoup à quitter leur pays. "On estime actuellement que 15% des 8 milliards d’habitants sur terre vont bouger au XXIe siècle", explique-t-il. Dans ces conditions, la France est et doit rester, selon lui, "terre d’accueil".

Pour ceux que la France accueille, "la question de l’emploi est essentielle dans le processus d’intégration". Avec comme première difficulté un changement profond de la nature même de ces mouvements de population qui fait que de moins en moins de réfugiés sont francophones. Un défi de taille pour construire des politiques publiques efficaces en la matière, relève le délégué interministériel. En 2022, rappelle la co-rapporteur Odile Menneteau, on dénombrait 547.102 personnes réfugiées en France avec une très forte concentration en Ile-de-France, "le poumon économique hexagonal". Des personnes qui occupent essentiellement des emplois précaires notamment dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration ou encore du bâtiment. Un vivier globalement "sous-utilisé" composé en grande partie d’hommes.

"Méconnaissance du statut de réfugié"

Pierre-Yves Chanu (observatoire de la RSE) pointe parmi les difficultés d’accès au marché de l’emploi le fait qu’une fois obtenu le statut de réfugié, les bénéficiaires doivent patienter 6 mois avant de pouvoir postuler pour un premier emploi avec de surcroît "une procédure complexe" à affronter. Au final, au bout d’un an, ils sont moins de 50% à être en emploi et le plus souvent dans des emplois précaires. En parallèle, les personnes réfugiées cumulent des difficultés de logement accrues dans un contexte de crise du logement généralisée sur tout le territoire. Pour y remédier, des programmes d’intégration existent "mais sont trop limités en nombre de places" accessibles. Enfin, "la méconnaissance du statut de réfugié" déteint sur les procédures de recrutement qui excluent de fait des personnes disposant de "CV qui ne sont pas dans les standards".

S’appuyer davantage sur les CTAIR

Quels sont dans ces conditions les leviers identifiés pour remédier à cette situation ? La commission à l’origine de cette étude propose d’agir sur plusieurs fronts. Le premier concerne l’évaluation par le gouvernement du programme Agir (Accompagnement global et individualisé des réfugiés) ainsi qu’une meilleure prise en compte par les entreprises "des bonnes pratiques en ce domaine" dans leurs politiques RSE. Le rapport recommande par exemple le développement des clauses sociales d’insertion dans les marchés publics. Il est également question de proposer des formations linguistiques adaptées "à visée professionnelle" tout en faisant évoluer les processus de recrutement afin de "déconstruire les stéréotypes". La commission en appelle également à la mobilisation des fédérations professionnelles dans l’accompagnement des TPE/PME ainsi qu’au niveau des branches. Enfin, elle préconise de s’appuyer sur les contrats territoriaux d’accueil et d’intégration des réfugiés (CTAIR) pour favoriser justement la dynamique de l’intégration.

 

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