Création d'entreprise - 10.900 sociétés créées grâce aux plateformes d'initiative locale
Les plateformes d'initiative locale (Pfil), encore peu connues du grand public, se sont imposées au fil des ans comme l'un des dispositifs-clés de l'aide à la création d'entreprise en France. Regroupées au sein du réseau France initiative, elles ont accueilli 45.000 projets en 2005, dont 10.900 ont vu le jour grâce à l'accompagnement personnalisé et à l'aide financière proposée par ces petites structures composées essentiellement de bénévoles. Les 236 plateformes disséminées à travers le territoire ont ainsi permis de créer 23.600 emplois. 64% des porteurs de projets sont des chômeurs. Les dossiers retenus bénéficient le plus souvent de prêts d'honneur, c'est-à-dire d'une avance sans intérêts ni garantie de remboursement. "Le réseau est désormais parvenu à maturité", a estimé le sénateur du Cantal, Roger Besse, lors de la présentation de son rapport d'information le 13 mars. Selon lui, le dispositif apporte plus de résultats que la prime d'aménagement du territoire.
Ce coup de pouce au démarrage est un gage de crédibilité pour les entrepreneurs lorsqu'ils se présentent devant les banques : pour un euro consenti sous forme de prêt d'honneur, 6,8 euros de prêts bancaire ont été obtenus. Autre bonne surprise : le taux de survie des entreprises soutenues atteint 84%, soit 20% de plus que la moyenne nationale.
80% du territoire couvert
Pour le sénateur du Cantal, c'est le signe de la qualité de l'accompagnement et des parrainages. "Nous avons rencontré des gens très bien organisés, sérieux, rigoureux et très professionnels. Ce sont de vrais militants d'une forme de vie associative qui passe par la base", a-t-il insisté.
Aujourd'hui, les Pfil couvrent environ 80% du territoire, leur nombre est en expansion, mais le réseau comporte encore quelques lacunes, souligne le rapporteur : trois des quatre départements de la Bourgogne (la Côte-d'Or, la Saône-et-Loire et l'Yonne) et le Territoire de Belfort sont encore dépourvus de Pfil. Par ailleurs, dans les départements où les plateformes ont un périmètre calqué sur les EPCI, des zones blanches subsistent dans les communes non-membres de ces groupements. Le rapport préconise une homogénéisation, d'autant que si elles répondent à une charte d'éthique commune, les Pfil prennent des formes très variées : 79% sont adossées à d'autres structures (collectivités, chambres consulaires, comités d'expansion, etc.). Pour Roger Besse, il faut poursuivre l'effort de "rationalisation territoriale du réseau", avec une coordination au niveau régional. Autre recommandation : harmoniser les différents statuts des personnels salariés.
Les entreprises soutenues affichent elles aussi une grande diversité. Un tiers d'entre elles relèvent des services aux personnes et bénéficient sans doute du plein essor de ce secteur. Viennent ensuite les commerces (29%), les services aux entreprises (13%), la construction (14%) et l'industrie (7%).
24% des fonds de prêts d'honneur non utilisés
Les Pfil s'orientent de plus en plus vers les projets d'innovation. Une initiative a ainsi été lancée en 2001 par quatre plateformes (Aquitaine amorçage, Auvergne technologie innovation et initiative, Scientipôle initiative en Ile-de-France et Créalia en Languedoc Roussillon) pour soutenir les jeunes entreprises innovantes. Mobilisant des experts de haut niveau, ces plateformes s'intéressent aux initiatives technologiques, managériales, commerciales et financières. Un exemple qui pourrait être suivi. La création récente de France initiative technologies permettra de regrouper les actions les plus intéressantes dans ce domaine. Un point sur lequel le réseau pèche un peu, estime le sénateur : "Ces initiatives particulières pourraient faire l'objet d'une publicité plus systématique en vue de généralisations éventuelles."
Enfin, dernier point soulevé par le rapport, la question du financement. Sur les 163 millions d'euros de fonds de prêts d'honneur collectés par les plateformes depuis leur origine, provenant essentiellement des collectivités et de la Caisse des Dépôts, tout n'a pu être engagé, faute de personnel suffisant pour pouvoir suivre tous les dossiers. Selon France initiative, la part de fonds utilisés représente 76% du total (et non 43% comme l'indique le rapport). Les Pfil disposent donc d'une manne mise en réserve. Roger Besse préconise de systématiser le recours à des conventions entre les collectivités ou les services publics locaux et les Pfil pour pouvoir mettre des agents à disposition. "Dans les structures locales telles que les pays, il y a un gisement de personnels faciles à mobiliser."
Michel Tendil