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1 milliard d'euros pour les quartiers populaires : les maires restent mobilisés

Pour les maires signataires de "l'appel du 14 novembre", l'engagement du Premier ministre de consacrer 1% du plan de relance aux quartiers populaires doit être inscrit dans la loi de finances pour 2021. Reprises en partie par le Sénat, les mesures proposées ont trait à l'éducation, la rénovation urbaine, l'emploi, le sport ou encore la santé. Les élus appellent à une mobilisation le 17 décembre 2020 devant l'Assemblée nationale et annoncent qu'un premier conseil national des solutions se tiendra à Roubaix mi-février ou début mars. Alors que la tenue fin janvier 2021 d'un comité interministériel à la ville, ainsi que la mise en place de conseils territoriaux du plan de relance, leur ont été annoncées, les maires de banlieue attendent des gages de confiance de la part du gouvernement.  

Suite à l'engagement du Premier ministre de consacrer 1% du plan de relance, soit 1 milliard d'euros, aux quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV, voir notre article du 23 novembre 2020), les maires porteurs de "l'appel du 14 novembre" avaient annoncé que leur mobilisation serait suivie dans le temps. Avec une première étape importante : la traduction de ces annonces dans la loi de finances pour 2021. Depuis le 23 novembre 2020, les élus se sont donc employés à "répondre aux sollicitations" pour défendre leurs revendications auprès des différents membres du gouvernement concernés, de l'Élysée, des parlementaires, des présidents des agences nationales de la cohésion des territoires, du sport, de la rénovation urbaine et du haut-commissaire à l'emploi et à l'engagement des entreprises.

"Cet engagement est à la hauteur de la déception que nous ressentons aujourd'hui de n'avoir été que très insuffisamment entendus, et c'est un doux euphémisme, au regard de l'urgence vécue dans nos quartiers", a exprimé Thierry Falconnet, maire de Chenôve (Côte-d'Or) et président de l'association Ville et Banlieue, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue en visioconférence le 14 décembre. "On nous a dit en substance 'le milliard vous l'avez déjà', à travers les mesures qui sont prises en faveur du logement, des associations, et ainsi de suite", a-t-il précisé. Or, il y a selon lui une "urgence" dans les QPV, "des difficultés immédiates, auxquelles il faut répondre le plus vite possible".

"Le Sénat a vraiment montré la voie"

Au cours de ce marathon institutionnel, c'est le Sénat qui aurait réservé le meilleur accueil à ce diagnostic d'urgence et aux propositions des élus. Suite à un entretien avec le président du Sénat et plusieurs sénateurs, la commission des affaires économiques de la chambre haute a ainsi appelé le 24 novembre à "débloquer 500 millions d'euros dès 2021 au profit des quartiers populaires". Avec un fléchage clair qui intégrait notamment un fonds de 200 millions d'euros pour les communes ayant des QPV (pour financer 3.500 emplois de médiation, un fonds d'amorçage de projets et des aides d'urgences Covid), 80 millions d'euros pour créer 20.000 parcours emploi compétences (PEC) pour les jeunes des QPV, la création de 80 cités de l'emploi supplémentaires, un financement de l'État en faveur du nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU), une hausse de 150% du fonds dédié à la santé ou encore une hausse de 50% des crédits de la réussite éducative. "Le Sénat a vraiment montré la voie", a estimé Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). Toutefois, si les propositions relatives à la réussite éducative, aux cités éducatives (création de 40 nouvelles) et à la santé ont été retenues, "les autres ont reçu un avis négatif du gouvernement", a-t-elle déploré. 

Rénovation urbaine : ne pas s'arrêter "à la moitié du chemin"

Les maires insistent notamment sur trois domaines. D'abord, ils demandent à l'État de renforcer son soutien dans les crédits de l'Anru, dans la mesure où le programme de rénovation urbaine concerne désormais aussi les équipements publics. "Nous avons tous besoin de rénover nos écoles, nos équipements sportifs", a insisté Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin (Rhône). Si l'on s'arrête à "la moitié du chemin" selon elle, "on dira de nouveau que la politique de la ville ne permet pas d'améliorer l'attractivité des territoires, [alors qu'] on ne traite jamais les choses que partiellement", a-t-elle lancé, en référence au dernier rapport de la Cour des comptes sur le sujet (voir notre article du 3 décembre 2020). L'ancienne secrétaire d'État à la Ville appelle à "préparer la clause de revoyure" en prévoyant de financer dès maintenant les "compléments" à la programmation portés par les territoires, pour ne pas devoir "arrêter la machine Anru" en cours de route.

Autre sujet : le soutien aux associations sportives dans les quartiers – un amendement prévoyant 10 millions d'euros a été adopté par le Sénat – et à l'insertion par le sport. "Ces éducateurs sont parfois les derniers remparts face à des jeunes qui sont en dehors de tous les radars", a appuyé Benoît Jimenez, maire de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise). Avec la baisse du nombre d'adhérents d'associations mises en grande difficulté par la crise sanitaire, c'est selon lui "une digue républicaine qui est en train de sauter". Un "grenelle de l'insertion par le sport" sera organisé le 1er février prochain dans sa ville (voir notre article du 3 décembre 2020). 

Enfin, sur l'éducation, les élus demandent "que le rythme soit accéléré" sur le déploiement des cités éducatives, a rapporté Gilles Leproust, maire d'Allonnes (Sarthe). Concernant l'éducation prioritaire, bien que rassurés par la secrétaire d'État Nathalie Élimas (voir notre article du 2 décembre 2020), ils souhaitent des engagements "inscrits noir sur blanc" sur le fait "que les REP ne seront pas remis en cause à la rentrée scolaire 2022-2023", a complété le secrétaire général de l'association Ville et Banlieue.

Une mobilisation devant l'Assemblée nationale le 17 novembre

Espérant encore influencer le vote des députés, une partie des 200 maires signataires de "l'appel du 14 novembre", ainsi que des responsables associatifs présents dans les QPV, se donnent rendez-vous le 17 novembre devant l'Assemblée nationale, jour du vote de la loi de finances. Pour la suite, les maires porte-parole du mouvement se sont vu annoncer la tenue fin janvier d'un Comité interministériel à la ville, qui serait le premier du quinquennat, ainsi que la mise en place de conseils territoriaux du plan de relance politique de la ville au niveau départemental. "Voilà deux éléments que l'on juge intéressants, qui ne sont pas une fin en soi, c'est la raison pour laquelle nous continuons, parce que la co-construction est un peu difficile", a précisé Philippe Rio, maire de Grigny. 

Les maires veulent continuer à se faire entendre, en particulier avec Ie "conseil national des solutions" qu'ils entendent réunir régulièrement. Initialement prévue pour ce 14 décembre, la première réunion de ce conseil est reportée, du fait notamment du contexte sanitaire. Le 15 février ou le 1er mars prochain à Roubaix, sous le parrainage de Jean-Louis Borloo, il s'agira de "diffuser au plus vite" dans les territoires les solutions locales qui ont fait leurs preuves et de "dire au gouvernement que la coproduction est nécessaire pour notre pays", a présenté Guillaume Delbar, maire de Roubaix (Nord). Les associations de terrain devraient être largement associées. Les éditions suivantes pourraient ensuite avoir lieu à Paris et à Grigny, peut-être en octobre 2021 pour cette dernière, quatre ans après l'appel de Grigny (voir notre article du 17 octobre 2017) qui constitue l'héritage à la fois proche et lointain du mouvement actuel. D'ici là, le maire de la ville emblématique des quartiers populaires espère que les députés adopteront "ces avancées petites mais très symboliques", comme un "acte d'unité nationale" et de "confiance".    

 

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