Volet forestier du plan de relance : l'association Canopée dénonce des "dérives" auprès de la Commission européenne
Dans une lettre de manquement adressée ce 5 mai à la Commission européenne, l'association Canopée dénonce les "dérives" du volet forestier du plan de relance vis-à-vis des objectifs européens de préservation de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique, alors que l'Union européenne finance 40% du plan. "Derrière la symbolique de la plantation d’arbres, le gouvernement s’est en réalité lancé dans une vaste opération de soutien aux coupes rases et à l’enrésinement de nos forêts", pointe Bruno Doucet, chargé de campagnes, dans un communiqué. Pour l'association, la promesse d’Emmanuel Macron de planter "deux arbres par Français", soit 140 millions d’arbres, pourrait conduire à la destruction de 45.000 hectares de forêts en bonne santé si ces plantations sont réalisées dans les mêmes conditions que le plan de relance.
Dans un bilan du volet forestier du plan daté de mars dernier, Canopée jugeait en effet que les financements accordés au secteur forestier pour planter une première tranche de 50 millions d’arbres ont déjà eu de "nombreux impacts néfastes". 42% des projets financés fin 2021 portent sur des projets dans des forêts en bonne santé et 87% des opérations sont des coupes rases qui fragilisent les écosystèmes et entraînent un déstockage immédiat de carbone, souligne-t-elle. De plus, "aucune étude d’impact environnemental n’a été réalisée, notamment en zone Natura 2000 qui concentre 25% des projets" et "les plantations réalisées sont essentiellement constituées de monoculture ou sont très faiblement diversifiées". Avec un peu plus de 6.000 hectares, le douglas est l’arbre le plus planté alors qu'il n’est pas particulièrement bien adapté au changement climatique, regrette Canopée.
Alors que la France s’est également engagée auprès de la Commission européenne à intégrer des critères relatifs à la biodiversité dans les plans de gestion forestière d’ici à 2021, l'association juge également cet engagement "non respecté" et même "délibérément écarté par le gouvernement" dans le cadre de la révision en cours des règles encadrant la gestion en forêt privée.
Canopée demande donc à la Commission européenne de suspendre ses soutiens à la France "tant que le gouvernement n’aura pas intégré de solides critères environnementaux dans sa politique forestière".