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Politique de la ville - Ville Vie Vacances : un programme à recentrer ?

L'appel à projets du programme Ville Vie Vacances a été lancé cette année avec une enveloppe de 10 millions d'euros à la clé. Près de trente ans après la création du dispositif, une étude de l'Acsé dresse un état des lieux de ce programme à la recherche d'une véritable identité.

Conçu au début des années 80, le programme Ville Vie Vacances (VVV) devait permettre aux jeunes de 11 à 18 ans en difficulté et faiblement insérés de bénéficier d'un accès aux activités culturelles, sportives et de loisirs pendant les vacances scolaires. Trente ans après, le programme a progressivement évolué d'une offre de projets de loisirs à la mise en oeuvre de projets à vocation plus éducative autour de deux priorités nationales : la prévention de la délinquance et l'insertion sociale. Un dispositif d'envergure qui profite aujourd'hui à plus de 800.000 jeunes par an sur l'ensemble du territoire et mobilise, en 2009, 10 millions d'euros qui financeront 13.500 projets.

 

Les priorités du programme

Dans l'avis d'appel à projets 2009, les publics visés demeurent les jeunes entre 11 et 18 ans en difficulté (sociale, scolaire, économique) qui ne côtoient pas les centres socioculturels. Cependant, la priorité de 2009 va aux publics les plus âgés et les plus en difficulté faisant l'objet d'un suivi (par la prévention spécialisée, la protection judiciaire de la jeunesse...) et à la nécessaire implication des jeunes filles (largement minoritaires dans les programmes) afin d'améliorer les relations filles-garçons dans les quartiers. Les jeunes concernés résident sur les territoires dotés d'un contrat urbain de cohésion sociale (Cucs) et, par extension, sur les communes dotées d'un contrat local de sécurité ou d'un conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance.
Les projets sont financés par des crédits de l'Etat, des collectivités locales, des caisses d'allocations familiales, des associations, des conseils généraux, avec une participation des familles. Cette année, priorité est donnée aux animations de quartier originales et attractives ainsi qu'aux chantiers éducatifs et aux projets culturels de qualité (séjours à l'étranger...). Le but est de privilégier le mélange et la rencontre des publics en respectant les objectifs de l'appel à projets : favoriser l'éducation à la citoyenneté et impérativement impliquer une participation des jeunes à chaque étape en les responsabilisant tout en favorisant leur épanouissement personnel.
Une étude publiée par l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé) met en évidence les possibilités mais aussi toute la complexité du programme VVV quant à l'application sur le terrain des orientations nationales, à savoir la prévention de la délinquance, l'insertion sociale, la mixité sociale et l'implication des filles (avec un objectif de participation 40%). Les onze expériences étudiées (au sein des départements de la Gironde, de l'Hérault, de la Moselle et de la Seine-Saint-Denis) vont d'un chantier d'initiation à la maçonnerie à un important projet d'activités sportives en passant par une mise en situation professionnelle rémunérée ou un projet de resocialisation de détenus d'une maison d'arrêt... Et interrogent le paradoxe de certaines des priorités : comment faire de la prévention lorsque le public ciblé est déjà suivi ? Comment favoriser l'intégration des filles lorsque les groupes accueillent des publics endurcis ? Comment lutter contre l'exclusion alors que de nombreuses communes hors zone urbaine sensible cumulent à la fois des problèmes de délinquance et des déficits de l'offre de loisirs ? 

 

La quête identitaire

De fait, les opérations VVV sont souvent éloignées des directives de l'appel à projets. Le public peut être élargi (certains projets concernent les 5-25 ans) et les filles sont encore en minorité dans les programmes (34% en Moselle, 32% en Gironde, 20,9% dans l'Hérault... et même un pourcentage quasi nul de 2,7% en Seine-Saint-Denis). Certains programmes peinent à trouver une fenêtre "insertion professionnelle" (35 projets pour l'ensemble des quatre départements), peu d'activités "civiques et citoyennes" sont développées (42), peu "d'actions de prévention / sécurité routière" (32), alors qu'il s'agit bien des priorités nationales du programme. A contrario, les projets animation de quartier (201 recensés sur les quatre départements), expressions artistiques et culturelles (188), activités physiques et sportives (225), séjours extérieurs (212) ont la part belle. Les vacances l'emportent parfois sur l'éducatif, que ce soit pour les parents qui n'attendent pas du programme un rendement éducatif mais un accès à des actions de qualité et coûteuses ou pour les jeunes qui voient surtout en VVV l'occasion de "partir en vacances comme les autres".
Chaque département affiche une structure particulière de son tissu associatif, un nombre varié de centres sociaux, des services municipaux plus ou moins engagés dans le processus... et décline par conséquent là encore une approche spécifique du programme. Certains relaient au plus près des actions d'animation, misent sur de nombreux projets sportifs quand d'autres privilégient les séjours extérieurs, encouragent l'éloignement du cercle de vie habituel. Des départements mobiliseront des financements conséquents pour aider un nombre limité d'opérateurs engagés sur des actions ambitieuses quand d'autres privilégieront un saupoudrage permettant à un plus grand nombre de projets de voir le jour.
Pour autant, l'étude ne cède pas au pessimisme et insiste sur le potentiel des programmes, leur raison d'être, l'importance du secteur associatif qui contribue au bon repérage des publics en difficulté, le travail des bénévoles et des encadrants (diplômés dans les domaines de l'animation), la motivation des acteurs malgré une conjoncture difficile, des financements en baisse (l'Etat investissait 5 millions d'euros de plus dans ces programmes il y a 3 ans), de belles réussites de projets parfois reconduits depuis neuf ans (en Seine-Saint-Denis par exemple). Certes, comme le souligne l'étude de l'Acsé, ces quatre départements ne sont qu'un échantillon mais ils sont un indicateur important de ce que peuvent devenir en pratique des théories et montrent l'importance de s'interroger sur le projet politique lui-même. Au-delà d'une remise à plat du public visé, de la capacité du programme à remplir une vocation éducative, des éléments d'analyse, des axes de réformes, des propositions et des suggestions sont apportés en fin d'étude.
L'étude conclut par un schéma qui repense la gouvernance du programme, le partenariat national et local, la place et le positionnement des différents partenaires du dispositif (l'Etat, l'Acsé, les départements, les communes, les porteurs de projets), afin d'éviter que Ville Vie Vacances ne devienne, comme le souligne l'étude, qu'"une procédure administrée avec rigueur mais sans ambition ni volonté particulières".

 

Sandrine Toussaint

 

Un fonctionnement pyramidal

Le dispositif répond à un fonctionnement assez simple : l'Etat, d'une part, qui mobilise les crédits autour d'orientations nationales (transmises dans une circulaire que la Délégation interministérielle à la ville adresse chaque année aux préfets), des cellules départementales d'autre part (composées des représentants des services déconcentrés de la Jeunesse et des Sports, des Affaires sanitaires et sociales, de la Protection de la jeunesse). Ces cellules prennent acte des orientations, les relaient dans le cadre d'appels à projets lancés auprès des communes et des associations, appuient les opérateurs, instruisent les dossiers de propositions d'activités et sélectionnent les projets. Enfin, au troisième niveau, des acteurs de terrain qui mettent en oeuvre les actions. Quant au suivi opérationnel du programme, il est assuré par l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé), créée par la loi pour l'égalité des chances du 31 mars 2006, chargée de gérer l'essentiel des crédits consacrés par l'Etat à la politique de la ville.

 

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