Transports publics - Veolia Transport et Transdev en route pour la fusion
La Caisse des Dépôts a annoncé le 22 juillet qu'elle avait décidé d'"entrer en négociations privilégiées" avec Veolia Environnement en vue d'un rapprochement entre sa filiale Transdev et Veolia Transport. L'idée de ce projet est de "créer une nouvelle entreprise, détenue à parité, qui constituera un leader mondial du transport public de voyageurs et pourra offrir le meilleur service aux collectivités territoriales", ont indiqué la Caisse des Dépôts et Veolia Environnement dans un communiqué. Les deux entités réunies pèseraient 8,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploieraient 130.000 personnes. Cette alliance reste suspendue à "la conclusion d'un accord définitif, lui-même conditionné à l'accord des autorités réglementaires", précise le communiqué. L'opération a aussi besoin du feu vert de la RATP, qui doit céder sa part de 25,6% dans Transdev, en échange d'actifs des deux opérateurs.
Si les négociations aboutissent comme prévu d'ici début 2010, la future entreprise sera détenue à 50% par la Caisse des Dépôts, qui compte aujourd'hui 69,6% de Transdev, et à 50% par Veolia Environnement, maison-mère de Veolia Transport. Une introduction ultérieure en Bourse est également envisagée.
Le comité d'investissements de la Caisse des Dépôts, réuni mardi, a donné un avis favorable à ce rapprochement. Le président de la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts, le député Michel Bouvard, penchait à l'origine pour un rapprochement de Transdev avec Keolis, filiale de la SNCF. Mais il s'est rallié à l'offre de Veolia après des "concessions majeures" faites par le groupe de services. Veolia a notamment renoncé à être majoritaire dans le capital de la nouvelle entité. Selon des informations parues dans la presse, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a pesé de tout son poids pour faire pencher la balance en faveur du groupe dirigé par Henri Proglio. Chez Veolia, on fait cependant valoir que "c'est un beau projet industriel, et pas une question politique". Un porte-parole a mis en avant "la complémentarité géographique" des deux opérateurs : outre la France, Veolia est ainsi très présent en Allemagne, et Transdev aux Pays-Bas.
La fusion entre Veolia Transport et Transdev se fera sans sortie de cash : "La parité serait atteinte, après analyse et évaluation des deux entreprises, par ajustement des structures financières", selon la Caisse des Dépôts. Mais ces parités seront difficiles à trouver dans la mesure où Veolia pèse trois fois plus que Transdev, avec un chiffre d'affaires de 6,059 milliards d'euros (contre 2,27 milliards d'euros). Autre casse-tête, la dette de Veolia : Michel Bouvard a ainsi promis d'être "vigilant" sur "l'endettement de Veolia Transport, qui est beaucoup plus important que celui de Transdev".
Le Groupement des autorités responsables de transports (Gart) a réagi à ce projet de fusion en mettant en avant le risque de diminution de concurrence. Il craint aussi des répercussions sur le coût du transport collectif supporté par les autorités organisatrices. Il rappelle qu'en 2005, le Conseil de la concurrence avait sanctionné Keolis, Connex (devenue Veolia Transport) et Transdev pour s'être concertées, entre 1996 et 1998, au niveau national, en vue de se répartir les marchés des transports publics urbains de voyageurs. Depuis, souligne le Gart, "la concurrence a souvent été rude lors des appels d'offres de quelques grands réseaux (Lyon, Bordeaux...) mais c'est l'arbre qui cache la forêt. En effet, les autorités organisatrices se plaignent de ne recevoir, le plus souvent, qu'une seule réponse, celle de l'exploitant en place, à leurs appels d'offres". A l'heure où les autorités organisatrices développent leurs réseaux pour répondre aux objectifs du Grenelle de l'environnement et alors qu'elles redoutent une baisse du produit du versement transport à cause de la montée du chômage, le Gart entend être "très attentif à ce que les conditions de la libre concurrence soient conservées, dans l'intérêt des contribuables et des usagers".
Anne Lenormand avec AFP
Deux grands acteurs du transport urbain
Veolia Transport et Transdev sont deux acteurs majeurs des transports urbains en France et à l'international.
Implanté dans 28 pays, Veolia Transport exploite différents types de transports de voyageurs. Il gère des lignes d'autocars (plus de 10.000 véhicules dans le monde), d'autobus urbains (près de 20.000, notamment aux Etats-Unis) ainsi que des réseaux de voitures partagées, via sa filiale Proxiway (une centaine de véhicules en partage à Paris, La Rochelle et Narbonne). Il exploite également treize réseaux de tramways (Nice, Nancy, Hong-Kong ou encore la future extension du tramway de Houston) et 113 kilomètres de lignes de métro. Il vient notamment de démarrer l'exploitation d'une ligne de métro à Séoul et a remporté fin 2008 un contrat d'exploitation à Bombay.
Transdev est pour sa part le quatrième opérateur privé de transport public en Europe, spécialisé dans le transport urbain et régional de voyageurs. Présent dans neuf pays, il exploite actuellement douze réseaux de tramway, dont ceux de Grenoble, Montpellier, Strasbourg et Nantes en France, et à l'étranger ceux de Madrid, Nottingham, Utrecht et Melbourne. Deux réseaux sont également en construction à Edimbourg et Reims. Il gère aussi deux métros, à Porto et Gênes, ainsi qu'un parc de 16.000 autocars et autobus, 30 trains, 110 trolleys, 50 navettes fluviales et 4.000 véhicules de transports à la demande dans le monde.
A.L. avec AFP