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Vaccination : entre élargissement officiel et initiatives locales à géométrie variable

Olivier Véran a justifié ce mardi 4 mai l'ouverture des injections à tous les adultes sur simple déclaration d'une maladie chronique, sans prescription médicale. Dans le même temps, le gouvernement continue toutefois d'appeler à privilégier les publics prioritaires, sachant que les initiatives dérogeant aux seuils d'âge officiels se multiplient. L'Association des petites villes appelle l'Etat à "faire preuve de pragmatisme et de souplesse". Car pas question que les communes "se mettent hors-la-loi en accueillant tous les volontaires".

Olivier Véran a justifié ce mardi 4 mai l'ouverture aux injections pour tous les adultes sur simple déclaration d'une maladie chronique. "On a fait le choix du bon sens", a répondu le ministre sur Europe 1, interrogé sur une volonté du gouvernement d'ouvrir la vaccination "à tous", mais sans l'annoncer officiellement.
"J'aurais pu demander à quatre millions de Français", les 18-50 ans obèses ou atteints de maladies chroniques, "d'aller chez leur médecin, embouteiller les cabinets médicaux en pleine vague épidémique, pour leur demander une attestation selon laquelle ils auraient une maladie", a-t-il développé, mais "je fais confiance aux Français". "Il y aura peut-être des stratégies de contournement mais ce sera à la marge", a assuré Olivier Véran, en ajoutant qu'il appartenait "aux équipes médicales dans les centres (...) de faire le point avec les gens qui viennent se faire vacciner" et que les plus vulnérables restaient prioritaires.
Depuis samedi, la vaccination est ouverte à l'ensemble des adultes atteints de certaines maladies chroniques. Et le ministère de la Santé a effectivement précisé que la prise de rendez-vous se ferait "sur déclaration" de ces comorbidités et qu'aucune prescription médicale ne serait exigée.
La campagne sera officiellement ouverte à tous les plus de 50 ans le 15 mai, et à tous les adultes le 15 juin. Mais dans les faits, dans certains centres de vaccination, les soignants injectent déjà en fin de journée des doses en surplus à des adultes en pleine santé, plutôt que de les perdre. La semaine dernière, des voix s'étaient élevées pour demander au gouvernement d'élargir les publics à vacciner, alors que des rendez-vous ne trouvaient pas preneur dans certains grands centres, comme au Stade de France.

Localement, un élargissement à géométrie variable

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait toutefois appelé dimanche à la "solidarité" pour que les publics prioritaires soient vaccinés les premiers, fustigeant des collectivités ayant élargi la vaccination. "La France est limitée par le nombre de doses qu'elle reçoit" et "vous avez encore plusieurs millions de personnes considérées comme prioritaires et qui sont dans l'attente d'une vaccination", a-t-il rappelé à l'émission d'Europe 1-Cnews-Les Echos. "Allez chercher les publics prioritaires qui ne sont pas encore vaccinés", notamment les "personnes âgées qui vivent seules" et ne peuvent se déplacer, a-t-il clamé, citant des initiatives de collectivités mettant en place des bus pour aller à la rencontre de ces publics.
De son côté, le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avait parmi d'autres défendu ces initiatives locales : "Ça s'appelle le pragmatisme" et "il faut renoncer au centralisme parisien".
Effectivement, ces initiatives se multiplient. À Nice, la vaccination ayant bien avancé pour les catégories à risques, la métropole avait en fin de semaine dernière décidé d'élargir la vaccination à toutes les personnes inscrites sur la plateforme mise en place en décembre, pour les samedis 1er et 8 mai, à la seule condition qu'elles aient plus de 18 ans, sans qu'aucune comorbidité soit requise. Les volontaires étant contactés par ordre d'ancienneté d'inscription, en favorisant ceux qui ont coché les cases "travail en lieu clos" ou "en contact avec le public".
La commune de Mandelieu-la-Napoule, dans les Alpes-Maritimes, devait également ouvrir la vaccination à tous ses habitants majeurs, sans limite d'âge. Mercredi dernier, c'est la ville de Cannes qui avait dérogé aux seuils officiels, en annonçant l'ouverture de la vaccination à tous les Cannois dès 40 ans, sans comorbidité. La commune, dirigée par David Lisnard, avait justifié cette cible élargie par une nouvelle dotation de vaccins et par la décision de "reporter de 28 à 42 jours l'administration de la deuxième injection".
En Corse ou à Marseille, ce sont les doses inutilisées en fin de journée qui sont offertes, en dérogation des seuils officiels. À Bastia ou dans d'autres localités corses, il faut cependant s'être inscrit au préalable pour pouvoir bénéficier de ces doses qui risqueraient d'être jetées. À Marseille, au stade Vélodrome, il suffit en revanche de se présenter vers 16h, environ une heure avant la fermeture du vaccinodrome, pour bénéficier en fonction des disponibilités d'une dose restante - l'âge restant cependant le critère premier pour ces candidats arrivés à l'improviste.
"L’enjeu primordial est maintenant de continuer à accélérer la vaccination de nos concitoyens et d’élargir au maximum la cible vaccinale, notamment en direction des personnels éducatifs en contact avec les enfants", écrit l'Association des petites villes de France (APVF) ce mardi dans un communiqué. Mais, ajoute-t-elle, "il faut aussi désormais, et tout particulièrement dans les petites villes, lorsque le nombre de doses de vaccins à disposition le permet, élargir la vaccination à de nouvelles cibles prioritaires et à de nouvelles tranches d’âge". Toutefois, si une "adaptation territorialisée de la stratégie vaccinale est donc souhaitable", les maires "ne peuvent, en l’état actuel, prendre la responsabilité de se mettre hors-la-loi en accueillant tous les volontaires". C'est à l’Etat de "faire preuve de pragmatisme et de souplesse", estime l'association.
 

  • Le Conseil scientifique favorable à un pass sanitaire "de manière temporaire et exceptionnelle"

Un pass sanitaire assurant qu'une personne est vaccinée contre le Covid ou a eu un test négatif peut être utilisé pour faciliter le "retour à la vie normale", à condition que ce soit "de manière temporaire et exceptionnelle", estime le Conseil scientifique dans un avis transmis lundi soir au gouvernement et rendu public mardi.
Lors de l'annonce du calendrier de levée progressive des mesures de restriction, jeudi, Emmanuel Macron avait considéré qu'il serait "absurde de ne pas utiliser" un système de pass sanitaire "dans les lieux où se brassent les foules, comme les stades, festivals, foires ou expositions". Ce pass, en format papier ou numérique, attesterait de la réalisation récente d'un test de dépistage négatif, de l'administration d'un vaccin contre le Covid-19 ou d'une infection ancienne par le virus.
Un tel outil permet "d'envisager de rouvrir et de reprendre, en contrôlant le risque sanitaire sans qu'il puisse être affirmé que ce dernier soit nul ou très faible, des activités rassemblant un nombre élevé de personnes", juge le Conseil scientifique. En revanche, son usage "soulève de nombreuses questions d'ordre technique, pratique, éthique et de santé publique", qui ne relèvent pas de sa compétence, prévient-il. Dans la mesure où il utilisera des "données personnelles relatives à l'état de santé, il constitue un précédent dont il convient de limiter les effets en termes de durée et d'ampleur", ajoute l'instance présidée par Jean-François Delfraissy. Elle ne recommande donc pas son utilisation pour "des actes de la vie quotidienne (se rendre sur son lieu de travail, aller dans un commerce, un établissement de formation, un café, un restaurant)". Le Conseil juge également que son utilisation ne dispense pas du respect du port du masque quand c'est possible et de la ventilation suffisante des lieux clos. En revanche, un assouplissement des règles de distanciation physique est envisageable.
Le Conseil scientifique avait été saisi jeudi sur cette question par le gouvernement, qui a déposé lundi un amendement au projet de loi sur la sortie de l'état d'urgence sanitaire, permettant de "subordonner l'accès" à certains lieux à un tel pass sanitaire.

 

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