Une "dérive" des dépenses locales ? Les associations d'élus bondissent

"Hormis une dérive des dépenses initialement prévues qui est du fait des collectivités locales, il n'y a pas de dérapage de la dépense de l’Etat, son budget est même plutôt sous-consommé". Cette phrase prononcée par Emmanuel Macron dans un entretien publié mercredi 22 mai par l'Express n'est pas passée inaperçue très longtemps.

Dans cette interview, le chef de l'Etat dit prévoir une nette amélioration de la croissance française au second semestre 2024 et défend sa politique de l'offre, affirmant vouloir maintenir le cap des réformes afin de redresser les finances publiques. En raison de recettes plus faibles que prévu, le déficit public s'est creusé à 5,5% du PIB en 2023, contre 4,9% attendus. Pour 2024, il devrait atteindre 5,1%, plus que l'objectif initial de 4,4%. "On va garder la même politique avec pour objectif, dans les années qui viennent, de pouvoir reprendre la baisse du déficit, revenir sous les 3% comme prévu au niveau européen d’ici à 2027 et commencer à réduire la dette", déclare toutefois Emmanuel Macron, réitérant son engagement de réduire de 2 milliards d'euros les impôts des classes moyennes en 2025. 

Sur les collectivités, l'interview ne dit rien de plus que cette mention à une "dérive"… qui a fait bondir les trois associations d'élus locaux formant Territoires unis. Découvrant cette affirmation qu'ils jugent "laconique", "déloyale", "provocatrice" et "infondée", l’Association des maires de France (AMF), Départements de France et Régions de France regrettent que le chef de l'Etat n'ait pas pris soin "d’expliciter le contexte". Les choses, écrivent les élus dans un communiqué commun diffusé vendredi soir, sont pourtant simples : "L’augmentation des dépenses locales constatée cette année résulte de deux facteurs indépendants de la gestion des collectivités : le transfert de charges de l’Etat vers les collectivités et l’inflation, notamment des coûts des matières premières, de l’énergie et des taux d’intérêt". Et, ajoutent-ils, "l’exécutif a lui-même augmenté les dépenses locales en revalorisant par exemple la rémunération des fonctionnaires territoriaux (…) ou les allocations sociales versées par les départements et les CCAS".

Les associations soulignent aussi que les collectivités "contribuent depuis des années à améliorer les comptes publics, tandis que l’Etat connaît un dérapage structurel de ses dépenses". La dette des collectivités est même "en légère diminution depuis 30 ans, passant de 9% du PIB en 1995 à 8.9% en 2023".  Et voient dans la déclaration élyséenne "une nouvelle atteinte à la confiance pourtant nécessaire entre l’exécutif et les élus locaux" ainsi qu'une "tentative de détournement de l’opinion publique".

 

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