Un guide pour la transition écologique des bibliothèques

Le ministère de la Culture publie un guide intitulé "Pour un engagement fort des bibliothèques dans la transition écologique". Recueil de références et de bonnes pratiques, il balaie un spectre allant du droit à la communication, en passant par la formation et la gestion des collections. Dès cette année, des indicateurs spécifiques à la transition écologique doivent être intégrés à l'évaluation des contrats territoire lecture (CTL).

À l'occasion du 69e congrès de l'Association des bibliothécaires de France (ABF), qui se tient du 6 au 8 juin 2024 à Toulon, le ministère de la Culture publie un guide intitulé "Pour un engagement fort des bibliothèques dans la transition écologique". Les quelque 16.000 bibliothèques de France sont en effet "des lieux qui doivent faire leur propre transition écologique, dans le fonctionnement de leurs bâtiments, mais aussi dans leurs services" et "tendre vers l'exemplarité en matière écologique".

Pour la direction générale des médias et des industries culturelles du ministère, à l'origine du guide, si "une forme d'engagement personnel" a longtemps été à l'origine d'une mobilisation des structures en faveur de la transition écologique, "l'enjeu est aujourd'hui de parvenir à mobiliser l'ensemble de la bibliothèque, afin de se former, de monter en compétences et de faire évoluer les pratiques professionnelles collectivement". Pour ce faire, elle a mené pendant plus d'un an une concertation avec les associations professionnelles et représentants de bibliothèques. Le guide qui en résulte expose les défis en matière de transition écologique et, surtout, recense les bonnes pratiques.

Des indicateurs environnementaux dans les contrats de territoire

En matière de droit et de financements, il passe en revue les règles concernant la construction, la rénovation ou encore l'achat de matériel qui s'appliquent aux bibliothèques, comme le décret Tertiaire  du 23 juillet 2019. Il met en lumière certaines particularités, à l'exemple de l'obligation de se doter de fontaines à eau pour les bibliothèques dont la capacité d'accueil est supérieure à trois cents personnes. Parmi les points à surveiller, on note les mesures portant sur l'empreinte environnementale du numérique, qui concernent bien évidemment les bibliothèques. 

Il est encore question dans cette première partie des évolutions dans les dispositifs de l'État pour les bibliothèques territoriales. On y apprend qu'à compter de cette année, des indicateurs spécifiques à la transition écologique seront intégrés à l'évaluation des contrats territoire lecture (CTL) et départementaux lecture (CDL). De même, les bibliothèques territoriales classées bénéficient dorénavant d'une formation à la rédaction de plans de sauvegarde des biens culturels (PSBC) intégrant les risques climatiques. Et une extension des actions de formation à l'ensemble des bibliothèques territoriales françaises conservant des documents patrimoniaux est prévue à partir de 2025. Plus largement, les conventions de mise à disposition de conservateurs d'État dans les bibliothèques classées qui seront signées pour 2025-2027 entre l'État et les collectivités intègreront la mise en œuvre d'une politique de transition écologique.

Du prêt de livres au prêt de… vêtements 

Alors que le premier référentiel de compétences sur les métiers en bibliothèque territoriale de 2022 a défini la transition écologique comme un enjeu contemporain transversal à tous les autres champs de compétences, un chapitre du guide est consacré à la formation. Celle-ci doit en effet désormais tenir compte du fait que la transition écologique a un impact sur l'ensemble des aspects du métier, depuis la gestion des espaces et achats, jusqu'à la sobriété numérique, en passant par les impératifs de conservation.

De la politique documentaire et de la gestion des collections, il est question dans le chapitre suivant. Si cette politique doit être repensée "dans son ensemble", plusieurs pistes sont proposées, que ce soit en matière de recyclage du papier, d'aide à l'élaboration d'une politique documentaire intégrant les enjeux de territoire ou de protection des livres.

Enfin, puisque les bibliothèques sont "à la fois des établissements qui peuvent agir sur leurs propres pratiques mais aussi des relais d'information sur les enjeux de transition écologique pour tous leurs usagers", la dernière partie du guide est consacrée à la médiation et la communication. Là encore, différente solutions pratiques sont proposées, dont un "kit de médiation" qui recense des projets menés par des bibliothèques dans le cadre de leur action culturelle. Parmi ceux-ci, on découvre le concept de "fringothèque", soit l'organisation par une bibliothèque d'un "vide-dressing" ou de prêts  de vêtements "en cohérence avec la politique environnementale et sociale de l'établissement".

Le guide "Pour un engagement fort des bibliothèques dans la transition écologique" constitue la première étape d'un travail amené à se poursuivre dans les prochaines années.