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Réfugiés - Troisième année de baisse du nombre de demandeurs d'asile

L'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) publie son rapport d'activité pour 2006. Pour la troisième année consécutive, le nombre de demandes d'asile est en diminution, avec un total de 39.332 dossiers enregistrés, dont 30.748 premières demandes (y compris les mineurs). La baisse est particulièrement spectaculaire en 2006, avec un recul de 33,6%, contre 9,7% en 2005. Après la brusque envolée du début des années 2000 - qui avait mis à mal les capacités du système français d'accueil des réfugiés -, les demandes rejoignent ainsi leur niveau de la fin des années 90. Les procédures d'instruction ont débouché en 2006 sur la mise sous protection de l'Ofpra de 7.500 demandeurs d'asile, ce qui porte à 123.000 le nombre de personnes accueillies en France sous le statut de réfugiés. La France demeure ainsi la première destination européenne des demandeurs d'asile, loin devant l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Les principales régions d'accueil sont l'Ile-de-France (47,3% du total), Rhône-Alpes (8,9%), Paca (5,1%), l'Alsace (3,9%) et les DOM-TOM (3,8%).
Plusieurs raisons expliquent ce recul statistique. Il s'agit en premier lieu d'un mouvement général, résultant d'une baisse d'intensité des conflits. C'est le cas notamment à Haïti qui, après une hausse de 61,5% en 2005, a enregistré en 2006 un recul de 63,5% des demandes d'asile en France. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, 2006 a connu, avec 9 millions de personnes, le plus faible nombre de demandeurs d'asile depuis 25 ans. D'autres facteurs ont également joué : adoption de la liste des pays d'origine sûrs (POS), désorganisation des filières d'immigration clandestine consécutive à la réforme de 2003... Enfin, tout en soulignant que "la baisse de la demande d'asile ne peut être en soi un objectif", le directeur général de l'Ofpra a indiqué que le recul observé en 2006 correspond aussi "à une baisse du détournement du droit d'asile". La Coordination française pour le droit d'asile (CFDA) et les associations spécialisées s'interrogent toutefois sur les raisons réelles de ces résultats et considèrent que "la tradition d'accueil de la France, proclamée par la Constitution et les conventions internationales, est profondément remise en cause".
Cette diminution du nombre des demandeurs d'asile n'est pas sans conséquence pour les départements. En effet, si l'accueil et l'hébergement des demandeurs incombent essentiellement à l'Etat, les services de l'aide sociale à l'enfance sont fréquemment appelés à intervenir au profit des familles et des mineurs.

 

Jean-Noël Escudié / PCA