Transports régionaux : l’association de consommateurs CLCV demande plus de transparence tarifaire

Alors que chaque région est aujourd’hui totalement libre de fixer les tarifs de ses transports, les écarts qui en résultent peuvent être très importants, pointe la CLCV dans une récente étude. L’association de consommateurs demande d'instaurer plus de transparence sur les critères utilisés pour déterminer les tarifs, de s’inspirer des pratiques les plus attractives entre régions et de veiller à ne laisser aucun usager au bord de la route en maintenant des alternatives à la digitalisation.

Après la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) qui a récemment épinglé la multitude de formules de réduction proposées par les autorités organisatrices de la mobilité régionales, semant bien souvent la confusion chez les usagers (lire notre article du 22 janvier dernier), la CLCV a publié à son tour ce 1er février une étude visant à offrir un panorama exhaustif des tarifications TER dans 11 régions (la Corse et l’Ile-de-France ne sont pas concernées). L’association de consommateurs a cherché à analyser les différences régionales en termes de flexibilité tarifaire et à évaluer dans quelle mesure ces variations répondent aux besoins des usagers, qu’ils soient fréquents ou occasionnels.  Trois axes ont été retenus : les pleins tarifs pour les trajets standards, les réductions accordées aux jeunes selon la fréquence d’utilisation et les offres promotionnelles spécifiques ou saisonnières.

Billets plein tarif : la Normandie propose les prix les plus bas

Pour les pleins tarifs, l’étude relève une grande hétérogénéité entre régions. Pour un trajet de 50 km, par exemple, la Normandie, qui utilise un système de tarification basé sur des paliers de distance* propose le tarif le plus bas à 8,60 euros, soit 22% de moins que la moyenne nationale et 30% de moins que le Grand Est, où le tarif, fondé sur un système de tarification kilométrique standard, atteint 12,10 euros, soit le plus élevé du pays. Le Centre-Val-de-Loire, qui pratique aussi la tarification kilométrique par paliers se situe également en-dessous de la moyenne nationale, avec un tarif de 9,60 euros pour un trajet de 50 km tandis que des régions comme Auvergne-Rhône-Alpes, la Bretagne, Bourgogne-Franche Comté, l’Occitanie, les Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) affichent des tarifs compris entre 11 et 12 euros, se situant ainsi autour de la moyenne nationale. 

En parallèle, poursuit la CLCV, les durées de trajets peuvent également différer de manière significative : un trajet Biot-Fréjus dure 55 minutes, soit environ 25 minutes de plus que le trajet Lisieux-Caen, malgré des distances similaires. "Ces écarts reflètent des politiques tarifaires régionales diversifiées, d’éventuelles contraintes spécifiques, qui influent directement sur le coût et la qualité du service pour les usagers, selon leur localisation", note la CLCV. Les droits de péages versés à SNCF Réseau représentent en outre environ 15% du prix des billets, selon l’étude. 

"Les différences de prix sont le reflet d’une liberté des politiques tarifaires régionales, qui impactent directement le coût et la qualité du service pour les usagers en fonction de leur localisation", constate la CLCV qui estime que ces différences "appellent à une meilleure transparence sur les critères de tarifications, notamment sur les droits de péages payés à SNCF Réseau". Selon elle, "une meilleure information sur les différences régionales et les options tarifaires permettrait aux consommateurs de faire des choix plus éclairés" et "mentionner explicitement le coût au kilomètre sur chaque billet pourrait également améliorer la lisibilité et renforcer la transparence".

Tarifs jeunes : des offres très variables

Pour les tarifs jeunes, les pratiques varient aussi de manière significative d'une région à l'autre, souligne l’étude. "Certaines privilégient l’accessibilité avec des tarifs très bas, tandis que d’autres adoptent une approche axée sur une offre plus complète mais à un prix plus élevé, constate-t-elle. Par exemple, un jeune résidant en Centre-Val de Loire et effectuant quotidiennement le trajet entre Tours et Chinon, bénéficie d’un abonnement mensuel de 52,5 euros, soit deux fois moins que le tarif pour un jeune en Auvergne-Rhône-Alpes pour un trajet équivalent, tel qu'Albigny-Neuville à Estressin, facturé 100,5 euros." De plus, les cartes de réduction pour les jeunes, pour des usages fréquents non quotidiens, présentent une forte hétérogénéité, tant en termes d’avantages, de conditions et de prix. Le Grand Est offre ainsi la carte la moins chère à 1 euro, suivie par la Normandie à 10 euros, les Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes à 15 euros, et le Centre-Val de Loire et les Pays de la Loire à 20 euros. La région Paca se distingue avec un prix de 90 euros, mais offre un accès illimité et gratuit aux trains et bus régionaux pour les scolaires, étudiants, apprentis, stagiaires de la formation professionnelle.

Les limites de la digitalisation des offres

Certaines régions se démarquent également par des politiques tarifaires innovantes, telles que la gratuité pour les jeunes ou des réductions significatives lors des épisodes de forte pollution atmosphérique. "En adoptant et en adaptant ces bonnes pratiques à une échelle plus large, il serait possible d’harmoniser l’offre tout en répondant aux besoins spécifiques des usagers régionaux", soutient la CLCV. Mais, prévient-elle, "la digitalisation des offres TER, bien qu’elle apporte simplicité et accessibilité pour une majorité d’usagers, pose des enjeux d’équité lorsque certaines offres promotionnelles sont exclusivement disponibles en ligne. Par exemple, en région Grand Est, les billets Les P'tits Prix TER Fluo ne sont disponibles que via la plateforme web, et limités aux canaux en ligne. En Bretagne, l’offre Petits prix à 7 euros est également limitée aux canaux en ligne. Bien que ces initiatives soient conçues pour optimiser les coûts et simplifier les processus d’achat pour une majorité, elles risquent de marginaliser certains profils d’usagers, notamment ceux qui ne disposent pas d'équipements numériques ou qui ne sont pas à l'aise avec leur utilisation."

* Le tarif est calculé par tranches de distance parcourue, chaque palier correspondant à un tarif fixe qui augmente avec la distance

 

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