Tout se trie dans l’emballage plastique !
Depuis le 1er janvier, tous les emballages en plastique vont dans le bac jaune. Une simplification du geste de tri qui vise notamment à susciter de nouvelles filières de recyclage en apportant la matière qui fait aujourd’hui défaut aux industriels. Comme les pots de yaourt, pour lesquels une solution à grande échelle est en passe d’être trouvée, vient d'annoncer Citeo. Le déploiement de "l’info-tri", qui fait actuellement l’objet d’une campagne de promotion, devrait également permettre de faciliter recyclage et réemploi.
Depuis ce 1er janvier, fini les abîmes de perplexité devant le bac de tri, qui toucheraient 4 Français sur 5 au moment de trier leurs emballages, selon l'éco-organisme Citeo. "Tous les Français de métropole [peuvent] désormais trier les emballages en plastique dans le bac jaune afin qu’ils soient recyclés", clame le ministère de la Transition écologique (la situation outre-mer restant spécifique – et peu enviable – voir notre article du 9 décembre). L’annonce est trompeuse, car tous les emballages en plastique ne sont pour l’heure pas recyclables. Seuls 65% le sont, d’après Citeo. Mais elle présente le mérite de la simplicité. À plus d’un titre : parce qu’à partir du moment où c’est un emballage plastique, il n’y a plus de question à se poser ; parce que les consignes de tri ne varient plus d’une collectivité à l’autre ; parce que le bac destiné à les accueillir est désormais toujours jaune…
Favoriser le déploiement de nouvelles filières
Outre la simplification du geste de tri, la mesure vise précisément à faciliter le recyclage de tous les emballages en plastique, sans exception. "Aujourd’hui, le plastique est insuffisamment collecté, ce qui entrave le développement des filières", explique le secrétariat d’État à l’écologie. "Le choix d’une filière prioritaire pour le PET [la résine des bouteilles d’eau minérale] et le PEHD [celle des flacons de lessive] n’a pas permis de développer le recyclage des autres emballages en plastique comme les barquettes, les pots ou encore les films […]. En ouvrant la collecte sélective à ces emballages en plastique, on permet aux entreprises de recyclage de disposer de matière pour expérimenter les process et développer les technologies nécessaires à leur recyclage à grande échelle", développe Citeo. Reste à savoir ce qu’il adviendra de ces nouveaux gisements. Chez Amorce, on alertait naguère sur le risque que les collectivités se voient dépossédées des flux ayant de la valeur, ne gardant sur les bras que ceux dont on ne sait pour l’heure que faire (voir notre article du 27 janvier 2022).
Nouvelle signalétique
Pour faciliter encore le mouvement, le ministère de la Transition écologique, l’Ademe et les éco-organismes ont lancé fin décembre une campagne d’information dédiée à l’info-tri. Cette nouvelle signalétique, prévue par l’article 17 de la loi Agec et précisée par un décret n° 2021-835 du 29 juin 2021 (voir notre article du 2 juillet 2021), est en cours de déploiement. Elle est applicable à une foultitude de produits – ceux relevant d'une filière à responsabilité élargie des producteurs (REP) : emballages, textiles, jouets, produits chimiques, produits et matériaux de construction, équipements électriques et électroniques, médicaments, etc. Figurant sur le produit, son emballage ou sur les documents associés (notice, garantie) aux côtés du "Triman", elle présente le produit ou les principaux éléments le composant ainsi que les endroits où les déposer en fin de vie : bac de tri, point de collecte, association caritative, magasin, déchèterie… Et dans le doute, le site quefairedemesdechets.ademe.fr propose un "simulateur" permettant de connaître produit par produit l’endroit où le déposer et son devenir.
Une signalétique qui pourrait bien n’être qu’éphémère, puisque le projet de règlement renforçant la lutte contre les déchets d’emballages récemment présenté par la Commission européenne prévoit que les mêmes symboles devront être utilisés partout dans l’Union (voir notre article du 2 décembre 2022).
Le pot de yaourt en polystyrène (PS), bête noire des déchèteries, va-t-il enfin avoir une nouvelle vie à grande échelle ? C’est ce que vient d’annoncer Citeo le 21 décembre dernier, en s’engageant à recycler au moins 10.000 tonnes par an de polystyrène issu des emballages ménagers mis sur le marché français – soit, d’après l’organisme, 10% du volume mis chaque année sur le marché français, dont 60% de pots de yaourt. Citeo a sélectionné pour ce faire deux recycleurs : le belge Indaver, dont l’usine Plastic2Chemicals en cours de construction à Anvers – "la première et [par construction] la plus grande usine industrielle d’Europe en capacité de recycler le PS pour assurer son retour au contact alimentaire" – absorbera 80% des 10.000 tonnes annuelles de PS annoncées ; et l’espagnol Eslava (en partenariat avec Valorplast), dont l’usine de Valence absorbera les 20% restants. "Jusqu’à présent, le PS recyclé issu du marché français était exclusivement destiné à la production de cintres et de pots de fleur dont les potentiels marchés n'auraient pas permis à terme de pouvoir absorber l'augmentation des tonnages d’emballages en PS à recycler", explique l’éco-organisme. Citeo indique par ailleurs avoir sélectionné trois projets dans le cadre du volet reprise et sur-tri du flux d’emballages composés de résines dont les filières sont en développement dans le cadre de la simplification du geste de tri : Bourgogne Recyclage à Ruffey-lès-Beaune, Suez à Épinal et Environnement Massif Central à Mende. Ils seront opérationnels "entre 2023 et 2024" et devraient permettre de sur-trier 70.000 tonnes annuelles d’emballages supplémentaires en France. |