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Stéphanie Guiraud-Chaumeil : "Nous nous inscrivons dans la complémentarité"

Avec sa cité épiscopale inscrite à la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco et son lien fort avec l'enseignement supérieur, Albi, qui compte 50.000 habitants, plus de 6.000 étudiants, et accueille 1,3 million de visiteurs chaque année, dispose de nombreux atouts pour répondre à l'attrait des Français pour des villes à taille humaine. La maire d'Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, ne souhaite pourtant pas s'inscrire dans une quelconque compétition et préfère jouer la complémentarité avec les autres territoires pour faire d'Albi un pôle d'équilibre entre le milieu rural et la métropole de Toulouse. Interview.

Localtis - Comment votre ville a-t-elle traversé la crise Covid ?

Stéphanie Guiraud-Chaumeil - Comme beaucoup de territoires, la crise actuelle nous a fait reprioriser des choses et nous a permis de voir les bénéfices d'un certain nombre de politiques publiques mises en œuvre. On parle beaucoup des villes moyennes comme étant une réponse à des questions qui ont été soulevées durant la crise Covid. Mais nos villes n'ont pas attendu l'épidémie pour résister et impulser des politiques publiques qui leur permettent d'être une réponse à ces nouveaux besoins de nos concitoyens. Oui, la crise a été un révélateur, mais nos villes moyennes sont capables de répondre à ces attentes car nous avons impulsé ces actions depuis de nombreuses années.

Vous faites partie du programme Action cœur de ville, est-ce que le dispositif a permis d'amortir les impacts de la crise ?

Le programme joue le rôle d'accélérateur, notamment sur les volets logement et commerce. Il y a un travail énorme mené avec la Banque des Territoires et Action Logement. Côté commerce, la vacance diminue régulièrement. Elle s'établit autour de 8%. Notre centre-ville est très patrimonial. Cela a des avantages mais aussi des contraintes sur les conditions de rénovation et d'accessibilité aux chantiers. Le programme permet d'avancer sur ces sujets. Sur le volet logement, Action Logement consacre 9 millions d'euros. Cela représente une production potentielle de 235 logements. Au-delà de ces chiffres, le programme nous a appris à travailler de manière transversale. Nous abordons ainsi les questions de mobilités avec l'agglomération qui accompagne les achats de vélos, nous menons des actions liées à l'enseignement supérieur, au développement économique, à la prise en compte de l'environnement…

La crise a notamment mis le projecteur sur des besoins de consommation différents, notamment en matière d'alimentation. Comment vous saisissez-vous de ces questions ?

Ces éléments ne sont pas une découverte depuis la crise sanitaire, ces questions sont prégnantes et présentes sur notre territoire depuis de très nombreuses années. Nous avons ainsi un plan climat-air-énergie territorial, nous mettons en place des circuits courts, de l'agriculture urbaine… L'anticipation réalisée par les équipes municipales ont permis aujourd'hui d'avoir une réponse à des besoins qui ont émergé – manger mieux, local, sain –  avec la crise. Nous avons aussi un projet alimentaire territorial et nous avons créé une zone d'aménagement différé (ZAD) pour préempter des terrains sur le foncier maraîcher historique de la ville. Dans le cadre d'un partenariat avec la chambre d'agriculture et le lycée agricole, nous réimplantons des maraîchers. Le lycée les forme et la chambre les aide à constituer les entreprises. S'y ajoute un chantier d'insertion par le maraîchage.

On parle beaucoup d'un nouvel élan pour les villes moyennes, en bénéficiez-vous ?

Nous ne sommes pas dans la concurrence, nous nous inscrivons dans la complémentarité. Les villes moyennes comme Albi sont des pôles d'équilibre entre le rural et les métropoles. Nous le voyons très clairement ici. Nous répondons aux attentes de celles et ceux qui ne se satisfont pas de la métropolisation et qui souhaitent une proximité avec le rural, en leur donnant accès aux soins, à l'enseignement supérieur sans avoir besoin d'aller jusqu'à la métropole. Et en parallèle, nous avons des relations constructives, respectueuses et très équilibrées avec la métropole de Toulouse.

Vous disposez d'un patrimoine très important en centre-ville, comment gérez-vous l'équilibre entre touristes et habitants permanents ?

Nous accueillons 1,3 million de visiteurs par an pour 50.000 habitants. La cité épiscopale est en plein cœur de ville. La ville vit donc au rythme de ces visiteurs mais nous devons aussi respecter le quotidien des habitants. Nous avons constaté un développement très important des locations saisonnières de touristes, une problématique que l'on pensait réservée à des villes comme Venise ou Barcelone. Nous avons mis en place un système de déclaration obligatoire pour les propriétaires de logement qui utilisent des plateformes type AirBnB. Nous percevons ainsi la taxe de séjour mais surtout, cela a permis d'aligner ces locations avec les hôtels. La cité épiscopale est aussi le quatrième quartier d'habitat social de la ville. Nous avons une mixité d'offres de logements et nous y sommes très attachés.

Les villes moyennes pâtissent parfois d'un manque de services, par exemple dans le domaine de la santé ou de la culture, qu'en est-il pour Albi ?

Nous sommes classés première ville où il fait bon vivre en matière de santé. Côté culture, nous avons une scène nationale qui comporte 900 places avec un taux de remplissage avant crise de 93% et une très grosse programmation culturelle. Nous avons aussi le musée Toulouse-Lautrec à dimension internationale. Et nous avons une forte politique événementielle culturelle et sportive. Nous accueillons des championnats sportifs comme le championnat du monde de billard. Avec des retombées économiques importantes.

Quels sont vos autres atouts en matière de développement économique ?

Nous avons un lien très fort avec l'enseignement supérieur, avec lequel nous développons des projets. L'école des Mines dispose d'un incubateur qui sort plusieurs projets innovants dans le domaine des nouveaux matériaux, de l'énergie. Notre circuit automobile est l'un des plus anciens. Nous travaillons à sa reconversion, pour qu'il puisse toujours recevoir des championnats sportifs, mais, en lien avec l'école des Mines et le spécialiste du matériel de transport public Safra, qui a construit le premier bus à hydrogène, nous travaillons au développement de l'hydrogène, avec un campus dédié qui réunit les organismes de formation et, sur le circuit, la possibilité d'homologuer des véhicules. La Fnac vient aussi de s'installer à Albi. On n'a jamais vu autant de grands groupes s'intéresser à nos territoires. Nous devons en permanence nous adapter - nous devons par exemple avancer sur le foncier, sur les mobilités… On n'a jamais terminé !

 

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