Semaine en quatre jours : ce que disent les premières expériences dans les collectivités
La mise en œuvre de la semaine en quatre jours dans le secteur public local est un chantier "complexe" qui nécessite de faire attention à plusieurs points clés (continuité des services, maintien des collectifs de travail…), constate le Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales dans une note consacrée au sujet, qui s'appuie sur plusieurs retours d'expérience.

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Les collectivités qui ont mis en place la semaine en quatre jours ont "majoritairement" procédé à du "cas par cas", dans le cadre d'"expérimentations" avec des agents volontaires, analyse le Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT) dans une note sur le sujet, rendue publique le 6 février.
Grenoble-Alpes métropole, ville de Lyon, agglomération de Cergy-Pontoise, communauté de communes Terroir de Caux… pour améliorer leur attractivité, fidéliser leurs agents ou réduire les inégalités entre les femmes et les hommes, un certain nombre de collectivités et intercommunalités ont proposé à leurs employés d'organiser leur semaine de travail sur quatre jours, dans le respect de la durée légale de 1.607 heures par an. Beaucoup n'ayant pas attendu le lancement au printemps dernier d'une expérimentation par les services de l'État (voir notre article).
Garantir la continuité des services
Mais la semaine en quatre jours est "plus complexe" à mettre en œuvre dans les collectivités que dans "les entreprises qui ont pu l'expérimenter ou dans certains services de l'État", constate la note rédigée sous l'égide de Marie-Claude Sivagnanam, DGS de la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise. Les principales difficultés des collectivités sont liées à la "diversité des métiers", aux "exigences de continuité des services" ou encore aux "tailles d'équipes très variables".
Selon la note, il serait plus exact de parler de "semaine modulée". En effet, les collectivités ne retiennent pas nécessairement une semaine de travail sur quatre jours. Bien d'autres options sont appliquées, les plus fréquentes étant la semaine de travail répartie sur quatre jours et demi et l'alternance entre une semaine de quatre jours et une semaine de cinq jours.
Les collectivités font preuve également de pragmatisme dans le choix des bénéficiaires. Un certain nombre d'entre elles ciblent "un service, une équipe". Parfois, plusieurs équipes sont concernées, mais à condition que la continuité de service soit garantie. L'opération "peut être plus facile à gérer dans des équipes de grande taille où la rotation des agents permet de maintenir cette continuité", observent les directeurs généraux. En outre, certaines collectivités "souhaitent limiter" la mise en œuvre de la semaine en quatre jours aux agents occupant "des postes non télétravaillables", par souci d'équité avec les agents qui ont la possibilité de travailler à distance.
Scruter les effets sur la santé au travail
À partir de l'expérience des collectivités pionnières, le SNDGCT liste un certain nombre de points clés, indispensables selon lui à la réussite de la semaine en quatre jours et de ses variantes. D'abord, une formulation claire des "conditions non modifiables" et de "celles qui peuvent être interrogées" ("continuité, horaires, besoins des usagers, des collectifs de travail"). Le syndicat pointe aussi la nécessité pour les collectivités d'"accompagner" leurs managers dans une nouvelle organisation qui, à l'instar du télétravail, les met au défi de maintenir des équipes soudées et de garantir la continuité des services. Il ne devrait pas être possible de "prendre le jour de la réunion d’équipe comme jour non travaillé", suggère la note à cet égard.
Elle recommande par ailleurs d'associer le service de médecine de prévention à la démarche, car, avec des journées de travail plus longues, les agents concernés pourraient avoir plus d'accidents du travail ou des risques psychosociaux accrus.
La note invite, de plus, les collectivités à la vigilance au regard de l'objectif en matière d'égalité entre les femmes et les hommes poursuivi par certaines. La semaine en quatre jours pourrait bien, certes, servir cet objectif, par exemple en permettant aux agents - majoritairement des femmes - qui ont un temps partiel subi pour s'occuper des enfants, de passer à temps plein et donc d'améliorer leur rémunération. Mais, le jour supplémentaire ne doit pas être "consacré, pour les femmes majoritairement, aux tâches ménagères et aux enfants", sinon les "inégalités domestiques" sont renforcées, est-il remarqué.