Séjours de cohésion du SNU : forte adhésion mais l'hébergement et la nourriture sont critiqués

De février à juillet 2024, l'Injep a mené une vaste enquête d'évaluation des séjours de cohésion du Service national universel (SNU). Cette étude, réalisée par l'institut Ipsos, a interrogé près de 28.000 jeunes sur leur expérience. Elle permet de constater une très bonne adhésion des jeunes au programme, malgré des critiques concernant la prise en charge des problèmes de santé, les conditions d'hébergement et la qualité de la nourriture.  

Promesse de campagne du chef de l'Etat, le Service national universel (SNU) a été lancé en 2019 avec l'objectif de le rendre à terme obligatoire pour toute une classe d'âge (environ 800.000 jeunes par an). Mais depuis, l'eau a coulé sous les ponts. Mi-octobre 2024, l'ex-ministre des Sports et de la Jeunesse, Gil Avérous, avait averti qu'en l'état actuel du budget "on n'avait pas les moyens de faire" la généralisation du SNU (notre article du 28 octobre 2024). Début septembre, la Cour des comptes avait aussi émis des réticences, estimant que la généralisation d'ici à 2027 n'était pas envisageable, le dispositif étant "sans pilotage budgétaire" (notre article du 13 septembre 2024).

Quoi qu'il en soit, rappelons que le SNU comporte une mission d'intérêt général et un séjour de cohésion de 12 jours. Chaque journée a un programme bien défini comprenant des activités sportives, culturelles et intellectuelles et qui commence par le lever des couleurs, rituel républicain pendant lequel on lève le drapeau français et on chante l’hymne national, la Marseillaise. Les volontaires et leurs encadrants portent une tenue commune qui symbolise les valeurs de cohésion et d'égalité. Le port de la tenue est obligatoire lors des cérémonies, des temps officiels et de l'ensemble des activités signalées par l'équipe d'encadrement.

Le rapport de l'Injep publié fin décembre 2024 présente les résultats des enquêtes menées auprès des participants aux séjours de cohésion du SNU de février à juillet 2024. Sur les 50.000 participants, 27.992 ont participé à l’enquête (56%). "Cette enquête permet de caractériser précisément les jeunes participants, de mieux comprendre leurs motivations et de mesurer leur degré de satisfaction global mais aussi selon les différents ateliers et activités proposés", précise l'Injep. In fine, ce bilan statistique et qualitatif permet de mesurer l'adhésion des jeunes, les points d'amélioration et les perspectives pour la suite du programme.

Rappelons également que depuis 2024, ces séjours peuvent aussi être effectués sur le temps scolaire dans le cadre des "Classes et Lycées engagés" (CLE), c'est le cas pour 24% des jeunes. Outre la nouveauté induite par la mise en place du SNU sur le temps scolaire, les séjours de cohésion réalisés en 2024 (qu'ils soient HTS ou CLE) doivent s'inscrire dans une "coloration" correspondant à quatre grandes thématiques : "Défense et mémoire", "Environnement", "Sports et Jeux olympiques et Paralympiques", "Résilience et prévention des risques".  

Satisfaction globale très élevée

Les motivations principales à l'inscription sont la volonté de :
-"rencontrer de nouvelles personnes" (67%), 
- "valoriser l'expérience sur le CV" (58%) 
- "faire du sport" (54%). 
Le rôle de l'entourage est crucial : 
- 67% des jeunes citent la famille ou les amis comme principaux vecteurs d'information, 
- suivis par l'établissement scolaire (35%)
- les réseaux sociaux (28%). 
La satisfaction globale est très élevée : 
- 95% des jeunes se déclarent satisfaits, dont 65% très satisfaits. Les aspects les mieux notés concernent l'intérêt des modules suivis, notamment les activités sportives et de cohésion (94% d'intérêt), ainsi que les activités d'auto-défense et les modules "Défense et mémoire" (87% chacun).

Nourriture et hébergement à améliorer

Certains points restent cependant à améliorer, notamment la prise en charge des problèmes de santé. Parmi les jeunes limités dans leurs activités à cause de problèmes de santé (8% des répondants), 16% estiment que leur situation n'a pas été prise en compte de manière adéquate. Les jeunes demandent davantage de soutien moral et d'adaptation des activités. Autre point de friction : la qualité de la nourriture et des conditions d’hébergement suscite des critiques. Environ 25% des participants jugent ces éléments "plutôt pas satisfaisants" ou "pas satisfaisants du tout".

En revanche, l'enquête montre une appétence pour la poursuite du parcours. 76% des répondants envisagent de s'engager dans une mission d'intérêt général (MIG) ou dans une autre forme de volontariat. Ce résultat témoigne du potentiel d'engagement des jeunes au-delà du simple séjour de cohésion. Alors que l'avenir du SNU est obscurci, du fait de l'état des finances publiques et de l'instabilité politique, l'évaluation des séjours de cohésion du SNU par l'Injep s'avére finalement globalement positive.