River Tri, la déchetterie flottante lyonnaise (69)

La préfecture du département du Rhône (515.000 habitants) manque de foncier pour assurer la logistique urbaine dont la ville a besoin. Si la métropole de Lyon compte vingt déchetteries, il n'y en a que deux à Lyon et elles sont débordées. En décembre 2016, afin de pallier ce problème, les élus ont lancé une expérimentation.

Expérimentation pour deux ans

Grâce aux contributions de la région Auvergne-Rhône-Alpes, de l'Agence pour la maîtrise de l'énergie, de Voies navigables de France et de la métropole de Lyon, les 2,4 millions d'euros nécessaires pour deux années d’expérimentation ont pu être trouvés. Une barge de 1.000 tonnes, 45 mètres de long et 11 mètres de large a été aménagée pour contenir cinq bennes de 20 m3. Tous les samedis, elle stationne en plein centre-ville, au bord du quai Fulchiron et accueille une centaine de Lyonnais qui, pour plus de la moitié d'entre eux, viennent à pied ou à vélo.

Volumes en hausse constante

A la différence d'une déchetterie classique, River Tri n'accepte ni les gravats (les artisans qui effectuent des travaux en ville ont leurs propres filières), ni les déchets verts. Pour le reste, les volumes collectés n'ont cessé de croître, en moyenne de 10 tonnes par trimestre la première année, pour atteindre 54 tonnes par trimestre à la fin de l'année 2017, soit l’équivalent de ce que collecte une déchetterie classique.

Rentabilité à améliorer

A l'heure actuelle, le coût de la déchetterie flottante, 500.000 €/an, est six fois plus élevé que celui d'une déchetterie classique. Ce qui s’explique par le fait qu’elle n’est utilisée qu’une fois par semaine. "Pour la rentabiliser, nous envisageons, avec la Compagnie nationale du Rhône, de l’amarrer 3 à 4 fois par semaine dans différents lieux" explique le vice-président en charge de l'environnement à Lyon métropole, Thierry Philip. "Nous pourrions également l'ouvrir aux professionnels, précise-t-il, mais ce n'est pas encore acté."

Dispositif vertueux, solution durable

Quoi qu'il en soit, la déchetterie flottante s'avère être un dispositif vertueux. Il répond aux objectifs fixés par la loi de transition énergétique, qui prévoit un report modal de 25% de la route vers le fleuve. La déchetterie River Tri permet d'éviter la circulation de 16 camions en centre urbain. Elle permet également de trier les déchets, ce que ne permettait pas la collecte des encombrants que la ville a abandonnée en 2016.

Propulseur à hydrogène

Enfin, River Tri tend vers le "zéro émission de CO2" en utilisant un propulseur à hydrogène pour tracter la barge. Si l'on ajoute à cela la création d'emplois non délocalisables, 5 à 6 équivalent temps plein par service, et l'utilisation du port de Lyon comme base arrière logistique au service de la ville, on comprend que le service soit plébiscité par les Lyonnais.

D’autres déchetteries mobiles à venir

Afin d'aller plus loin dans le tri des déchets, et cette fois sur l'ensemble de la métropole lyonnaise, les élus envisagent de mettre en place des déchetteries mobiles. Les maires des cinquante-neuf communes qui constituent la métropole de Lyon y sont favorables et nombre d'entre eux ont déjà proposé des lieux de stationnement. L’innovation lyonnaise a de beaux jours devant elle.

Une déchetterie comme les autres... ou presque
La déchetterie fluviale accepte pratiquement les mêmes déchets que les déchetteries classiques, à l'exception des gravats et des déchets verts.
Déchets acceptés : déchets encombrants des ménages (meubles, literie...), papiers et cartons, vêtements et textiles, bois, plâtre, déchets spécifiques ou toxiques (produits phytosanitaires, solvants, pots de peinture, néons, piles et batteries, radiographies, huiles de friture, huiles de vidange, etc.
Déchets refusés : déchets explosifs ou radioactifs, déchets médicaux (type seringues), médicaments non utilisés, amiante, cartouche d'encre, ordures ménagères, bouteilles de gaz, extincteurs, pneus.