Numérique éducatif - Réussite scolaire : les maires invités à s'emparer du numérique à l'école

Afin d'ouvrir de nouvelles perspectives dans la lutte contre l'échec scolaire, l'Institut Montaigne invite les acteurs éducatifs, du numérique et les exécutifs locaux à orienter leurs efforts en matière de numérique vers les écoles maternelles et primaires. Au coeur du dispositif, les maires devront impulser la dynamique et se tenir au plus près des enseignants.

Dans un nouveau rapport, le laboratoire d'idées Institut Montaigne revient sur les politiques numériques éducatives et porte son attention sur les plus petits. Derrière "Le numérique pour réussir dès l'école primaire", la volonté de réorienter une partie des énergies vers les 52.900 écoles primaires, qui seraient les parents pauvres des politiques d'équipements et de pédagogies numériques. Pour aider les mairies à impulser une dynamique portée localement et soutenue par les administrations centrales (1), un ensemble de conseils réunis en une "charte du numérique" sont proposés. L'objectif : ouvrir de nouveaux horizons pour lutter contre l'échec scolaire. 

Investir dans le numérique pour les écoliers

Partant du constat que l'Etat et les collectivités sont de plus en plus volontaires en matière de numérique éducatif, le rapport entend convaincre les décideurs publics, et notamment les maires, de s'emparer du sujet pour les élèves de maternelle et de primaire. Pour les auteurs, il y a urgence à remédier au déséquilibre actuel des politiques publiques éducatives, orientées prioritairement vers les collégiens, alors même qu'un "euro consacré à un très jeune enfant permet d'en économiser jusqu'à huit plus tard". En cause : des dépenses pour les écoliers inférieures de 29% à la moyenne des pays de l'OCDE, là où celles consenties pour les collégiens y sont 23% supérieures. Une remobilisation qui peut s'articuler autour de projets pédagogiques dans lesquels le numérique serait un "outil au service des apprentissages, de la consolidation des savoirs fondamentaux […] [et] vecteur d'amélioration de la réussite scolaire".

Du scénario au terrain : le rôle moteur des mairies

S'appuyant sur des retours d'expériences positifs et négatifs, le rapport propose quatre scénarios. Du plus "minimal" au "maximal", c'est-à-dire avec des niveaux de dépenses par élève (de 40 à 240 euros) et d'amplitude (de 1 à 3 cycles concernés) croissants, ces projets visent à équiper les classes en fonction des besoins et des objectifs pédagogiques.
Ainsi, pour le scénario A (le moins coûteux) qui vise à "consolider les savoirs fondamentaux", seules sont nécessaires 7 tablettes, utilisées sans wifi et uniquement à l'école, que les élèves se partageraient entre 3 classes. Une version plus onéreuse (scénario C) propose l'achat d'un tableau numérique interactif, d'un robot ou encore d'équiper tous les élèves de 3e cycle. Comme le montre les exemples de Puteaux ou d'Elancourt, ces projets ont plus de chances d'aboutir lorsqu'ils sont impulsés par les mairies, en étroite collaboration avec les enseignants. Définition des besoins, choix des équipements, financements et formation du personnel pédagogique sont autant de sujets à prendre en compte, au risque de devenir des facteurs d'échecs. Pour les auteurs, une gouvernance fermée aux acteurs de terrain, une politique d'achat trop rigide et mal adaptée ou encore un manque d'accompagnement des enseignants sont autant de points de rupture potentiels des projets.

Un ensemble de conseils pour accompagner les maires

Comme le notent les auteurs, une "mairie peut se retrouver démunie face à l'ampleur de la tâche". Multitudes des acteurs impliqués, technicité des enjeux, risques d'échecs… sont autant de facteurs potentiellement inhibants. Pour aider les exécutifs locaux à se positionner et à "faire les bons choix", le rapport propose donc une "charte du numérique". Un court guide pratique "pour concevoir, déployer et piloter les initiatives locales".
Cette charte définit quatre étapes – quatre "principes" – de gestion de projet : "diagnostiquer" (inventaires des ressources techniques et humaines), "fixer un cap" (formalisation d'objectifs), "cadrer le projet" (indicateurs de succès, gouvernance adaptée) et "évaluer" (suivi des indicateurs). En plus de ces principes directeurs, quatre thématiques prioritaires ont également pu être identifiées : travailler grâce à des méthodes "d'appels à projets" pour impliquer les différents acteurs, intégrer dès la conception la maintenance des équipements, budgéter le projet en fonction des besoins et des objectifs et, enfin, communiquer autour du projet.

Ivan Eve / EVS

(1) On rappellera qu'une nouvelle phase de l'appel à projets "Collèges numériques et innovation pédagogique", ouvert sous conditions aux écoles, a été lancée et se clôturera le 31 mars.

 

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