"RER métropolitain" de Strasbourg : les collectivités satisfaites des progrès
"Ponctualité et régularité sont à des niveaux satisfaisants" : deux ans après le lancement du Réseau express métropolitain européen (Reme), le "RER strasbourgeois", élus de la région Grand Est et de l'eurométropole sont satisfaits des progrès accomplis, concédant toutefois des débuts chaotiques.
Le Réseau express métropolitain de Strasbourg (Reme), qui constitue le premier "RER en province" et a ouvert la voie aux services express régionaux métropolitains (Serm) consacrés par la loi du 27 décembre 2023, a fêté son deuxième anniversaire en cette mi-décembre. Il devait apporter aux usagers de la capitale alsacienne et des communes alentour 800 trains supplémentaires par semaine à son lancement fin 2022, avec des passages plus fréquents et une amplitude horaire élargie.
Montée en puissance
Mais sa mise en service s'est avérée très compliquée, entre manque de conducteurs, matériels insuffisants et aléas climatiques (lire notre article). Confrontée à une charge de travail supplémentaire et des difficultés de recrutement, la SNCF avait fait face à un conflit social très suivi, qui avait conduit à une réorganisation des plannings de travail, au prix d'une revalorisation des primes. "L'ambition qui était la nôtre ne pouvait pas être atteinte dans un premier temps", convient aujourd'hui Franck Leroy, président (divers droite) de la région Grand Est. "Cela nous a valu un flot de critiques assez normal."
Après deux ans de montée en puissance, le Reme offre à présent 700 trains supplémentaires par semaine et se rapproche de son objectif initial. Il propose des trains chaque demi-heure, de 5h à 22h sur les axes périurbains (Haguenau, Molsheim, Sélestat, Mommenheim, Barr), des horaires adaptés permettant notamment des correspondances fluides avec le premier TGV vers Paris (6h40) et le dernier en provenance de la capitale (22h25), des dessertes directes entre Savernes et Sélestat sans changement à Strasbourg et une offre de week-end presque doublée (+90% par rapport à 2022).
Hausse de la fréquentation
"C'est sans équivalent à l'échelle nationale", reprend Franck Leroy. "Nous faisons circuler aujourd'hui chaque jour autant de TER que les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine réunies, deux régions plus importantes que nous en population et en taille. Strasbourg est de loin la gare de province la plus fréquentée, avec par exemple 150 trains de plus que Lyon-Part-Dieu et le double de trains qu'une gare comme Bordeaux." La gare de Strasbourg voit ainsi passer 350 trains chaque jour, dont une cinquantaine de TGV, soit 100 trains de plus qu'avant le lancement du Reme. Stéphanie Dommange, directrice régionale TER Grand Est à la SNCF, se félicite de cette "innovation" et de voir "un trafic qui augmente deux fois plus vite sur le périmètre de l'eurométropole que sur le reste de la région". Certaines lignes du Reme ont vu leur fréquentation bondir de plus de 40% comme celle de Strasbourg-Niederbronn.
Marges de progression
Pia Imbs, présidente de l'eurométropole de Strasbourg, fait quant à elle état de "beaucoup moins de récriminations, des trains qui arrivent à l'heure" et offrent la possibilité aux habitants des environs de prendre le train plutôt que leur voiture, "une alternative intéressante au moment où le coût de l'essence reste une problématique importante". Globalement, la fréquentation du Reme a augmenté de 15% depuis la rentrée 2023, selon les élus. Ceux-ci ont cependant reconnu qu'il restait "des marges de progression", notamment sur la ponctualité de plusieurs lignes, et souligné que certains aléas restaient incontrôlables (bagages abandonnés qui bloquent les gares, accidents voyageurs...).
À l'échelle nationale, 15 autres projets de Serm ont été labellisés dans d'autres grandes villes en juin dernier (lire notre article). "Aujourd'hui toutes les autres régions regardent Strasbourg", souligne Franck Leroy. "C'est ici le démonstrateur et tout le monde s'intéresse à la manière dont les choses ont été mises en oeuvre à l'échelle de Strasbourg et du territoire alsacien."