Réintroduction de l'ours dans les Pyrénées : la consultation publique est ouverte
La préfecture des Pyrénées-Atlantiques vient de lancer jusqu'au 25 juillet une consultation en ligne sur le projet d'introduction de deux ours bruns (Ursus arctos) femelles, qui divise le département. Relayée sur le site du ministère de la Transition écologique, cette consultation "n'est pas une enquête publique, aucun avis ne sera rendu", avait prévenu vendredi devant la presse le préfet Gilbert Payet, précisant avoir déjà envoyé le 18 juin son rapport définitif au ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. C'est "un rapport de 30 pages avec 150 pages d'annexes, le fruit de 25 réunions avec une centaine d'acteurs du territoire, bergers, élus, syndicats agricoles, et 40 réunions internes avec les services de l'Etat", avait détaillé Gilbert Payet.
Ce rapport, selon lui, porte sur le "suivi des ourses" et le "renforcement des mesures de protection des troupeaux". Pour le suivi des plantigrades, de nouvelles technologies devraient être employées, la durée de vie des colliers émetteurs étant liée à celle des batteries, soit environ deux ans. Parmi les mesures de protection préconisées, le rapport envisage la présence de chiens de berger, celle de bergers ou aides bergers sur place et l'installation de parcs ou cabanes autour des zones à ours, a développé le préfet, soulignant que ces mesures seraient financées par des fonds européens en partie ou en totalité.
Nicolas Hulot doit se rendre dans les Pyrénées-Atlantiques pour présenter son projet mais aucune date n'a été fixée officiellement et le préfet disait l'ignorer, tout en estimant que "les conditions de cette visite sont réunies" même si elle risquait d'avoir "pour seul effet de raviver les opposants".
Plan ours 2018-2028
L'Etat avait défini en mai dernier son plan ours pour 2018-2028, destiné à préserver l'ours brun dans les Pyrénées, y compris par l'introduction d'individus (lire notre article ci-dessous). Ce "plan d'action national", qui prévoit aussi des mesures de soutien aux éleveurs, faisait suite à l'annonce en mars par Nicolas Hulot de la réintroduction à l'automne de deux ours femelles dans les Pyrénées-Atlantiques, opération inédite depuis 12 ans. Selon un nouveau décompte du Réseau Ours brun, l'effectif était d'au moins 43 individus en 2017 (contre 41 en 2016), sur deux zones (Pyrénées occidentales et Pyrénées centro-orientales). A l'origine de la hausse de la population d'ours, la présence de 4 portées cumulant 7 oursons, un bon taux de survie des jeunes et la détection de 2 plantigrades non repérés en 2016. En 2017 aucun cas de mortalité n'a été constaté, mais Pyros, 29 ans, n'a plus été vu depuis avril 2017, et les ours Moonboots et Patoune sont considérés disparus car non repérés depuis deux ans, note encore le bilan.
Opposition des éleveurs
Selon le plan ours, les études montrent que la population doit être d'au moins 50 individus matures pour être viable dans les Pyrénées françaises, avec notamment l'existence d'échanges entre les différents noyaux (de population) afin de réduire les problèmes de consanguinité.
Mais comme pour le loup, la cohabitation avec les activités d'élevage alimente les tensions. Fin avril, plus de 1.200 bergers, agriculteurs et élus avaient défilé à Pau contre la réintroduction d'ours, à leurs yeux incompatible avec les activités pastorales. La part de la prédation de l'ours représente moins de 0,1% du cheptel, mais "certaines estives se trouvent très impactées", souligne le plan. Selon la Confédération paysanne, 1.200 animaux "victimes" lui ont été imputables en 2017.