Archives

Reconversion de Fessenheim : les projets de mobilité et d'innovation mis en avant

Les collectivités alsaciennes et services de l’État s'activent pour faire de la contrainte économique - la fermeture à l’été 2020 de la doyenne des centrales nucléaires françaises, l'accompagnement des 2.000 emplois directs, sous-traités ou induits, la perte de ressources fiscales et le démantèlement du site qui prendra au moins une décennie - une opportunité de développement d'activités classiques ou nouvelles. Le dernier comité de pilotage réuni le 26 septembre met l'accent sur des projets de mobilité et d'innovation scientifique. 

Déjà deux ans que l'après-Fessenheim se dessine. Lentement mais sûrement, diront les âmes sages. Alors qu'EDF vient de communiquer, ce 30 septembre, sur le protocole d'indemnisation de 400 millions d'euros qu'il recevra de la part de l’État en dédommagement de la fermeture définitive de la centrale - celle-ci interviendrait le 22 février 2020 pour le premier réacteur et le 30 juin de la même année pour le second - la reconversion de ce territoire rhénan suscite pour sa part un grand nombre de projets qui, avec le temps, tend à se stabiliser. 

Priorité à l'emploi

Le quatrième comité de pilotage du projet de territoire de Fessenheim réuni le 26 septembre en présence d'Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique, a ainsi confirmé l'axe portuaire. L'échéancier en vue de développer des activités sur le port fluvial de Colmar/Neuf-Brisach et sa plateforme multimodale a été précisé. Pour les porter, une nouvelle structure gestionnaire, une entreprise publique locale (Semop), va être créée en janvier. L’État y participera via Voies navigables de France et subventionnera l'équipement portuaire à hauteur d'un million d’euros. Ce projet n'est pas nouveau et si les collectivités se sont entendues dessus, c'est qu'il est, souligne-t-on dans un communiqué du ministère, "générateur d’emplois, moteur du développement d’une zone élargie et d'un flux de marchandises à faible impact environnemental".

La création de nouveaux emplois est en effet une priorité : 650 salariés d'EDF (qui devraient être redéployés sur l'ensemble des unités du parc), 400 emplois de sous-traitants (une structure d’accompagnement a été mise en place avec la région et Pôle Emploi) et près de 800 induits recensés sur le territoire sont liés à Fessenheim. Pour compenser cette chute de dynamisme et créer des emplois régionaux, l'une des voies explorées par le comité dédié est la rénovation énergétique des bâtiments publics, avec de lourdes rénovations en cours, en vue et subventionnés par l’État à hauteur de 3,1 millions d’euros en 2019 sur des collèges de Mulhouse. Le développement de projets d’énergie renouvelable est aussi à l'étude. La première tranche d'un appel d’offres spécifique au département du Haut-Rhin – deux autres suivront en janvier et juillet prochain – a attiré une dizaine de projets d’installations de production d’électricité photovoltaïque. Le projet porté par EDF de créer une unité de recyclage des métaux peu ou pas radioactifs issus du démantèlement des centrales reste d'actualité, sa faisabilité technique et économique est à l’étude, indique le ministère. 

Une SEM d'ici la fin 2019

La création de la société d’économie mixte franco-allemande (SEM) attendue pour dynamiser ce territoire se confirme également. Elle interviendra d'ici la fin de l'année, avec pour premiers actionnaires la région Grand Est, le département du Haut-Rhin, la communauté de communes Pays Rhin Brisach, Mulhouse Agglomération, la commune de Fessenheim, la ville de Freiburg-en-Brisgau, la ville de Breisach, ainsi que la Banque des Territoires, la CCI Alsace Eurométropole, la chambre de commerce et d'industrie de Fribourg-en-Brisgau (IHK Südlicher Oberrhein) et EDF. Les collectivités partenaires délibéreront à l'automne. Des projets de réouverture et de réhabilitation de lignes ferroviaires progressent également. Celle reliant les agglomérations de Colmar et de Fribourg, identifiée comme une action prioritaire, est en phase d'études techniques. Un financement Interreg devrait être sollicité. Celle reliant Colmar à Volgelsheim (fret du réseau capillaire), jugée indispensable au fonctionnement du port rhénan, fera l'objet de travaux dès septembre 2021. 

Le gouvernement concentre enfin son action sur l’appui à l'implantation de structures d’innovation, avec un projet de "hub d’excellence" sur de nouvelles solutions énergétiques qui "a retenu l’attention de la Commission européenne, qui finance directement la deuxième phase de l’étude". Sa mise en place est prévue début 2020. Un centre de ressources technologique reconnu, le Cetim Grand Est, porte aussi un projet de plateforme d’accueil des industriels "permettant aux PME/ETI de découvrir, d'expérimenter et de développer les nouvelles technologies avant déploiement dans leurs usines".
 

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis