Quelles seront les règles du contrat de projet ?
Dans quelles conditions le contrat de projet – un CDD dont l'objet est de mener à bien une opération identifiée – sera-t-il mis en œuvre dans les collectivités ? Un projet de décret en cours de préparation (donc susceptible de modifications) apporte des réponses.
Un projet de décret figurant à l'ordre du jour de la séance plénière du conseil commun de la fonction publique de ce 10 décembre doit fixer les modalités de mise en œuvre, dans chacun des versants publics, du contrat de projet instauré par la loi de transformation de la fonction publique.
Cette nouvelle modalité d'emploi, appelée aussi "contrat de mission", s'inspire directement d'un type de contrat expérimenté dans le secteur privé à partir de 2008 et pérennisé en 2014, pour permettre le recrutement d'ingénieurs et de cadres.
Mais le législateur a voulu que l'objet du contrat de projet dans la fonction publique soit bien plus large. A l'instar des administrations de l'Etat et des hôpitaux, les collectivités territoriales et leurs établissements publics pourront recruter par ce moyen des agents de toutes catégories "pour mener à bien un projet ou une opération identifié". Le législateur a également assoupli les conditions de durée du contrat de projet pour le secteur public, puisque ce dernier pourra couvrir une période de un à six ans, renouvelable une fois (dans la limite de six ans). En comparaison, dans le secteur privé, la durée du contrat ne peut varier que de dix-huit à trente-six mois et n'est pas renouvelable.
Transparence du recrutement
Les agents recrutés via un contrat de projet auront vocation à "occuper un emploi temporaire en vue de répondre à un besoin temporaire", indique le projet de décret que Localtis a pu consulter. Au cours de la phase de recrutement des agents, les collectivités devront respecter les principes qui seront prochainement fixés (pour les trois versants) par un décret visant à garantir la transparence et l'égalité d'accès entre les candidats aux "emplois permanents de la fonction publique ouverts aux agents contractuels" (le projet de texte a été examiné au cours de la séance du CCFP du 17 octobre).
Les conditions d'emploi des agents recrutés sous la forme d'un contrat de projet seront précaires. A titre d'exemple, la rémunération fixée lors du recrutement pourra "faire l’objet de réévaluation au cours du contrat, notamment au vu des résultats des entretiens professionnels". La décision appartiendra donc entièrement à l'employeur. En outre, l'agent qui sera atteint d’une inaptitude physique en cours de contrat ne pourra pas bénéficier d'un reclassement et pourra être licencié.
La vie du contrat de projet sera toutefois bien balisée. L'employeur sera tenu d'organiser "un ou plusieurs entretiens" durant la période couverte par le contrat. L'objectif étant de "faire un bilan de l’état d’avancement du projet". Par ailleurs, l'agent sera informé de la fin de son contrat "dans un délai de deux mois avant la réalisation du projet ou de l’opération". Dans le cas où la collectivité aura l'intention de renouveler le contrat, elle notifiera à l’agent son intention au plus tard deux mois avant le terme de ce contrat. L’agent disposera alors d’un délai de huit jours "pour faire connaître, le cas échéant, son acceptation".
Indemnité en cas de rupture anticipée
A noter encore : l'employeur territorial aura la possibilité d'interrompre le contrat de projet de manière anticipée, mais seulement après l’expiration d’un délai d’un an à compter de la date d’effet du contrat initial et seulement pour deux raisons (lorsque le projet ou l’opération ne peut pas se réaliser, ou lorsque le résultat du projet ou de l’opération a été atteint avant l’échéance prévue du contrat).
Dans ce cas, l'agent bénéficiera d'une indemnité "d’un montant égal à 10% de la rémunération totale perçue à la date de l’interruption du contrat" (à l'instar des salariés du secteur privé qui se trouvent dans cette situation).
Alors que de nouvelles manifestations et grèves sont prévues, ce mardi, contre le projet de réforme des retraites, le gouvernement a décidé de maintenir la réunion du conseil commun, comme l'a indiqué à Localtis le cabinet du secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics. Mais, selon des sources syndicales, la CGT, la FAFP, FO, la FSU et Solidaires ne prendront pas part à ces travaux. Le quorum ne devrait donc pas être atteint.
Le gouvernement s'est fixé pour objectif de publier le décret d'ici fin janvier 2020.