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Quel avenir les métropoles réservent-elles aux bibliothèques ?

Future conservatrice de bibliothèque, Marie-Emilia Herbet a étudié les politiques métropolitaines de lecture publique. Selon elle, la métropole peut être "une source de réflexion féconde pour les bibliothèques en quête d’innovation" et "soucieuses d’équité et d’inclusion".

"Vers des politiques métropolitaines de lecture publique : modèles et enjeux". Tel était le sujet de mémoire d'étude choisi par Marie-Emilia Herbet pour décrocher le diplôme de conservateur de bibliothèque. Elle a cherché en quoi "la montée en puissance des Métropoles dans le paysage territorial français ouvre un nouveau chapitre dans la gestion des bibliothèques de lecture publique, historiquement placées sous la responsabilité des communes", entrainant des mutations sur la mise en réseau des bibliothèques et "l’optimisation attendue des services" qu'elles offrent. Sa conclusion est optimiste : "Loin de représenter une menace, la Métropole peut être une source de réflexion féconde pour les bibliothèques en quête d’innovation, mais également soucieuses d’équité et d’inclusion". Elle ajoute : "Lieu de décloisonnement par excellence des pratiques et des publics, la bibliothèque aurait tort de se priver d’un troisième atout, celui du décloisonnement des territoires".

L'opportunité de monter en gamme, la menace de perdre de l'autonomie 

Ses recherches lui permettent de dresser le tableau des opportunités et des menaces de l'intervention métropolitaine. Dans la première colonne, elle liste : la remise à niveau de l’offre de lecture publique à l’échelle métropolitaine ; le rayonnement métropolitain de l’action culturelle des bibliothèques ; la circulation des documents à l’échelle métropolitaine ou dans les bassins de lecture ; les économies d’échelle attendues en cas de mutualisation des systèmes d’information documentaire ; la montée en compétences des personnels à travers les échanges professionnels ; la gestion RH "plus dynamique", avec possibilité d’offrir une progression de carrière à l’échelle du réseau ; la capacité d’innovation accrue ; la combinaison de la logique de rayonnement métropolitain avec la logique de proximité. 
Au registre des menaces, elle recense : la perte d’autonomie des bibliothèques au profit d’une centralisation accrue ; la crainte d’une "toute-puissance" de l’établissement central ; la mobilisation accrue des personnels de l’établissement central au service du projet métropolitain, sans renfort en ressources humaines ; la mise à distance des élus municipaux ; le risque de disparités entre les différents bassins de lecture ; le risque de concurrence entre la Métropole et le département en cas de mauvaise répartition des compétences.

La constellation de Montpellier, le rhizome de Clermont-Ferrand…

Marie-Emilia Herbet distingue les villes qui s’inscrivaient de longue date dans une logique de coopération, de celles pour qui la métropolisation a eu un effet d’entraînement sur la gouvernance de la lecture publique. Elle en déduit deux catégories de métropoles : les "pionnières" (Clermont-Ferrand, Montpellier, Strasbourg, Lille, Bordeaux, Rennes, Nancy) et les "suiveuses" (Lyon, Toulouse, Grenoble, Brest, Aix-Marseille, Nantes). 
Etudiant en détail les enjeux territoriaux de trois sites, elle en a tiré trois formes de découpages. Il y a ainsi la "constellation" à Montpellier, parce que "les bibliothèques métropolitaines forment l’armature d’un premier réseau, relié à un second ensemble constitué des bibliothèques municipales". Le "rhizome" de Clermont-Ferrand se caractérise quant à lui par un réseau couvrant tout le territoire métropolitain "sans discontinuité territoriale". Elle parle des "cercles concentriques" à Lyon, parce que sur cette métropole "coexistent deux cercles de coopération bien distincts selon le poids démographique des communes".
Aux villes "pionnières" et aux villes "suiveuses", Marie-Emilia Herbet ajoute une troisième catégorie : les métropoles "attentistes" ou "autarciques". Ce sont celles "qui tantôt s’octroient un délai de réflexion avant d’arbitrer le sort de la lecture publique, tantôt éclipsent ce domaine de leur champ d’action". Elle y classe : Dijon, Tours, Orléans, Rouen, Metz, Toulon, Nice, Paris et Saint-Etienne.

 

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