Quartiers de reconquête républicaine : des résultats peu probants

La crise sanitaire semble avoir eu plus d'impact sur le niveau de délinquance dans les 62 quartiers de reconquête républicaine que les moyens qui y ont été déployés. C'est ce qui ressort d'une première étude du SSMSI publiée sur le sujet.

Lancés par Gérard Collomb en 2018 dans la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes (voir notre article du 19 septembre 2018), les quartiers de reconquête républicaine (QRR) n'ont pas eu les effets escomptés. Il y a un an, la Cour des comptes saluait cette démarche "sur-mesure" qui s'accompagnait d'un renforcement des effectifs et d'une meilleure coordination entre les services, mais elle s'interrogeait sur leurs résultats concrets "en l’absence d’instrument de mesure efficace" (voir notre article du 27 avril 2023). Pour la première fois, une étude du SSMSI, le service statistique du ministère de l'Intérieur, permet d'y voir plus clair.

Les 62 QRR, créés en trois vagues successives, affichent un taux d'infraction 1,4 fois plus élevé que dans les grandes aires urbaines. Mais si l'on regarde les grandes familles d'infractions (homicides, coups et blessures volontaire dans ou hors du cadre familial, vols avec ou sans armes, cambriolages, vols de véhicules…) entre 2016 (deux ans avant leur création) et 2022, l'évolution de la délinquance y suit à peu près la même tendance que dans les zones comparables, les unités urbaines de plus de 10.000 habitants et leur agglomération d'appartenance. Une tendance qui est globalement à la hausse pour chacune de ces familles, à quelques exceptions près. Surtout, la date de 2018 ne semble pas marquer d'infléchissement. C'est le cas pour les homicides qui sont repartis à la hausse à cette date avant de reculer entre 2019 et 2020 (période de la crise sanitaire), puis de repartir de plus belle. L'écart a tendance à se creuser avec les territoires comparables.

Les coups et blessures hors du cadre familial ont également été orientés à la baisse pendant la période de la crise sanitaire avant de rebondir, et ce dans les trois types de territoires. Les coups et blessures intrafamiliaux sont en nette progression dans les trois types de territoires depuis 2017. Et la crise sanitaire et ses confinements a, ici, plutôt eu l'effet inverse. En revanche, les vols violents avec ou sans armes sont orientés à la baisse depuis 2016. 

Les cambriolages de logements ont nettement régressé à partir de 2018 mais pas plus vite dans les QRR que dans les territoires comparables et repartent à la hausse depuis 2020. C'est également le cas pour les vols de véhicules ou les vols dans et sur les véhicules, avec une accélération plus marquée dans les QRR depuis la crise sanitaire.

En somme, cette crise extérieure semble avoir eu plus d'effets sur le niveau de délinquance dans les QRR que les moyens nouveaux qui y ont été déployés.

 

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