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Projet de loi immigration : diriger les étrangers accueillis vers "les espaces ruraux"

Le directeur de l'Offi estime que le fait d'orienter vers les territoires ruraux les étrangers ayant obtenu un titre de séjour en France a du sens. Cette idée a été promue la semaine dernière par Emmanuel Macron évoquant devant les préfets le projet de loi Asile et Immigration qui sera finalement présenté "début 2023".

La volonté d'Emmanuel Macron de répartir davantage les populations étrangères dans les zones rurales à la faveur de la prochaine loi sur l'immigration est une "bonne solution" qui doit permettre de "casser les ghettos", a estimé ce 20 septembre le patron de l'Office français de l'immigration (Ofii). "Je pense que c'est une bonne solution parce qu'on a déjà une expérience de ce type. En ce qui concerne les demandeurs d'asile, nous faisons une répartition sur l'ensemble du territoire pour éviter la concentration en particulier en Île-de-France", a rappelé Didier Leschi sur RMC. "La proposition du président de la République va un peu plus loin puisqu'il (parle de) ceux qui obtiennent un titre de séjour, c'est-à-dire ceux qui obtiennent le statut de réfugié", a ajouté le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, organe du ministère de l'Intérieur chargé d'orchestrer cet accueil.

En annonçant jeudi 15 septembre devant les préfets un projet de loi sur l'asile et l'immigration "dès début 2023", Emmanuel Macron a plaidé pour une meilleure répartition des étrangers accueillis, notamment dans "les espaces ruraux, qui eux sont en train de perdre de la population" et où "nous devrons fermer des classes, vraisemblablement des écoles et des collèges". Dans ces régions, a estimé le chef de l'État, "les conditions de leur accueil seront bien meilleures que si nous les mettons dans des zones qui sont déjà densément peuplées, avec une concentration de problèmes économiques et sociaux massifs". Selon lui, aujourd'hui "notre politique aujourd'hui est absurde" car elle "consiste à mettre des femmes et des hommes qui arrivent, qui sont dans la plus grande misère" dans les quartiers les plus pauvres.

"C'est une politique qui doit se construire, c'est ce que nous essayons de faire et c'est ce qu'il faut penser", a convenu mardi le préfet Leschi. "Notre volonté, c'est de casser les ghettos, ça veut dire qu'on ne continue pas à entasser les mêmes aux mêmes endroits, c'est ça l'enjeu pour les années à venir", a-t-il ajouté.

Intégrer "vite et mieux"

Dans son discours aux préfets, Emmanuel Macron a plus globalement évoqué "une politique qui est tout à la fois inefficace et inhumaine, inefficace parce que nous nous retrouvons avec plus d'étrangers en situation irrégulière que nombre de nos voisins, inhumaine parce que cette pression fait qu'on les accueille trop souvent mal". "Nous avons un système d'aide monétaire, sociale, médicale, beaucoup plus généreuse que tous nos voisins", a-t-il jugé.

Le chef de l’État a dans le même temps jugé nécessaire d'"intégrer beaucoup plus vite et beaucoup mieux celles et ceux qui ont même un titre provisoire, par la langue et par le travail".

Il a promis "d'améliorer l'efficacité des politiques de reconduite" à la frontière pour les étrangers en situation illégale, évoquant notamment la nécessité de conditionner davantage l'octroi de visas à "l'esprit de coopération pour reprendre les étrangers en situation irrégulière, à commencer par celles et ceux qui troublent l'ordre public".

Il a enfin mis l'accent sur "deux territoires qui feront l'objet d'une attention toute particulière", la Guyane et Mayotte, où "il faudra sans doute (...) changer les règles avec beaucoup de force parce que la réalité géographique et démographique de ces territoires est profondément différente du reste du sol de la république". À Mayotte, où le droit du sol a déjà été durci en 2018, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé lors d'un déplacement sur l'île fin août vouloir encore durcir l'accès à la nationalité française.

Gérald Darmanin espérait initialement faire examiner son projet de loi immigration au Parlement dès la rentrée, avant qu'Élisabeth Borne n'impose la tenue à l'automne d'un "grand débat" sur le sujet, repoussant l'examen du texte de plusieurs mois. Ce "grand débat" devrait avoir lieu en octobre à l'Assemblée nationale et au Sénat. "Nous avons une proposition de texte législatif, mais pour un tel sujet, deux mois de concertation ne sont pas de trop", avait justifié le ministre de l'Intérieur début août.

 

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