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Transports - Priorité au report modal

L'année 2008 s'annonce chargée sur le front des transports pour mettre en oeuvre la rupture annoncée lors des tables rondes finales du Grenelle de l'environnement. Il s'agit en effet de passer d'une logique de développement séparé des modes de transport qui donnait la priorité aux infrastructures routières et autoroutières à une logique de développement intégré, multimodal, dans laquelle la route et l'avion deviennent des solutions de dernier recours. Cette nouvelle orientation vise à diminuer l'intensité énergétique des transports en réduisant de 20% d'ici 2020 les émissions de CO2 qu'ils génèrent, pour les ramener au niveau de 1990.
Dans le cadre des chantiers opérationnels du Grenelle, pas moins de trois comités sont chargés de plancher sur la problématique des transports multimodaux de marchandises, des lignes à grande vitesse et du réseau classique et des transports urbains et périurbains. Ils devront remettre leurs rapports d'ici la fin janvier.
D'ici mars prochain doit être réalisé un schéma national des nouvelles infrastructures de transport, incluant tous les modes, qui doit permettre d'évaluer globalement leur cohérence et leur impact sur l'environnement et l'économie, avant toute nouvelle décision. La création d'un Observatoire des transports, associant les parties prenantes est également attendue. Cette instance devra évaluer les émissions de gaz à effet de serre selon une méthodologie commune pour instaurer ensuite un affichage obligatoire de ces émissions dans les commandes et prestations de transport.
Le texte créant une Autorité de régulation ferroviaire, qui aura pour mission de faciliter la gestion des sillons afin de favoriser le report modal, sera présenté au Parlement "dans les premières semaines de la rentrée de janvier", selon Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat chargé des transports. L'instauration d'une écotaxe sur les poids lourds sera également présentée en début d'année, le secrétaire d'Etat assurant que "ces mesures sont prêtes". Devraient être concernés les camions de plus de 3,5 tonnes empruntant les autoroutes et le réseau routier national non concédé, de même que certaines routes départementales si l'état du trafic le justifie. La région Alsace sera la première à être opérationnelle sur le sujet.
Concernant le report du transport des marchandises sur les longues distances de la route vers les autres modes de transport, l'objectif est d'augmenter d'un quart d'ici cinq ans la part du fret non routier et, à l'horizon 2020, de retirer deux millions de poids lourds de l'axe nord-sud. Ce transfert devra être réalisé grâce au transport combiné,  aux autoroutes ferroviaires et aux autoroutes de la mer. Sur ce dernier point, Dominique Bussereau a indiqué le 20 décembre, au cours des rencontres parlementaires sur les transports, que des initiatives seront annoncées lors du prochain sommet franco-espagnol le 10 janvier et d'autres plus tard avec l'Espagne et l'Italie sur les dessertes méditerranéennes. Il a également insisté sur l'importance de "la réussite par la SNCF de la reconquête du fret", sur la nécessité de donner aux autres opérateurs privés des créneaux de circulation ferroviaire et la mise en oeuvre d' "opérateurs de proximité". Autre réforme attendue : celle des ports maritimes, pour améliorer leur attractivité et relancer la croissance du trafic, aujourd'hui moindre que celle des principaux ports européens.
Du côté du transport de voyageurs sur longue distance, le Grenelle a prévu de doubler le réseau de lignes à grande vitesse (LGV) : d'ici 2020, 2.000 kilomètres de lignes supplémentaires devront être lancés et 2.500 kilomètres supplémentaires à plus long terme seront à l'étude. Ce programme va faire l'objet d'ici l'été 2008 d'une négociation avec les collectivités, régions en tête. Priorités, tracés, alternatives à la grande vitesse, de même que l'épineuse question du financement seront discutés.
Dans le secteur des transports urbains et périurbains, 1.500 kilomètres de lignes nouvelles de tramways ou de bus en site propre sont prévus dans les 10 ans (contre 329 aujourd'hui), auxquels s'ajoutent d'importants projets en Ile-de-France pour faciliter les transferts de banlieue à banlieue (projets Métrophérique ou Arc Express de métro automatique autour de Paris, prolongement d'Eole). D'ici fin 2008, ce programme devra faire l'objet d'une négociation avec les autorités organisatrices de transports (AOT) et l'ensemble des collectivités territoriales concernées pour une définition précise de son contenu, des modalités de financement de l'Etat, sachant que son coût a été évalué par le Gart à 18 milliards d'euros (hors Ile-de-France). L'élargissement des compétences des AOT sera aussi discuté.

Enfin, l'amélioration de la desserte des quartiers en difficulté  en favorisant leur désenclavement par des transports en commun en site propre devrait aussi figurer au menu du plan "Respect et égalité des chances" que présentera la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, Fadela Amara, le 22 janvier.

 

Anne Lenormand

 

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