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Pour le président de l'OZP, "les CP à 12 élèves ne peuvent tenir lieu à eux seuls de politique d'éducation prioritaire"

La rentrée scolaire s’est faite sans accroc et dans la continuité des réformes engagées les années précédentes dans les établissements en éducation prioritaire. C’est ce qui est ressorti d’une rencontre organisée le 11 octobre par l’Observatoire de l’éducation prioritaire (OZP). Malgré un premier bilan globalement positif, des inquiétudes demeurent. "Le fait de se concentrer sur les premiers apprentissages c’est bien, mais les CP à 12 élèves ne peuvent tenir lieu à eux seuls de politique d’éducation prioritaire", estime Marc Douaire, président de l’OZP.
Dans l’ensemble, les chefs d’établissement présents lors de cette rencontre ont souligné la volonté de leurs équipes de poursuivre la dynamique engagée par les réformes mises en place par le précédent gouvernement. "J’étais inquiète car en juin nous avons d’abord eu le sentiment d’un désaveu", témoigne Nathalie Keller, principale du collège Rouault (Paris 19e). "Je me suis dit que les équipes qui s’étaient beaucoup investies allaient être découragées. En fait, j’ai été rassurée par leur volonté de pérenniser le travail engagé."

"Les professeurs du second degré ont découvert la plus-value apportée par le travail collaboratif"

Même constat de la part de Pascale Petit, principale du collège Travail à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). "Les enseignants ont envie d’aller au bout de ce qu’ils ont commencé, en approfondissant certains aspects. J’ai notamment eu le sentiment que les professeurs du second degré ont découvert la plus-value apportée par le travail collaboratif."
Selon Nicolas Leyri, coordonnateur d’éducation prioritaire à Orly (Val-de-Marne), le travail de préparation et de concertation mené en mai et juin et la dynamique créée notamment en REP+ a permis "d’absorber les nouvelles difficultés d’une façon satisfaisante" et de permettre que la rentrée se fasse de manière sereine.

La politique de l’éducation prioritaire se poursuit mais "on ne nous encourage plus"

La vision du nouveau gouvernement sur l’éducation prioritaire a fait débat lors de cette rencontre. "Les différents rapports qui fleurissent pourraient laisser penser à une remise en cause mais la politique de l’éducation prioritaire se poursuit et ne semble pas menacée en tant que politique nationale", estime Marc Douaire. Cependant, des craintes se font jour. "L’éducation prioritaire ne semble plus être primordiale", observe Hélène Vinessen, principale du collège Henri Matisse à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). "Avant, on sentait que l’on était des acteurs importants, que notre rôle était déterminant. Mais le discours institutionnel n’est plus le même sur la réduction des inégalités. Nous ne sommes pas entravés, nous avons encore une certaine liberté mais on ne nous encourage plus, alors qu’on en a besoin."

"L’histoire de l’éducation prioritaire est faite de stop-and-go"

Parmi les points de vigilance soulevés lors de cette rencontre figure notamment la question des remplacements des professeurs de REP+ absents lors de leur temps de formation et de concertation. Ou encore la pression mal vécue par les professeurs de CP en raison de l’objectif "100% de réussite au CP".
Nelly Rizzo, secrétaire nationale du SNUIPP-FSU estime également qu’en finançant le CP à 12 élèves, "cela limite les moyens alloués pour les remplacements et l’ouverture des dispositifs pour les moins de trois ans". D'autant que de l'avis général, le CP à 12 élèves pose question car il ne permet pas de dynamique de classe et ne garantit pas nécessairement de meilleurs résultats.
Cette année est avant tout vécue comme une année de transition. "Il faudra être vigilant pour la prochaine rentrée", insiste Marc Douaire. Pour lui, "l’histoire de l’éducation prioritaire est faite d’aller-retour, de stop-and-go. Ces mouvements perpétuels interrogent sur la pertinence de l’action publique et remettent en cause le travail engagé par les personnels".

 

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