Pour Action logement, 2024 "s'ouvre dans un climat d'incertitudes"
Le groupe Action logement a présenté ses vœux à la profession ce mardi 16 janvier en présence d’un aréopage de personnalités dont Christophe Béchu, en charge du logement en tant que ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Pour l'heure, pas d'annonce nouvelle de la part de l’État pour aider le secteur de l’immobilier à se redresser.
Tout en tentant de donner un caractère festif à cette cérémonie qui a eu ce mardi 16 janvier dans le somptueux décor de la Cité de l'architecture, celle-ci se tenait dans une ambiance particulière, pour ne pas dire tendue, au regard du contexte de crise contre lequel le secteur de l'immobilier en général et du logement en particulier se débat depuis plus d'un an. "Nous avons tenu au cœur d'une tempête terrible comme le secteur n'a jamais connu, mais dans quelles conditions", a tenu Bruno Arcadipane, le président d'Action logement, à l'adresse de Christophe Béchu. Pour soutenir le secteur, Action logement a notamment acquis en Vefa 30.000 logements, pour lesquels il a reçu plus de 100.000 offres de tous les territoires et de tous les acteurs. "Nous avons limité la casse du secteur de la construction aux abois, mais les problèmes demeurent au quotidien, il y a une grande, grande anxiété chez l'ensemble des partenaires de notre profession. Le secteur est asphyxié, car en-dehors de la double initiative d'Action logement et de la Caisse des Dépôts, il ne s'est pas passé grand-chose".
"Tirer la sonnette d'alarme sur l'état du secteur"
Le président d'Action logement a toutefois rendu hommage au ministre "toujours présent, notamment lors de la signature de la convention quinquennale avec l'État en juin dotée de 14,4 milliards d'euros et assortie de l'engagement d'Action logement de construire 200.000 logements supplémentaires. Ceci dit, l'année 2024 s'ouvre dans un climat d'incertitudes, on ne connait pas encore les effets de la crise de 2023", a prévenu Bruno Arcadipane, souhaitant faire en sorte que 2024 ne ressemble pas à 2023. Il a tenu à "tirer publiquement la sonnette d'alarme sur l'état du secteur". "Si aucune prise de conscience douloureuse n'existe au plus haut niveau sur les enjeux sociaux, sociétaux et économiques liés au logement, si n'est prise aucune mesure forte, simplificatrice permettant un redémarrage de nos activités, je crains que les jours à venir ne soient sombres", a-t-il lancé, appelant à "moins de textes et plus d'actes".
"Sans nier la crise", Christophe Béchu a pointé "le décalage grandissant entre les besoins, en partie liés aux projets de réindustrialisation, et de l'autre la réalité de la construction". Mais aussi "des disparités géographiques considérables". "Toute une série de freins sont grippés, a-t-il évoqué, dont des freins économiques, mais comment masquer le fait qu'un maire qui veut signer un permis de construire se retrouve face à un collectif de riverains qui s'y oppose ?"
Rencontre avec Gabriel Attal ce mercredi
Sa conviction : la nécessité de jouer sur tous les leviers en n'imaginant pas que les recettes d'hier seront celles à déployer demain. "J'assume la suppression du Pinel car la défiscalisation a aussi eu des effets pervers", a admis Christophe Béchu. Au final, ces réflexions doivent être au cœur d'un échange avec le Premier ministre ce mercredi 17 janvier spécifiquement sur le logement. Mais Christophe Béchu a prévenu que "la base de la discussion est la loi de décentralisation pour favoriser les constructions là où il y a des besoins sociaux". À la question de savoir si la future loi logement, promise tout au long du dernier trimestre de 2023 par l'ancien ministre du Logement, Patrice Vergriete, poursuivait son chemin, Christophe Béchu a répondu "qu'entre les meublés touristiques, les copropriétés dégradées, sur lesquelles un premier texte est examiné par l'Assemblée nationale, les réflexions sur la décentralisation, et quelques initiatives parlementaires sur d'autres sujets, nous allons avoir dans le semestre qui vient, avec des formes et des véhicules qui ne sont pas tous arrêtés, beaucoup de choses". Enfin, il a assuré qu'il resterait "à la tête d'un pôle dans lequel ces dimensions vivent mieux ensemble, même si le gouvernement a vocation à être complété".
Alors que Nadia Bouyer, directrice générale d'Action logement, a évoqué "une grande violence sur le secteur du logement à laquelle Action logement n'a pas échappé", Philippe Lengrand, vice-président d'Action logement, a décrit "un climat général du logement et de l'immobilier désastreux pour l'ensemble des acteurs qui ont exprimé leur inquiétude que je partage". "Qui peut se satisfaire d'avoir des centaines de milliers d'actifs qui ont un emploi mais des difficultés à se loger ?", a interpelé Philippe Lendrand, pointant une situation qui est le "ferment d'une décohésion sociale" dont Action logement tente d'atténuer les effets avec sa palette de services en faveur du logement des salariés : 376.500 nouvelles garanties Visale, 160.000 aides à la mobilité et 130.000 attributions locatives. |