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Investissements - Plan Juncker : la BEI ne veut pas voir son action entravée par trop de technocratie

Alors que la mise en place effective du Plan Juncker prend du temps, la Banque européenne d'investissement a décidé de commencer à travailler, sans attendre les ajustements techniques.

La Banque européenne d'investissement (BEI) est dans les starting blocks, à entendre son vice-président Philippe de Fontaine Vive, lors d'une conférence de presse à Paris le 12 février. Elle est mobilisée depuis les premières annonces, fin novembre, sur les modalités de mise en œuvre du plan d'investissement de la Commission européenne, dont elle est le bras armé. Elle va d'ailleurs réunir ses gouverneurs le 17 février pour un échange consacré exclusivement à ce sujet.

Un chantier financier colossal pour la BEI

Philippe de Fontaine Vive, encore en poste pour quelques jours, souhaite que le travail soit engagé dès que possible.
2.000 projets susceptibles d'être financés par le plan ont déjà été identifiés, pour un montant de 1.300 milliards d'euros. Courant novembre, les Etats avaient transmis une liste, à titre illustratif, des projets pour lesquels un investissement via ce plan serait le bienvenu.
La BEI doit permettre d'engager les premiers fonds visant à attirer les capitaux privés pour atteindre les 315 milliards d'euros d'investissements souhaités. Un chantier financier colossal va s'engager via un fonds de garantie de 21 milliards d'euros (dont 16 milliards issus du budget européen et 5 millions de la BEI elle-même).

Les discussions entre les 28 toujours en cours

La BEI a donc choisi de ne pas attendre la finalisation technique et juridique complète du plan pour commencer à travailler. Mais elle se retrouve malgré tout dans l'attente d'un accord entre les Etats membres de l'UE.
Chaque Etat doit aussi décider s'il abonde ou non le fonds de garantie de 21 milliards avec ses propres deniers. Les volontaires ne se bousculent pas. Dans l'attente de leur décision, le montant de ce fonds de garantie n'est donc pas arrêté.
La Commission européenne doit également prendre son mal en patience, malgré la volonté de son président de travailler vite. D'autres sujets majeurs sont au menu des discussions entre Etats (l'Ukraine, la dette grecque…) et les échanges sur le plan Juncker avancent donc lentement. Les directions générales de la Commission envisagent une finalisation du plan avec des projets arrêtés pour l'été 2015, mais sans certitude.

Echanges réguliers avec les banques publiques nationales

Des discussions ont aussi été engagées entre la Banque européenne d'investissement et les banques publiques nationales. "Leur présence territoriale est très utile, car la BEI ne peut pas ouvrir des bureaux dans toutes les régions", estime Philippe de Fontaine Vive. Cependant, ces dernières émettent quelques réserves sur la capacité de la banque à pouvoir instruire les dossiers rapidement.
Un problème balayé par le vice-président de la BEI qui assure que ces procédures peuvent aller vite. "Quelques mois seulement", indique-t-on dans son entourage. Il en profite pour réfuter toute animosité entre la BEI et la Caisse des Dépôts française : "Nous échangeons beaucoup et cela se passe très bien."

Exhortation à la souplesse

Toutefois, le directeur général de la Caisse des Dépôts Pierre-René Lemas a affirmé, fin janvier, redouter un processus trop technocratique. La souplesse du fonds est jugée indispensable par Philippe de Fontaine Vive. Il ne souhaite d'ailleurs pas que des quotas d'investissements par pays soient mis en place pour ce plan.
Le vice-président réclame donc qu'on "laisse la BEI travailler", sans lui imposer des règles administratives et techniques qui vont "lui faire perdre du temps". L' "ultime cri du cœur" de Philippe de Fontaine Vive, qui quitte la BEI avant la fin du mois de février.
 

 

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