Perturbateurs endocriniens : un rapport d'inspections plaide pour une future stratégie nationale "zéro exposition"

Adoptée en septembre 2019, la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE2) a permis quelques avancées mais son bilan reste modeste estime un rapport des inspections générales des Affaires sociales et de l'Environnement et du Développement durable, publié ce 8 juillet. Compte tenu des risques que ces substances font peser sur la santé et l'environnement, les auteurs du rapport recommandent le lancement d'une troisième stratégie "zéro exposition" à condition d'en revoir profondément la gouvernance, le format et le contenu.

Présents dans de nombreux objets et produits de la vie courante et professionnelle (produits ménagers, détergents, produits phytosanitaires, cosmétiques, aliments, etc.), les perturbateurs endocriniens (PE) se retrouvent ensuite, dans les milieux aquatiques, l'air et les sols. En déréglant la fonction hormonale des organismes vivants, ces substances chimiques peuvent affecter la santé humaine (cancers, troubles du neuro-développement, infertilité…) parfois sur plusieurs générations et ont également un impact sur les écosystèmes (faune, érosion de la biodiversité...). Adoptée en septembre 2019, la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (dite "SNPE2") avait pour ambition de réduire l'exposition de la population et de l'environnement aux PE, avec un plan d'action en trois volets – "Former et informer", "Protéger la population et l'environnement", "Améliorer les connaissances". Mais selon le rapport d'une mission d'évaluation des inspections générales des Affaires sociales et de l'Environnement et du Développement durable publié ce 8 juillet, la SNPE2 a eu "un bilan mitigé".

Initiatives prises par les acteurs locaux, hors stratégie nationale

"Des avancées ont été faites (notamment en matière de réglementation, de recherche et d'information des futurs et jeunes parents), mais elles restent bien en deçà des objectifs fixés en 2019, surtout en ce qui concerne les contrôles et la réduction des émissions", écrivent les auteurs du rapport. L'objectif premier était de réduire l'exposition de la population et de l'environnement aux perturbateurs endocriniens, mais "les lacunes du dispositif de surveillance et le manque de suivi des indicateurs ne permettent pas d'apprécier (son) atteinte - ou non", observent-ils aussi.

Outre cette "efficacité limitée", le rapport pointe aussi une "gouvernance hésitante" et un manque de cohérence de la stratégie. Il note que de nombreuses initiatives ont été prises par les acteurs locaux (associations, collectivités territoriales, services de l’Etat, assurance maladie, crèches, maternités…) pour lutter contre les risques environnementaux, dont les PE. Mais "ces projets se sont déployés en grande partie 'hors SNPE2' qui n’apporte ni financements ni cadre d’action à ces acteurs". "Si les données manquent pour en apprécier l’impact, ces actions de prévention suscitent indiscutablement des dynamiques territoriales positives en matière de santé environnementale, au bénéfice des publics les plus à risque au premier rang desquels figurent les femmes enceintes et les jeunes enfants", relèvent toutefois les auteurs du rapport.

"Changement radical" pour la prochaine stratégie

Vu "les risques que les perturbateurs endocriniens font peser sur la santé humaine et celle des écosystèmes", ils jugent "nécessaire" de poursuivre les efforts engagés depuis dix ans et de lancer une troisième stratégie nationale (SNPE3). Mais il faudra "un changement radical" à plusieurs étages, préviennent-ils. Ils recommandent ainsi "un objectif ambitieux pour les quinze prochaines années" ("Zéro exposition aux perturbateurs endocriniens"), et des priorités de réduction effective de l'exposition, pas uniquement de production de connaissances, de formation des professionnels et d'information du public.

La stratégie sur les perturbateurs endocriniens doit également "être portée beaucoup plus fermement au niveau politique", à l'échelle nationale ou européenne, et encourager les initiatives de terrain, écrivent-ils aussi. Elle doit aussi être assortie de plans d'actions quinquennaux, ciblés sur un nombre restreint d'objectifs et dotés d'un budget spécifique, recommandent-ils.

 

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