Archives

Sport / Santé - Pelouses synthétiques : peu de risque pour la santé selon l'Anses

A l'automne 2017, de nombreux articles de presse s'étaient faits l'écho d'études mettant en avant les risques sanitaires liés à l'utilisation des granulats de caoutchouc recyclés dans les pelouses synthétiques des terrains de sports. Considérant que selon l'inventaire des équipements sportifs du ministère des Sports le nombre de terrains sportifs synthétiques de grande dimension était estimé au début de l’année à environ 3.000 en France, la question avait rapidement ému nombre d'élus locaux.
En février 2018, six ministères – Transition écologique et solidaire, Solidarités et Santé, Économie et Finances, Travail, Agriculture et Alimentation, et Sports – annonçaient avoir conjointement pris la décision de saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) afin d'obtenir une analyse des données et études disponibles sur les principales substances présentes dans ces granulés et matériaux en caoutchouc et sur leur niveau de dangerosité.
L'Anses a donc recensé plus d’une cinquantaine d’études et expertises publiées au niveau international sur les risques liés aux terrains synthétiques. Et selon sa note d'appui scientifique rendue publique le 18 septembre, "les études existantes concluent à un risque peu préoccupant pour la santé" mais "évoquent des risques potentiels pour l’environnement".

Risques pour l'environnement

En effet, "les analyses épidémiologiques existantes ne mettent pas en évidence d’augmentation du risque cancérogène, en particulier des lymphomes et leucémies, associée à la fréquentation ou la mise en place de terrains de sport synthétiques, et ce notamment, au vu des faibles concentrations de substances cancérogènes émises ou relarguées par les granulats de pneus".
Quant aux risques potentiels pour l’environnement, ils seraient "liés au transfert de substances chimiques dans les milieux (zinc, phénols…) via les sols et les systèmes de drainage des eaux de pluie". Sur ce point, l’Anses recommande "l’élaboration d’éléments méthodologiques en vue de la conduite d’évaluation des risques environnementaux, à réaliser localement avant toute mise en place de ce type de revêtement".

Limites méthodologiques

L’Anses souligne cependant "des incertitudes liées à des limites méthodologiques et un manque de données". Selon elle, les études analysées "ne prennent pas suffisamment en compte la variabilité de la composition des terrains synthétiques. L’agence recommande donc de "procéder à une analyse plus large des polluants contenus et émis par ces granulats, en particulier concernant les poussières susceptibles d’être émises afin notamment de préciser les expositions professionnelles".
L'Anses propose enfin "des axes de recherche prioritaires qui permettront de consolider les données et de compléter […] les évaluations [du] risque", et soutient la proposition de restreindre la teneur en HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) dans les granulats de caoutchouc, en cours d’instruction dans le cadre du règlement européen Reach, "afin de garantir une teneur aussi faible que possible de ces composés préoccupants".