Pauvreté et insécurité : deux préoccupations grandissantes chez les Franciliens
L'inquiétude des Franciliens face à la pauvreté ne cesse d'augmenter depuis 2015. C'est la première préoccupation des habitants, loin devant la délinquance et le chômage, selon la douzième enquête de victimation de l'Institut Paris Région, publiée le 8 février.
Depuis 2015, la pauvreté s'impose comme la principale préoccupation des Franciliens, devant l'insécurité, selon une enquête de l'Institut Paris Région (IPR) publiée jeudi 8 février. Ainsi, en 2023, la pauvreté apparaît pour près d'un Francilien sur deux (46%) comme la priorité d'action à assigner au gouvernement. Une part qui a plus que doublé depuis 2015 (22,1%). Ce qui n'empêche pas les habitants de se montrer de plus en plus inquiets face à l'insécurité. 22,3% d'entre eux estiment que la lutte contre la délinquance devrait arriver en tête des priorités du gouvernement, contre 15,7% en 2019, selon la douzième enquête "victimation et sentiment d'insécurité en Île-de-France". Cette enquête, reconduite tous les deux ans depuis 2001 "est un dispositif unique à une échelle régionale", souligne l'institut. Pour ce faire, 9.000 habitants ont été interrogés au téléphone entre janvier et mars 2023, "soit quelques mois avant les émeutes urbaines qui ont éclaté au cours de l’été de cette même année", est-il précisé.
Pour un peu plus d'une personne sur trois (34,3%), c'est l'absence de moralité qui est la principale cause de la délinquance, devant une justice trop indulgente (29,8%) ou encore le chômage (27,7%). Malgré cette préoccupation grandissante, la proportion de Franciliens se sentant en insécurité progresse peu (54,4% en 2023 contre 53,7% en 2021), et reste assez stable depuis 2007, après avoir fortement baissé depuis 2001 (la proportion était alors de 68,2%). 43% des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes d'agressions en 2023, un chiffre très légèrement inférieur à 2021 (43,2%), mais assez nettement inférieur à 2019 (50,9%).
L'éducation, une priorité majeure
L'enquête montre aussi que la crainte du chômage suit une courbe inverse de celle de l'insécurité, de la pauvreté ou de la pollution. Ainsi entre 2013 et 2023, la part de personnes préoccupées par le chômage n'a cessé de baisser, passant de 56,5% à 16,5%. La préoccupation face à la pollution augmente régulièrement sur la même période pour s'établir à 14,4% de la population.
Enfin, les Franciliens se montrent plutôt satisfaits de l'évolution en matière d'équipements. Ils constatent une amélioration pour ce qui est des établissements scolaires (87,9% de satisfaits en 2023 contre 71,8% en 2001), des transports en commun (84% contre 75,9% en 2001) ou des commerces (78,3% contre 70,4% en 2001). Le taux de satisfaction se dégrade en revanche légèrement pour les services administratifs (76,8% de satisfaits en 2023 contre 84% en 2001). À noter que trois habitants sur quatre considèrent que l'éducation doit constituer une "priorité majeure", devant le renforcement du système de santé, suivi de la lutte contre la précarité.