Nuitées de touristes non résidents : la France très loin derrière l'Espagne et l'Italie
Eurostat publie les chiffres 2016 des nuitées passées dans des établissements d'hébergement touristique dans l'Union européenne (UE). Les hébergements touristiques recouvrent les hôtels et hébergements similaires (comme les chambres d'hôtes), les hébergements touristiques et autres hébergements de courte durée (maisons de vacances pour enfants, appartements et pavillons de vacances, auberges de jeunesse, refuges de montagne...), ainsi que les terrains de camping et parcs pour caravanes ou véhicules de loisirs.
Autre précision méthodologique : le nombre de nuitées inclut les nuitées passées par les résidents comme par les non-résidents (originaires ou non de l'UE), aussi bien pour des séjours d'affaires que de loisirs.
Nuitée touristiques en 2016 : +2% en Europe, -4,6% en France
Les résultats 2016 confirment le décrochage de la France. Si l'impact des attentats n'est évidemment pas étranger à cette situation, bon nombre d'acteurs nationaux du tourisme s'interrogent ouvertement sur certaines faiblesses structurelles de l'offre touristique française.
Ainsi, le nombre de nuitées passées dans des établissements d'hébergement touristique au sein de l'UE devrait culminer, en 2016, à plus de 2,8 milliards, en hausse de 2,0% par rapport à 2015. Depuis 2009, ce chiffre est en augmentation constante, notamment sous l'effet de la hausse du nombre de nuitées des non-résidents.
En 2016, tous les Etats membres enregistrent une progression de leur nombre de nuitées touristiques, à deux exceptions près : la France (-4,6%) et le Royaume-Uni (-4,5%). Certains pays - qui ne sont toutefois pas en tête des fréquentations touristiques - enregistrent même des progressions spectaculaires, comme la Bulgarie (+17,9%), la Slovaquie (+16%), la Pologne (+11,8%) ou Chypre (+10,9%)
Sur l'ensemble des pays de l'UE, cette progression des nuitées touristiques est tirée par les non-résidents (+3,6% en 2016), nettement plus rapide que pour les résidents (+0,6%). Avec une seule exception : la France, où les nuitées des non-résidents ont reculé de 8,7% l'an dernier, ce qui représente une perte d'environ douze millions de nuitées.
Les attentats n'expliquent pas tout
Cette situation profite à l'Espagne qui, avec 454 millions de nuitées et +7,6% en 2016, conforte encore son avance sur la France (395 millions et -4,6%), désormais rattrapée par l'Italie (395 millions et +0,5%). Viennent ensuite l'Allemagne (390 millions et +2,8%) - juste derrière - et le Royaume-Uni (292 millions et -4,5%).
Si on raisonne uniquement sur les nuitées de non-résidents (originaires ou non de l'UE), la France ne figure qu'au troisième rang de l'UE avec 122 millions de nuitées (9% du total de l'UE), loin derrière l'Espagne (294 millions et 22%) et l'Italie (196 millions et 15%) et tout juste devant le Royaume-Uni (120 millions et 9%).
Ces écarts sur la clientèle étrangère illustrent la distorsion entre le discours officiel sur la France "première destination touristique mondiale" - autrement dit le raisonnement en termes d'arrivées de touristes étrangers - et la réalité économique qui voit l'Espagne réaliser presque trois fois plus de nuitées de touristes non-résidents que la France.
Une dichotomie qui s'explique par le fait que la France est, pour une bonne part, un pays de transit, qui voit les touristes allemands, britanniques et nord-européens traverser rapidement le territoire pour passer des séjours... en Espagne ou en Italie. L'enjeu est connu depuis des années : transformer une partie de ce tourisme de transit en un tourisme de séjour.