Mobilité : les travaux publics appellent à lever les incertitudes sur le financement des infrastructures
Depuis deux ans, le secteur des travaux publics a renoué avec un cycle de croissance, en grande partie dû à la reprise des investissements des collectivités territoriales. Mais sa fédération professionnelle, la FNTP, craint que les incertitudes sur le financement des infrastructures ne viennent freiner cet élan alors qu'elle estime qu'il peut être une partie de la solution à la crise des gilets jaunes.
"Il serait paradoxal que l'on soit les dindons de la farce alors que l'on est investi sur la mobilité depuis des années", a souligné Bruno Cavagné ce 10 janvier. Lors d'une conférence de presse, le président de la Fédération nationale des travaux publics a appelé à des solutions rapides face à la crise des gilets jaunes qui n'a pas surpris les entreprises du secteur. "Le sentiment de fracture sociale et territoriale, d'inégalité d'accès aux infrastructures, était très présent dans les débats que nous avons nous-mêmes organisés dans les régions depuis deux ans". "A l’heure où chacun cherche des solutions à la sortie de [cette] crise, nous avons deux convictions : d’une part, nous payons dix ans de sous-investissement dans les infrastructures ; d’autre part, il serait contreproductif que les infrastructures soient les victimes collatérales de l’impécuniosité de l’État alors qu’elles sont une partie de la solution", estime la FNTP qui souhaite inscrire les besoins de mobilité et d'amélioration des infrastructures dans le Grand Débat voulu par le président de la République. Car pour la fédération professionnelle, "la trajectoire financière des infrastructures de transport pour les dix ans à venir, telle qu'elle apparaît dans le projet de loi d'orientation des mobilités [LOM], ne doit pas devenir la victime collatérale du déficit de recettes et d'arbitrages budgétaires de court terme".
Les travaux publics sur "le haut de la vague"
Les travaux publics sont sur le "haut de la vague" et ont renoué avec un cycle de croissance depuis deux ans, a déclaré Bruno Cavagné. Cela tient notamment à la nette reprise des investissements des collectivités territoriales, qui devrait se prolonger cette année, dernière année pleine du mandat municipal et intercommunal. Les investissements de la Société du Grand Paris et du plan très haut débit sont aussi "au plus haut". Mais au-delà, de 2019, la situation est nettement plus floue, alerte la FNTP. Bruno Cavagné se dit favorable à un "Acte IV de la décentralisation" pour redonner des marges de manœuvre aux collectivités locales aussi bien en matière d'expérimentation que de financement. La FNTP juge aussi nécessaire de soutenir des plans d'investissement dans les infrastructures. Elle voit dans les assises de l'eau, "dont les conclusions doivent maintenant se traduire dans les faits", un "exemple de bonnes pratiques" mais pour elle, d'autres domaines méritent également "une accélération". Elle cite en particulier un nouvel appel à projets pour les transports collectifs en site propre ou la lutte contre les zones blanches numériques. Il faudrait aussi "faciliter l'accès au cofinancement en matière de mobilité – ce doit être un des rôles de la nouvelle Agence de cohésion des territoires – et repenser le système des contrats de plan Etat-régions", estime-t-elle.
Incertitudes autour de la LOM
Pour Bruno Cavagné, trop d’incertitudes demeurent encore autour de la LOM. Dans le cadre des discussions parlementaires autour du texte, il voudrait que soit rétabli le Conseil d’orientation des infrastructures, "avec une mission renforcée d'études, de suivi, d'alerte et de programmation". Car selon la FNTP, "en dehors même du fait que la trajectoire financière inscrite dans la LOM est menacée par les mesures budgétaires prises pour répondre aux revendications des gilets jaunes, il est essentiel qu'une ressource pérenne supplémentaire de l'ordre de 500 millions d'euros par an soit affectée à l'Agence de financement des infrastructures". Elle demande en outre qu'une revoyure dès 2020 de la trajectoire soit actée pour maintenir un niveau d'investissement a minima à 3 milliards d'euros par an.