A Lons-le-Saunier, ville et agriculteurs coopèrent pour protéger la ressource en eau (39)
Pour protéger ses ressources en eau menacées, Lons-le-Saunier a d'abord conventionné avec les agriculteurs. En 2012, une déclaration d'utilité publique impose l’agriculture biologique et la mise en herbage sur un des périmètres de protection des captages. La nappe phréatique qui alimente Lons-le-Saunier en eau potable est sauvée, mais la ville reste vigilante.
Au début des années 1990, les élus de Lons-le-Saunier sont alertés sur la pollution des eaux souterraines utilisées par la ville pour son eau potable. Quatre puits sur six sont menacés de fermeture. Le polluant s'appelle "triazine" (atrazine, simazine), un pesticide utilisé pour le désherbage du maïs. La seule solution raisonnable pour préserver la ressource consiste à amener les agriculteurs à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Ce qui suppose la détermination constante des élus.
Début des années 90 : indemnités et dialogue constructif avec les agriculteurs
Un périmètre de protection de 220 hectares est défini autour des captages. Dans cette zone, la culture du maïs est interdite, et les agriculteurs sont indemnisés pour ce manque à gagner défini par la chambre d'agriculture. "Le problème, c'est que ces indemnités ne pouvaient pas durer éternellement", souligne la chargée de mission environnement à la ville de Lons-le-Saunier, Christine Combe.
D’autres solutions sont recherchées pour encourager les changements de pratiques culturales chez les agriculteurs. Au début des années 2000, la municipalité propose de fournir des débouchés aux exploitants qui se convertissent à l'agriculture biologique, via la cuisine centrale (5.000 repas/jour). Un céréalier tente l'aventure et les enfants des écoles se régalent de pain bio... La preuve est apportée que des solutions pérennes peuvent être trouvées.
Reste à convaincre les autres agriculteurs et leurs coopératives. Le dialogue sur le terrain s'avère indispensable. Ensemble, en échangeant entre eux, les agriculteurs trouvent des solutions techniques pour contrôler l’impact de leurs activités sur l'environnement sans pour autant écorner leurs marges brutes (passer du critère rendement seul, au critère marge brute est aussi une action poursuivie). Ils se rendent compte, par exemple, qu'une "bonne" prairie (multi-espèces en graminées et légumineuses, bien choisie et bien implantée) permet de produire une ration fourragère excellente, et donc de se passer de maïs fourrage, avec comme conséquences :
- Des moins en : nitrates, désherbants, pression travail, compléments extérieurs achetés,
- Des plus pour : l’eau, la santé des bêtes, la qualité du lait et la marge brute…
2009-2012 : les évolutions réglementaires étendent le périmètre d’actions
En 2009, le captage de Lons-le-Saunier est classé "Grenelle", en référence au Grenelle de l'environnement. Ceci permet, en 2012, de définir par arrêté préfectoral une zone de surveillance des pollutions diffuses étendue à tout le bassin d'alimentation du captage, soit 5.400 hectares répartis sur 16 communes. Cette zone intègre et complète la déclaration d'utilité publique (DUP), localisée autour des puits de captage (8 ha de périmètre immédiat enherbé, 220 ha de périmètres rapprochés 1 et 2, dont le périmètre 1 avec de l’herbe et de l’AB, et 1500 ha de périmètre éloigné). Avec le sigle Grenelle sur le captage, ce sont des outils juridiques et financiers qui peuvent être mobilisés, en complément de ceux strictement prévus dans le cadre des DUP.
Lons-le-Saunier accompagne la conversion à l'agriculture bio
Les agriculteurs redoutent la conversion à l'agriculture biologique : ils craignent de perdre la maîtrise de leurs cultures, de voir des champs s’enherber et l’effondrement de leurs rendements. Pour autant ils sont volontaires pour essayer, aussi les élus accompagnent leurs réflexions, les évolutions réglementaires auprès des exploitants agricoles concernés (éleveurs, vignerons, agriculteurs en grande culture).
Au-delà des statistiques, des chiffres et des divers indices (dont celui de fréquence de traitement), c'est la parole de l’exploitant en tant que constat-témoignage qui semble le meilleur garant des changements de comportement. C’est pourquoi la ville de Lons-le-Saunier soutient les agriculteurs qui expérimentent de nouvelles pratiques et les encourage à communiquer entre eux. Des outils sont mis à leur disposition (voir Charte d'engagement) et tout un travail de dialogue, d’écoute mutuelle se poursuit.
Entraîner des communes et leurs habitants dans la dynamique
La ville de Lons-le-Saunier entend également développer les bonnes pratiques au-delà des zones agricoles (ce que prévoit stricto sensu la loi Grenelle sur les captages ciblés) et de travailler sur les pollutions diffuses en milieu non agricole. Ainsi, deux opérations ont été lancées.
D’une part le programme "Zéro pesticide dans mon village", principalement axé sur le changement de pratique dans l’entretien des espaces publics communaux. Pour ne plus retrouver dans l'eau les traces des pesticides utilisés par les collectivités, de nouveaux outils ont fait leur apparition, tels que les "réciprocateurs" (débroussailleuses thermiques à lames spéciales, ne créant pas de projections). Peu à peu la population se fait à ces nouvelles pratiques. De là à les accepter, il y a encore beaucoup de travail de communication à faire, car il y a davantage d'herbe dans les cimetières…
D’autre part une opération de sensibilisation sur le rôle hydrique de filtre ou d'éponge des zones humides, en vue d’œuvrer à leur maintien ou à leur restauration.
Luc Blanchard, Studio Graph, pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
Commune de Lons-le-Saunier
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Jacques Lançon
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