Littoral : 55 décharges à risques identifiées et trois sites prioritaires à traiter en 2022
En déplacement au Havre ce 18 février, la secrétaire d'État chargée de la biodiversité, Bérangère Abba, a présenté la liste des 55 décharges littorales présentant des risques de relargage de déchets en mer. Trois sites jugés prioritaires seront traités cette année, dans le cadre d'un dispositif d'accompagnement de l'État auprès des collectivités concernées.
Lors du One Ocean Summit, qui s'est tenu à Brest du 9 au 11 février dernier, Emmanuel Macron a pris plusieurs engagements pour lutter contre la pollution des océans, dont celui de résorber en dix ans les 55 décharges littorales françaises présentant à court terme le plus fort risque de déversement de déchets en mer. Avec le réchauffement climatique qui provoque une hausse du niveau de la mer et une érosion rapide du trait de côte, le risque de relargage de ces déchets en mer - et de pollution - ne peut en effet qu'augmenter. En déplacement au Havre ce 18 février la secrétaire d'État chargée de la biodiversité, Bérangère Abba, a présenté la liste des 55 décharges situées à moins de 100 mètres du trait de côte – et donc soumises aux aléas érosion et /ou submersion marine – identifiées par le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
Inventaire "évolutif"
Disponible sur le portail Géorisques, "cet inventaire n'est pas exhaustif et sera évolutif, souligne le ministère de la Transition écologique. Il sera notamment possible pour les maires ou associations de protection de la nature de signaler aux préfets des décharges littorales abandonnées présentant des risques de relargage des déchets en mer et toutes les informations utiles sur l'état des sites." Le BRGM analysera alors en fonction de ces éléments le caractère prioritaire ou non de leur résorption en fonction du risque encouru.
Un dispositif d'accompagnement a aussi été mis en place. Le Cerema (Centre d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) apportera gratuitement son expertise auprès des collectivités concernées pour les assister dans la conception des projets de résorption des décharges et l'État apportera un soutien financier pour la réalisation des études et travaux à hauteur de 50% maximum du coût de l'opération via un fonds dédié porté par l'Ademe (Agence de la transition écologique) doté de 30 millions d'euros pour 2022.
Décharge de Dollemard, un site emblématique
Cette année, trois sites seront traités en priorité. C'est le cas de la décharge de Dollemard, au nord du Havre, sur laquelle la secrétaire d'État s'est rendue vendredi. Constituée en réalité de quatre sites exploités jusqu'en 2000 par des sociétés de BTP pour y stocker des déchets inertes (terres, gravats, plastiques, métaux, caoutchouc), elle compte encore des volumes estimés entre 300.000 et 400.000 m3 en pied de falaise, sur environ 1 km. La ville du Havre porte un projet de réhabilitation depuis une dizaine d’années dans le cadre d’une démarche d’ensemble d’aménagement et de valorisation du plateau et des falaises de Dollemard, qui comporte de nombreux enjeux environnementaux et patrimoniaux (site Natura 2000, domaine protégé du Conservatoire du littoral, proximité d’un site classé, espèces et habitats protégés et patrimoniaux, et proximité du milieu marin). Un chantier test de tri des déchets réalisé en 2021 a permis de tirer des enseignements sur la nature des déchets et sur les modalités techniques de traitement de la décharge (accès, tri sur place, évacuation). La prochaine étape est l’élaboration, au printemps 2022, par les différents acteurs de 4 à 5 scénarios de plan de gestion à long terme pour définir les solutions opérationnelles de réhabilitation du site. Deux autres sites ont été retenus pour 2022 : le projet de dépollution et de régénération de l'ancienne décharge de Fouras Pré-Magnou (Charente-Maritime), qui s'étend sur deux hectares et jouxtera l'extension de la réserve naturelle nationale du Marais et de la Baie d'Yves, actuellement en cours, et le projet de réhabilitation de l'Anse Charpentier, porté par l'EPCI CAP Nord à la Martinique. En cours de réalisation, il nécessite d'enlever 10.000 m3 de déchets, après tri et traitement, de cette ancienne décharge d'ordures ménagères, et de renaturer le site (apport de terre végétale, remodelage, restauration du cheminement du sentier du littoral nord-atlantique, revégétalisation et implantation de nouvelles infrastructures d'accueil du public).