L'Île-de-France veut accélérer l'ouverture à la concurrence dans les transports
Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et d'Île-de-France Mobilités, a réclamé ce 5 février au gouvernement d'accélérer l'ouverture à la concurrence des transports en commun en région parisienne. Les premières lignes concernées pourraient être celles du réseau Transilien, à partir de 2023, mais la demande de la présidente de région vise aussi les RER, métros et tramways, avant 2030.
L'autorité publique organisatrice des transports Île-de-France Mobilités, présidée par Valérie Pécresse, a annoncé dans un communiqué ce 5 février avoir "saisi le gouvernement d'une demande de modification de la loi pour accélérer l'ouverture à la concurrence des RER, tramways et métros avant 2030". "L'Île-de-France a été particulièrement touchée pendant les grèves. Parmi les enseignements que je tire de cet épisode douloureux pour de nombreux Franciliens, l'accélération de la mise en concurrence est prioritaire pour baisser les coûts et augmenter la qualité de service", a déclaré la présidente de la région, citée dans ce communiqué. Avec la mise en concurrence, Île-de-France Mobilités espère notamment "améliorer la qualité de service" et "gagner en efficacité (pour) financer davantage de trains au même coût".
La loi Nouveau Pacte ferroviaire permet à l'autorité organisatrice des transports d'ouvrir à la concurrence l'exploitation de huit lignes SNCF de la région à partir du 1er janvier 2023. Pour le RER, les délais avant ouverture sont différents selon les lignes : à partir de 2025 pour le RER E, entre 2033 et 2039 pour les RER C et D, au 1er janvier 2040 pour les RER A et B. Pour le métro, l'ouverture à la concurrence est actuellement fixée en 2039. "Les autres régions peuvent, elles, mettre en concurrence toutes les lignes de trains de leurs territoires à partir de 2023", souligne Île-de-France Mobilités.
Échéancier du processus de mise en concurrence
L'autorité organisatrice des transports a adopté ce mercredi en conseil d'administration un échéancier des principales étapes du processus de mise en concurrence. Il prévoit notamment dès cette année le lancement d'une étude pour déterminer quelles lignes SNCF, parmi les huit éligibles, pourront être ouvertes à la concurrence dès 2023. Un appel à manifestation d'intérêt est prévu pour 2021 afin d'entamer des discussions avec les candidats potentiels. Entre fin 2021 et fin 2022, une procédure d'appel d'offre doit être lancée pour désigner l'exploitant des premières lignes ouvertes à la concurrence.
"Pour 2023, on peut lancer l'ouverture à la concurrence des premières lignes de Transilien", a affirmé Valérie Pécresse, dans une interview au Parisien du 5 février, en évoquant "les lignes R et J, où on a besoin d'améliorations de services". "Pour les autres, je souhaite qu'on accélère. La loi LOM a repoussé à 2039 l'ouverture à la concurrence des lignes de la RATP et à 2033 les lignes de RER. C'est trop tardif", a-t-elle affirmé. Ainsi "je lance l'ouverture à la concurrence des bus RATP pour être prête fin 2024" et "pour les métros et RER, je souhaite avancer le processus de dix ans", a-t-elle précisé, affirmant que "l'objectif, c'est que tout le réseau puisse être ouvert à la concurrence à l'horizon 2030". "L'ouverture à la concurrence n'est pas la privatisation. Les lignes pourraient toujours être exploitées par la SNCF ou la RATP, mais elles seraient forcées d'améliorer leur offre pour être compétitives face à d'autres opérateurs, publics ou privés", a par ailleurs assuré Valérie Pécresse dans cette interview.
Ces annonces ont suscité une vive opposition du parti communiste qui a dénoncé un "choix catastrophique pour les transports franciliens et avant tout pour les usagers". "Valérie Pécresse veut être la Thatcher des transports en Île-de-France. On le voit au Royaume-Uni, la concurrence généralisée ne marche pas", a réagi Jacques Baudrier, conseiller communiste de Paris et membre du conseil d'administration d'Île-de-France Mobilités.