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Aménagement - Les urbanistes débattent de l'avenir des métropoles

Entre fragmentation et cohésion, quel avenir pour les territoires métropolitains ? C'est ce thème qu'a retenu le Conseil français des urbanistes (CFDU) pour sa 13e Université d'été qui se tient jusqu'au 29 août dans les locaux de l'université Paris-12 à Créteil (94). Après plusieurs décennies marquées par le renforcement de la dualité territoriale urbain-rural, caractérisée une concentration démographique et économique, notamment des emplois tertiaires, au sein des grandes villes, de nouveaux phénomènes sont apparus. La "métropolisation" a entraîné une redéfinition des espaces au sein même de la ville, la "fragmentation urbaine" favorisant les écarts sociaux et posant la question des mobilités.
Les métropoles doivent donc conjuguer à la fois les exigences de la ville mais également celles de leurs espaces d'influence pour garantir aux habitants un cadre de vie de qualité à taille humaine avec un niveau de service en adéquation avec leurs besoins. Autre nécessité : la prise en compte du développement durable dans toutes ses dimensions, la réalisation d'éco-quartiers n'en étant que la partie la plus visible. 
Au cours de sa séance plénière d'ouverture, l'Université d'été du CFDU a tenté de décrypter les nouveaux mécanismes de fabrication des espaces urbains, en s'appuyant largement sur l'exemple de la métropole francilienne. Comme l'a rappelé Mireille Rius, vice-présidente du CFDU, de nouveaux pôles de centralité sont apparus en Ile-de-France. On assiste depuis les années 2000 à un desserrement urbain avec l'implantation d'activités en périphérie, l'éloignement des zones d'habitat et des transports couvrant des distances de plus en plus longues.
Paris ne concentre plus aujourd'hui que 2 millions d'habitants et 5% de l'espace urbanisé de la métropole. Mais quelles limites faudrait-il donner au Grand Paris ? Philippe Panerai, professeur à l'Ecole d'architecture de Paris, en voit plusieurs et retient l'image de la poupée gigogne, avec différents cercles concentriques s'emboîtant les uns dans les autres. La logique selon lui serait celle d'un "polycentrisme hiérarchisé", la ville centre continuant à jouer pleinement son rôle. Pour Mireille Ferri, vice-présidente de la région Ile-de-France, en charge de l'aménagement, il y a aussi différentes limites à fixer à cette notion de Grand Paris, en fonction des problématiques à traiter - emploi, transports, équipement, etc. - en trouvant de nouvelles formes de coopération à échelles variables selon le domaine concerné.
Dans une société de plus en plus structurée par la mobilité, il n'est plus possible de toute façon de penser l'aménagement en fonction de limites territoriales fixées au niveau institutionnel, estime Marie-Christine Jaillet, chercheure au CIEU de Toulouse. Mais "alors que les métropoles sont ouvertes, cosmopolites, confrontées à l'altérité, on assiste aussi à des formes de repli, d'entre soi, de logiques d'organisation de l'espace urbain fondées sur l'électivité par besoin de sécurisation", constate-t-elle. " Le grand défi à venir est de penser autrement le 'vivre ensemble' dans une société où les individus interviennent dans le débat public pour défendre leurs intérêts."

 

Anne Lenormand

 

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