Les régions françaises investissent… et s'endettent

L'agence de notation Fitch Ratings publie son diagnostic sur les finances de cinq régions françaises. Malgré des recettes solides, les besoins en termes d'investissement, notamment dans les domaines des transports et des lycées, vont conduire ces régions à continuer de s'endetter. Sauf si elles parviennent, comme la Bretagne, à conserver une épargne de gestion suffisamment importante.

"Les régions françaises ont des programmes d’investissement importants qui conduiront à une hausse de leur endettement au cours des prochaines années", résume l'agence de notation Fitch Ratings en publiant ce 3 septembre sa "revue de portefeuille 2024" sur les régions – ou plus exactement sur cinq régions : Bretagne, Centre-Val de Loire, Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Avec des constats, donc, pas nécessairement valables pour les autres régions.

Malgré la poursuite d'une croissance de leurs recettes, sur ces cinq régions, quatre devraient voir leur dette augmenter du fait d'importantes dépenses liées à des plans d'investissement ambitieux et à une hausse des coûts de financement, notamment dans les domaines des transports et des lycées. Seule la Bretagne, grâce à une importante capacité d’autofinancement, devrait afficher une dette nette stable dans les années à venir.

Les "profils socio-économiques" des cinq régions considérées présentent évidemment pas mal de différences en termes, par exemple de croissance démographique ou de taux de pauvreté. Fitch souligne que ces différences ont aujourd'hui "un faible impact sur l’évolution des recettes des régions" depuis le remplacement de la CVAE par une nouvelle fraction de TVA : "désormais, environ 80% des recettes régionales évolueront à un rythme identique". En revanche, "le profil économique et démographique garde une influence sur l’évolution des dépenses". Il s'agit notamment de la structure de la population : une population plus jeune entraîne davantage de dépenses liées aux lycées. 

L'agence de notation évalue le profil de risque des cinq régions à "moyen-fort" ("high midrange" en anglais). Côté recettes, les choses sont assez positives : la robustesse des recettes régionales est considérée comme "forte". Ceci principalement du fait de recettes de TVA qui devraient continuer à augmenter ("Nous nous attendons à ce que les recettes de TVA augmentent à un rythme proche de la croissance nominale du PIB au niveau national", peut-on lire), mais aussi d'autres ressources stables : TICPE, fonds européens… Seule la recette liée aux certificats d’immatriculation apparaît comme "peu robuste" (moins de ventes de voitures thermiques voir hybrides).

Côté dépenses, Fitch estime que le facteur de notation relatif à leur soutenabilité est "fort". Ceci dans la mesure où "les compétences des régions françaises sont principalement non cycliques et peu susceptibles de croître en cas de ralentissement économique". Tel est le cas pour les transports et les lycées. Les dépenses liées à la formation professionnelle peuvent certes être un peu plus fluctuantes. Quant à la croissance des prix de l'énergie, Fitch prévoit une normalisation graduelle. En outre, l'agence dit s'attendre "à ce que le rythme de croissance des charges de personnel diminue à partir de 2025.".

Les dépenses d’investissement représentent "entre 32% et 41% des dépenses totales des régions notées". Si Fitch "estime qu’elles auraient la possibilité de réduire leur niveau d’investissement en cas de nécessité", elle souligne néanmoins que cette flexibilité est à nuancer : "Les investissements sont souvent nécessaires au bon fonctionnement des politiques publiques (rénovation et construction de lycées ; rénovation de lignes ferroviaires) et une diminution des investissements aurait des conséquences politiques. Certaines régions ont également des besoins d’investissement importants, en raison notamment de leur croissance démographique soutenue (ex : Occitanie)".

Fitch constate des "disparités quant à l’évolution de l’épargne de gestion" : le taux d'épargne de gestion "variait en 2023 entre 16% (Nouvelle-Aquitaine) et 27% (Île-de-France)". Selon l'agence, cette évolution de l’épargne de gestion "sera la clé pour maintenir de bons ratios d’endettement dans les prochaines années". Globalement, si cette épargne a diminué en 2023, il est probable qu'elle augmente dans les prochaines années, "tirée notamment par les recettes de TVA". Mais l’évolution de l’épargne "dépendra principalement du contrôle exercé par les régions sur leurs dépenses de gestion" dans la mesure où elles ont aujourd'hui peu de flexibilité pour augmenter leurs recettes.

L'an dernier, la dette nette a augmenté en moyenne de 9% pour les cinq régions notées. Seulement de 3% en Bretagne… mais de 15% en Île-de-France, du fait d'un niveau d’investissement élevé. Pour les années à venir, la hausse de cette dette nette pourrait être de 10 à 15% pour les régions Centre-Val de Loire et Occitanie, de 26% pour l’Île-de-France et de 34% pour la Nouvelle-Aquitaine. Et, donc, rester stable en Bretagne, la région ayant "revu légèrement à la baisse son programme d’investissement" et son épargne de gestion élevée devant "lui permettre de l’autofinancer".

 

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