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Attentats - Les policiers municipaux veulent eux aussi pouvoir conserver leur arme hors service

Le ton est monté d'un cran chez les syndicats de police municipale sur la question de l'armement, après l'assassinat du policier Jean-Baptiste Salvaing et de sa compagne Jessica Schneider (adjointe administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie), dans leur domicile de Magnanville (Yvelines), lundi 13 juin. "Il n'est plus temps de tergiverser", adresse la FA-FPT au ministre de l'Intérieur, le 14 juin. "Nous vous demandons instamment de prendre des dispositions rendant obligatoire le port d'armes de poing de catégorie B pour tous les policiers municipaux."
Lors de la dernière réunion de la commission consultative des polices municipales, le 23 février 2016, Bernard Cazeneuve avait renvoyé une nouvelle fois au principe de "libre administration des collectivités territoriales", se ralliant ainsi, comme ses prédécesseurs, à la position de l'Association des maires de France (AMF). "Nous ne pouvons accepter que notre pays prévoit dans sa Constitution de laisser le droit de la survie ou de la mort des policiers municipaux à un seul élu local", s'insurge aujourd'hui le syndicat. La décision d'armer les policiers municipaux "ne peut plus être du seul ressort des maires qui trop souvent méconnaissent les compétences et les missions qui incombent aux policiers municipaux", abonde le syndicat FO-Police municipale sur sa page Facebook.

Un lourd tribut

Au lendemain des attentats de janvier 2015, le ministre Bernard Cazeneuve et l'AMF s'étaient mis d'accord pour renforcer la protection des policiers municipaux (achats de gilets pare-balles, distribution de 4.000 revolvers pour les mairies qui souhaitent s'équiper…), mais n'avaient pas souhaité faire évoluer le régime de l'armement, malgré l'insistance quasi unanime des syndicats.
Autant exposés sur la voie publique que leurs homologues nationaux, les policiers municipaux s'estiment oubliés par les mesures récentes. La FA-FPT demande ainsi à Bernard Cazeneuve de "donner aux policiers municipaux la possibilité de porter leurs armes en dehors de leurs heures de service". Même revendication au Syndicat national de la police municipale (SNPM) qui souhaite que les policiers municipaux armés "puissent bénéficier des mêmes prérogatives que leurs homologues de la police nationale en conservant leurs armes de service à domicile sachant que ceux-ci sont en général connus dans leur commune ainsi que leur lieu de résidence".
Reçus place Beauvau, mardi 14 juin, les syndicats de police nationale auraient obtenu de leur côté de pouvoir conserver leur arme hors service, au-delà de l'état d'urgence qui s'achève le 26 juillet. Cette possibilité leur avait été accordée, sur la base du volontariat, par un arrêté du 4 janvier 2016. La gendarmerie avait pris une mesure similaire.
Les syndicats de police municipale étaient déjà échaudés par le refus de l'AMF d'augmenter l'indemnité spéciale de fonction (ISF), le 31 mars dernier. Début juin, FO Police municipale avait ainsi appelé les policiers municipaux à la grève du 10 juin au 10 juillet pour exprimer leur "ras le bol", tant sur la question de l'armement que sur le volet social en jachère depuis plusieurs années. Le syndicat vient de lancer une pétition adressée à François Hollande pour demander l'armement pour tous et l'élargissement de "l'état de nécessité" aux policiers municipaux. Cette mesure - qui figure dans la loi Crime organisé, Terrorisme et Procédure pénale du 3 juin - vise à faciliter les possibilités de ripostes des forces de sécurité en cas de fusillade. Lors des débats au Parlement, le syndicat avait déjà demandé, en vain, d'en faire bénéficier les policiers municipaux.
Les forces de sécurité ont payé un lourd tribut depuis le début de la vague d'attentats en janvier 2015. Quatre policiers ont été tués, dont la policière municipale de Montrouge Clarissa Jean-Philippe. Trois militaires avaient déjà été assassinés par Mohamed Merah en mars 2012.
Au lendemain de l'attentat de Magnanville, l'AMF a salué "l'engagement exemplaire des forces de sécurité – police, gendarmerie, armées, polices municiopales – qui assurent la protection des populations dans des conditions difficiles, souvent au péril de leur vie". "Les maires sont et seront toujours aux côtés de l'Etat pour assurer la sécurité de nos concitoyens, combattre le fanatisme et faire respecter les valeurs de notre République qui, plus que jamais, doivent rassembler notre Nation", souligne l'association.

 

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