Les MJC, actrices essentielles de l'éducation populaire menacées par un "climat d'incertitude financière"

Le réseau des Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC) de France a publié les résultats de son premier observatoire national. Ce travail de collecte et d'analyse des données met en lumière le rôle central des MJC dans la création de lien social, l'accès à la culture, au sport et à l'éducation populaire. Ces structures dont 52% du budget sont les subventions publiques sont à la fois des espaces de rencontre, d'échanges et d'émancipation pour des publics diversifiés, avec un accent marqué sur la jeunesse (49% des adhérents ont moins de 25 ans), les femmes (63% des usagers) et la mixité sociale.

Des pratiques artistiques, culturelles et sportives

Question implantation géographique, 25% sont en quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) et 43% en zone rurale. L'observatoire montre que les 1.000 MJC en France favorisent l'accès à des pratiques artistiques, culturelles et sportives. Les MJC sont aussi actrices de la politique de la jeunesse : 50% d'entre elles organisent des accueils collectifs de mineurs, 44% organisent des séjours pour les jeunes et 42% proposent des activités sportives. À noter aussi que 46% des MJC sont référencées sur l'application Pass Culture, facilitant ainsi l'accès des jeunes aux événements et activités proposés. Les trois types d'événements les plus fréquemment programmés par les MJC étant le théâtre, les conférences-débats et la musique. Ce dynamisme s'appuie sur des équipements divers, tels que des salles multi-activités, des espaces de spectacle et de répétition. 

Emploi salarié et engagement bénévole

Le fonctionnement des MJC repose sur un modèle hybride alliant emploi salarié et engagement bénévole. Les bénévoles jouent un rôle fondamental : 75% des MJC organisent des activités hebdomadaires animées par des bénévoles. Par ailleurs, 97% des MJC employeuses recourent à des CDI et 85% font appel à des intervenants extérieurs. Les MJC se montrent aussi impliquées pour accueillir des volontaires (45%), des stagiaires (25%), des personnes en apprentissage (43%) et en ateliers et chantiers d’insertion (2,5%).  Cependant, un peu plus de 69% des MJC doivent faire face à des difficultés de recrutement notamment à cause des rémunérations proposées à l'embauche.

Autre difficulté et pas des moindres, le rapport de l'observatoire souligne la précarité financière de certaines MJC. La moitié des structures a bouclé l'exercice 2022 en déficit, en raison d’une conjoncture marquée par l'inflation, la stagnation des subventions et la revalorisation des salaires. Rappelons que les MJC dépendent à 52% de financements publics, le bloc communal étant le principal contributeur. Toutefois, les habitants participent également à hauteur de 48% des ressources via les cotisations, le bénévolat valorisé et autres formes de contribution. 

Un guide destiné à aider les élus à créer une MJC 

Le modèle des MJC repose sur des partenariats étroits avec les collectivités locales et les institutions. 78% des MJC collaborent avec d'autres structures, renforçant ainsi leur impact sur les territoires. Près de 4 millions de personnes bénéficient des actions des MJC, un chiffre bien au-delà du seul cadre des adhésions. 
Les résultats de ce premier observatoire national confirment donc le rôle crucial des MJC dans la cohésion sociale et l'accès à la culture. Malgré des difficultés financières, les MJC poursuivent leur mission d'éducation populaire et d'émancipation citoyenne. D'ailleurs, MJC de France a élaboré un guide destiné aux élus souhaitant créer une MJC sur leur commune. "Il s'agit pour nous, et pour nos partenaires, d'un outil précieux en appui à l'élaboration de stratégies nationales et régionales", souligne Patrick Chenu, directeur général de MJC de France dans le communiqué.