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Environnement - Les matériaux bio-sourcés font leur percée dans les bâtiments publics

Pionnières, une poignée de collectivités font le choix de matériaux bio-sourcés pour construire des bâtiments publics. A côté du bois, le chanvre et la paille se taillent lentement une place. En octobre ouvre ainsi une école en paille aux portes de l'écoquartier du Fort, à Issy-les-Moulineaux.

Dans le monde minéral du bâtiment, la biodiversité trouve parfois sa place au travers d'un mur ou d'une toiture végétalisés. Mais certains donneurs d'ordres et maîtres d'ouvrage publics vont plus loin. Car, ils le savent, l'impact d'un projet sur le vivant dépend également de l'origine et du degré de transformation des matériaux de construction choisis. Le bois reste le matériau privilégié. Groupe scolaire en bois local (voir l'article que Localtis a consacré aux constructions en bois), résidence universitaire en modules de bois massif (livrée cet été à La Rochelle par Eiffage construction)… Mais d'autres matériaux bio-sourcés sortent de terre.

La première école publique en paille

Le 30 août, la ville d'Issy-les-Moulineaux (92) a proposé une visite en avant-première d'un établissement public d'un nouveau genre. A son ossature de bois s'ajoute en effet une isolation en paille, qui a nécessité l'emploi de près de 6.000 bottes. Sur plus de 5.000 m², cette école portant le nom de Louise Michel accueillera dès cette rentrée 14 classes, 9 élémentaires et 5 maternelles. Conçu par Sonia Cortesse et Bernard Dufournet, ce groupe scolaire qui atteint la norme BBC (bâtiment basse consommation) vient s'implanter au pied du nouvel écoquartier du Fort d'Issy. Les architectes expliquent avoir eu recours à ce matériau "pour ses qualités isolantes, son très faible contenu énergétique et son caractère renouvelable". Si la technique d'isolation en paille n'est pas nouvelle en soi, elle est habituellement réservée aux maisons individuelles. Pour un établissement d'une telle dimension, c'est donc une première. Pour autant, sa réalisation fut un chemin de croix. Le concours qui a précédé ce chantier a été remporté en 2007 ! Entre autres obstacles, le maître d'ouvrage a dû patienter plus d'un an pour obtenir le feu vert à l'emploi de la paille, après un essai au feu et une batterie de tests spéciaux. Comme ces tests intéressaient l'ensemble d'une filière en pleine structuration, d'autres acteurs en plus du maître d'ouvrage y ont participé financièrement, notamment la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), qui s'est associée au projet car l'utilisation de la paille dans le bâtiment l'intéresse pour valoriser localement les pailles de riz et de lavande produits en quantité sur son territoire. Au final, le coût de ce bâtiment exemplaire est d'environ 15% plus cher qu'une école classique. Mais grâce aux économies d'énergie attendues, un retour sur investissement est prévu d'ici quinze à vingt ans.

Et le chanvre ?

Non loin, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, une nouvelle école de taille similaire commandée par la ville et qui doit prochainement ouvrir a également recours à la combinaison gagnante ossature de bois + isolation en paille. Ce qui permet au projet d'atteindre les exigences du niveau Bepos (bâtiment à énergie positive), et donc de produire plus d'énergie qu'il n'en consomme. Enfin, Troyes vient également d'ouvrir sa Maison du tourisme, un bâtiment en bois du XVIe siècle réhabilité à partir de matériaux locaux et naturels. Si la ville a décidé d'expérimenter le béton de chanvre en remplissage de l'ossature, ce n'est pas par hasard : le département de l'Aube est le premier producteur national de cette plante très peu gourmande en intrants. A la mairie de Troyes, on explique que cette bâtisse devrait atteindre le niveau BBC rénovation. Pour étudier sa performance thermique et la qualité de l'air intérieur, les acteurs de la filière chanvre se sont fédérés au sein d'un comité scientifique et technique qui suit de près le bâtiment.