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Environnement - Les collectivités confrontées à la pollution des boues portuaires

Processus inévitable et en partie naturel, l'envasement des fonds impose à chaque port de draguer régulièrement ses boues. Surtout s'il est prévu de développer ses capacités ou d'y accueillir des festivités. A Brest, les deux cas se sont présentés. Pour agrandir et mettre en conformité le port de plaisance du Moulin Blanc, 12.000 m3 de sédiments marins ont été prélevés en 2005. Et en vue d'accueillir les 2.000 flottilles et grands voiliers qui paraderont à la fête maritime internationale de juillet 2008, 6.000 m3 de boues sont à draguer, au fond d'un bassin militaire situé plus au coeur de la ville.

Une fois aménagé dans quelques mois, cet ancien site de la Marine Nationale deviendra le "port du Château". Porté par la communauté urbaine de Brest Métropole Océane (BMO), ce projet rencontre un obstacle sérieux : les 2.000 m3 de boues déjà prélevées sont très polluées. "Les teneurs en hydrocarbures y sont beaucoup plus fortes que celles annoncées par l'étude d'impact et les niveaux en métaux lourds 5 à 15 fois supérieurs au niveau 2 du référentiel Geode, qui recommande l'interdiction d'immerger des vases lorsque ce même niveau est atteint. On dépasse les seuils tolérés pour l'immersion", a alerté l'association Robin des Bois.

En effet, dans la pratique, ces déchets portuaires sont généralement rejetés par clapage en eaux profondes. Pourtant, on connait mal l'impact de cette pratique sur l'écosystème marin. Si la pollution lourde se confirme, l'arrêté d'autorisation d'immerger pourrait être annulé et BMO devra revoir sa copie. Les boues devraient alors être stockées dans un centre de déchets ultimes (CSDU) de classe 2 ou 3.

L'activité portuaire génère en France 40 millions de m3 de vase de mer plus ou moins polluée. A la Direction des constructions navales (DCN) de Lorient comme dans le bassin d'Arcachon, le même problème de toxicité s'est posé à des collectivités et des maîtres d'ouvrage. Car si d'autres solutions que l'immersion existent (stockage, séchage, dépollution à terre, recyclage et valorisation en matériaux de construction ou sous-couches de route), il reste souvent à résoudre des problèmes d'espace, de coût et de gestion. Pour limiter le clapage, le Pays de Lorient met donc l'accent sur la recherche au service d'une meilleure valorisation et élimination de ces boues. En Gironde, on innove avec un schéma directeur de dragage élaboré avec le Conseil Général. Dans le bassin d'Arcachon, 500.000 m3 de vases sont à évacuer. Et les collectivités ont pour tâche d'y développer des solutions de recyclage de boues. De même à Marseille, où la communauté urbaine s'est associée à une usine de traitement des boues de dragage pour récupérer, analyser et traiter les sédiments du Vieux Port. Face au coût élevé des procédés de traitement à terre, le département du Var est venu en soutien dans le cadre de l'opération Sédimard. Dans sa continuité, un schéma de gestion environnementale incluant les filières et le cadre juridique doit permettre de mieux maîtriser à terme les coûts de telles opérations.

 

Morgan Boëdec / Victoires Editions

 

 

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