Legaltech 2021, les nouvelles créations

L'année 2021 a enregistré une forte hausse du nombre de LegalTechs créées (+119% par rapport à l’année 2020, d’après le Baromètre LegalTechs 2021). Qui sont ces nouveaux acteurs et quelle est leur proposition de valeur? Focus, non exhaustif,  sur 7 legaltechs créées en 2021, qui vient compléter celles que nous avions déjà identifiées dans notre article de veille du 26 octobre 2021.

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Protection des actifs immatériels : TradeYourMark

TradeYourMark (ndlr, « commercialisez votre marque » en anglais) est la création de Stéphanie Guichot (Avocate au Barreau de Paris) et Corinne Legrand (experte assurances et finance), respectivement spécialisées en propriété intellectuelle et dans le développement de solutions technologiques innovantes. TradeYourMark s’adresse ainsi aux créateurs et détenteurs de marques.

L’idée de créer TradeYourMark est partie du constat qu’en France, les créateurs de marques se confrontent à divers problématiques pouvant engendrer des conséquences juridiques et commerciales, telles que l’encombrement des registres ou la perte d’un nom de marque pour indisponibilité. L’enjeu pour les créateurs est donc de contourner ces problématiques, et notamment le risque de contentieux, en ciblant directement un nom de marque disponible et juridiquement valable.

TradeYourMark met ainsi à disposition des créateurs une base de données de noms de marque inexploités et propose également une assistance dans les recherches. Côté détenteurs des noms inexploités proposés dans le registre, TradeYourMark leur propose son assistance quant à la cession de leur portefeuille.  L’objectif sous-jacent est ensuite d’encadrer et de sécuriser la cession de noms de marques entre professionnels.

 

Digitalisation des processus métiers : MesAcquisitions

MesAcquisitions.com a été fondée par deux avocats experts en liquidation judiciaire et procédures collectives, Candice Cohen Louyot et Yankel Bensoussan. Incubée par le Barreau de Paris, MesAcqusitions.com a remporté le premier prix des start-ups du droit.

L’objectif du projet numérique est de rendre accessible le marché de la liquidation judiciaire et des procédures collectives au grand public, en facilitant et accélérant la rencontre de l’offre et de la demande sur le marché de la cession d’actifs en liquidation judiciaire. Concrètement, MesAcquisitions propose de mettre en relation des offres d’actifs en liquidation judiciaire avec des repreneurs. Tout actif est concerné :

  • Fonds de commerce (restaurant, boulangerie, centre de beauté…) ;
  • Immobilier (immeuble, hôtel, maison, terrain, site industriel, entrepôt…) ;
  • Matériel (stock, machine, véhicule…) et incorporel (marque, brevet, site internet, logiciel, fichier clients…).

L’offre se décline également en un accompagnement juridique et financier personnalisé pour les utilisateurs.

 

Aide dans les démarches : Izypaper et Mick

IZYPAPER est une plateforme de services juridiques et administratifs pour entrepreneurs étrangers en France et en Afrique, lauréate du label « La French Tech ». Cette LegalTech a été fondée par Amiah Cécile, juriste d’affaires, et Malo Michel, enseignant, afin d’aider les entrepreneurs étrangers dans leurs démarches administratives et juridiques telles que :

  • Demande de visa/titre de séjour ;
  • Changement de statut étudiant/salarié à entrepreneur/commerçant ;
  • Création d’entreprise pour étranger résident et non résident ;
  • Création d'entreprise à distance en France et en Afrique ;
  • Automatisation de documents juridiques (statuts, contrats, CGU...).

La plateforme met également à disposition de ses utilisateurs des guides pratiques : « Comment créer une entreprise en France lorsque l’on est étranger ? » ou encore « Pourquoi créer une entreprise au Sénégal ? ».

De son côté, Mick, LegalTech portée par une ancienne avocate fiscaliste Dounia Benzekri, vise à faciliter le quotidien des micro-BNC (entreprises au chiffre d’affaires inférieur à 72 600€). Mick propose l’accompagnement des avocats (en micro-BNC ; la solution sera bientôt disponible à l’ensemble des professionnels libéraux) dans la gestion de leurs démarches sociales et/ou fiscales. L’ancienne avocate connait en effet les besoins de la profession, de sorte qu’elle leur permet aujourd’hui d’optimiser leur temps de travail en se consacrant prioritairement à leurs missions professionnelles. Dounia Benzekri est en parallèle active sur son blog « Le blog de Mick » qui recense l’actualité liée au micro-BNC et à la plateforme éponyme. 

 

Mise en relation : MyLeo

MyLeo vise à mettre en relation des avocats avec des personnes souhaitant former une action collective conjointe.

La nécessité d’une « class action » à la française émerge avec l’affaire “AZF” et l’explosion d’une usine chimique appartenant au groupe Total, qui a fait plus d’une trentaine de morts et des milliers de blessées, engendrant ainsi bon nombre de victimes devant la Justice. Face à de grandes entreprises, il est alors souvent difficile pour les victimes de se réunir et de coordonner leurs arguments ainsi que leurs actions en justice. Cette LegalTech, fondée par Christophe Lèguevaques, avocat au Barreau de Paris, a ainsi comme objectif de démocratiser l’accès au droit et d’optimiser les moyens de défense.  

La naissance de MyLeo, tel que connu aujourd’hui sur le marché, s’est réalisée en deux phases. Dans un premier temps, entre 2016 et 2021, la plateforme axait la mise en relation conseil/client pour toute action collective, dont les coûts se voulaient mutualisés. MyLeo s’appelait alors “MySMARTCab”. MySMARTCab a ensuite évolué en s’illustrant sur des affaires d’envergure dont Levothyrox ou Chlordécone. Entre 2020 et 2021, MyLeo voit le jour mais, contrairement à MySMARTCab qui était une société à part entière, MyLeo prend la forme d’une LegalTech.

A ce jour, MyLeo recense plus de 150 000 plaignants accompagnés et 9 actions en cours (contrairement à MySMARTCab qui comptabilise 683 inscrits et 8 actions en cours comme le DieselGate). En complément de MySMARTCab, MyLeo met à disposition ses services à distance, en garantissant sécurité et transparence.

 

Création d'actes : Oppus x Lefebvre Dalloz et Legide

Oppus x Lefebvre Dalloz est issue de la collaboration entre le groupe Lefebvre Sarrut et la startup Oppus.

La plateforme met en avant un outil de vérification en temps réel de la conformité d’un contrat de travail en cours de rédaction avec les dispositions législatives et conventionnelles. Cet outil est destiné aux professionnels du droit du travail, qu’ils soient avocats, experts-comptables ou encore DRH. La plateforme se veut garante d’un niveau de sécurité juridique des contrats comme le déclare Camille Sztejnhorn, Directrice de l’innovation de Lefebvre Sarrut : « Le niveau de sécurité juridique qu’atteint Oppus x Lefebvre Dalloz constitue une prouesse technique sans équivalent sur le marché. Cette performance repose à parts égales sur l’accessibilité des ressources documentaires du groupe et sur la dextérité technologique développée par les fondateurs d’Oppus, le tout mis en scène dans une ergonomie bluffante ».

En collaboration avec la CHDJP (Chambre des Huissiers de Justice de Paris), IBM a récemment mis en place un service de protection des créations, Legide, basé sur la blockchain. Legide permet en effet aux particuliers et aux entreprises de stocker sur la plateforme des preuves d’intégrité et d’antériorité d’une œuvre ou d’une innovation.

Ce service est ouvert à tout type de créateurs (entreprises comme indépendants) et à tout type de support et d’œuvre (collection de mode, partition musicale, plans et croquis, script, design, code informatique, photographies, jeux concours, etc.). La plateforme est d’autant plus intéressante pour des professions telles que les huissiers de justice qui auront alors un outil de réception, d’analyse et de suivi de preuves des utilisateurs de la plateforme.

 

Après une année 2020 difficile, le nombre de Legaltechs créées est reparti à la hausse en 2021. Autre élément intéressant, les créations ont concerné différents secteurs d’activités (mise en relation, création d’actes, aide dans les démarches, protection et gestion des données,…) et pas seulement la digitalisation des processus métiers qui concentrait les années précédentes la majeure partie des créations de legaltechs. La course à la digitalisation des professionnels du droit est donc plus que jamais relancée.